Éditions illustrées des Mythologies
Petite mise au point :
- Questionnaire et entretien avec Sophie Hong. Attention : nous sommes les seuls maîtres des questions que nous posons. La personne interviewée est libre biens sûr de ne pas répondre à nos questions mais nous devons rester entièrement libre de poser les questions que nous voulons ! Il faut poser cette condition sine qua non avant de commencer l'entretien. Si nous sommes amenés à présenter notre questionnaire à l'avance (ce n'est pas forcément souhaitable car on risque de perdre en spontanéité), ce n'est pas pour obtenir une validation de nos questions mais pour rassurer éventuellement l'interlocuteur et lui laisser le temps de préparer le cas échéant son interview (en général, c'est inutile).
- Les conducteurs : Je vais ramasser le conducteur pour le documentaire sur la peine de mort : je vais le réécrire pour la semaine prochaine. On pourra ensuite faire le montage du documentaire.
- Les Haïkus radiophoniques : ne prenez pas à la légère cet exercice. Si vous ne réussissez pas un montage de 1h30, il sera difficile de faire un montage de 58 mn. Je vous demande de le faire consciencieusement. Nous fournissons des haïkus pour Radio Campus Paris (les miens ont déjà été diffusés et les vôtres le seront une fois prêts). Pour l'instant, les idées sont bonnes mais la réalisation laisse à désirer. Il faut être un peu plus perfectionniste. Je ne peux pas les envoyer à RCP (le niveau de la radio est professionnel
a) la voix doit être claire et reconnaissable
b) le bruit de fond également. Il doit de surcroit évoquer Taiwan.
c) Les Haïkus doivent faire entre 1 h 30 et 2 h 30 maximum.
Refaites les enregistrement si nécessaires. Réécouter les Haïkus que j'ai déjà réalisés pour vous en servir comme modèle.
Écoutez RCP :
http://www.radiocampusparis.org
Au programme du jour :
- réflexion sur les conducteurs
- lecture de texte pour le documentaire sur "la cuisine africaine à Taiwan"
- montage finale du portrait de Chen yi wen
1° Lecture :
- Introduction : Jean-Pierre Poulain, Sociologies de l’alimentation, Paris, P.U.F
- "Le vin et le lait" in Mythologies de Roland Barthes.
(Elisabeth et David qui ont déjà travaillé sur ce texte peuvent peut-être commenter ce texte)
Remarques :
- Quelles sont les différences de méthodes ?
Les Mythologies ne sont pas encore un travail de sémiologie aussi systématique que pourront l'être ses travaux ultérieurs. Mais R. Barthes exerce déjà son "esprit de système". S'il n'applique pas encore une méthode systématique inspirée de la linguistique de Saussure (c'est-à-dire la méthode sémiologique) car il n'en a pas encore fait la découverte. Il en a déjà l'intuition en raisonnant par ce qu'on appelle en linguistique des "oppositions de traits pertinents" (cf. par exemple les "vestèmes" in SM, p.76. Roland Barthes évoque les "gustèmes" terminologie proposée par Lévi-strauss dans Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1958, p. 98) Cette intuition est peut-être plus précieuse encore que la méthode qu'il appliquera par la suite dans la mesure où l'intuition est l'impulsion qui préside à toute recherche.
En quoi cette appréhension d'un phénomène sociologique diffère-t-elle de la méthode sociologique ? Et peut-on s'en inspirer pour traiter votre documentaire.
2° le questionnaire pour Félix :
La Cuisine Africaine
Cléo et Eléna
1.自我介紹 (為什麼會來台灣?)
2.請您簡述一下非洲料理的特色,它和台灣料理最大不同之處?
3.我們都知道西非曾被法國殖民過,請問西非料理和飲食習慣是否受到這個國家的影響呢?
4.來台灣推廣非洲料理是否有遇到什麼困難?台灣人可能不習慣非洲料理,是否有做些調整?
5.(在台灣,以cuisinier traiteur的工作形式不多見,請問您是如何經營的呢?)
6.烹調數年,您最拿手的料理是哪道呢? 它獨特的地方在哪呢?
7.身為一個資深的主廚,您是否有想過嘗試些創新的料理,例如融合非洲和台灣兩者風格的菜色?
8.您是否有考慮過舉辦料理品嘗活動讓台灣人更瞭解道地的非式料理呢?
1.
Avant de commencer l’interview, pourriez-vous
d’abord vous présentez, s’il vous plaît ? Et nous
dire pourquoi vous êtes venu à Taiwan ?
2.
Pouvez-vous
résumer quelle est la différence entre la cuisine africaine et la cuisine
taiwanaise ?
3.
Nous savons
que l’Afrique de l’Ouest était une colonie de la France et nous avons besoins de vous demander est-ce que
la cuisine et les habitudes alimentaires de l’Afrique de l’Ouest sont influencées par la culture
française ?
4.
Est-ce que
vous avez rencontré des difficultés en faisant la
promotion de la cuisine africaine ? Avez-vous
dû adapter votre cuisine au goût des Taiwanais ? Quelles sont les réactions des Taiwanais ?
5.
Avez-vous
vécu une quelconque forme de discrimination ?
6.
À Taïwan, le
travail de cuisinier traiteur n’est pas si
commun, comment faites-vous pour développer votre activité ?
7.
Quelle est votre spécialité ? Pouvez-vous décrire ce plat ?
8.
En
tant que chef-cuisinier, vous avez une riche expérience, est-ce que vous avez créé de nouveaux plats ? Avez-vous cherché à mixer le style africain à la
cuisine taïwanaise ?
9.
Est-ce que
vous avez considéré organiser une fête culinaire pour que les Taïwanais
puissent connaître plus de la cuisine africaine ?
-
Avez-vous
trouvé des articles dans la presse sur la cuisine africaine à Taiwan ?
- Introduire des questions inspirées des textes étudiés (patate douce VS banane plantain)
- Prévoir des questions sur la langue (traduction des plats, communication avec les Taïwanais)
-
Comment
se procurer les produits (manioc, banane plantain, par exemple)
-
Pourriez-vous
nous faire partager de la musique pour accompagner notre documentaire
-
Comment
vous contacter si nous voulons faire appel à vos services ?
-
Connaissez-vous
des restaurants africains à Taiwan ? Avez-vous des amis que nous pourrions
rencontrer pour poursuivre notre documentaire ?
"le vin et le lait" (extraits) in Mythologies de Roland Barthes.
" Le vin est senti par la nation comme un bien qui lui est propre, au même titre que ses trois cent soixante espèces de fromages et sa culture. C'est une boisson totem, correspondant au lait de la vache hollandaise ou au thé absorbé cérémonieusement par la famille royale anglaise. Bachelard a déjà donné la psychanalyse substantielle de ce liquide, à la fin de son essai sur les rêveries de la volonté, montrant que le vin est suc de soleil et de terre, que son état de base est, non pas l'humide, mais le sec, et qu'à ce titre, la substance mythique qui lui est le plus contraire, c'est l'eau.
A vrai dire, comme tout totem vivace, le vin supporte une mythologie variée qui ne s'embarasse pas des contradictions. Cette substance galvanique est toujours considérée, par exemple, comme le plus efficace des désaltérants, ou du moins la soif sert de premier alibi à sa consommation ("il fait soif"). Sous la forme rouge, il apour très vieille hypostase, le sang, le liquide dense et vital. C'est qu'en fait, peu importe se forme humorale ; il est avant tout une substance de conversion, capable de retourner les situations et les états, et d'extraire des objets leur contraire : de faire, par exemple, d'un faible un fort, d'un silencieux, un bavard ; d'où sa vieille hérédité alchimique, son pouvoir philosophique de transmuter ou de créer ex nihilo. Etant par essence une fonction, dont les termes peuvent changer, le vin détient des pouvoirs en apparence plastiques : il peut servir d'alibi aussi bien au rêve qu'à la réalité, cela dépend des usagers du mythe. Pour le travailleur, le vin sera qualification, facilité démiurgique de la tâche" ("le coeur à l'ouvrage"). Pour l'intellectuel, il aura la fonction inverse : le "petit vin blanc" ou le "beaujolais" de l'écrivain seront chargés de le couper du monde trop naturel des cocktails et des boissons d'argent (les seules que le snobisme pousse à lui offrir) ; le vin le délivrera des mythes, lui ôtera de son intellectualité, l'égalera au prolétaire ; par le vin, l'intellectuel s'approche d'une virilité naturelle, et penseainsi échapper à la malédiction qu'un siècle et demi de romantisme continue à faire peser sur la cérébralité pure (on sait que l'un de mythes propres à l'intellectuel moderne, c'est l'obsession "d'en avoir").
Mais ce qu'il y a de particulier à la France, c'est que le pouvoir de conversion du vin n'est jamais donné ouvertement comme une fin : d'autres pays boivent pour se saouler, et cela est dit par tous ; en France, l'ivresse est conséquence, jamais finalité ; la boisson est sentie comme l'étalement d'un plaisir, non comme la cause nécessaire d'un effet recherché : le vin n'est pas seulement philtre, il est aussi acte durable de boire : le geste a ici une valeur décorative, et le pouvoir du vin n'est jamais séparé de ses modes d'existence (contrairement au whisky, par exemple, bu pour son ivresse "la plus agréable, aux suites les moins pénibles", qui s'avale, se répète, et dont le boire se réduit à un acte-cause).
Tout cela est connu, dit mille fois dans le folklore, les proverbes, les conversations et la Littérature. Mais cette universalité même comporte un conformisme : croire au vin est un acte collectif contraignant ; le Français ; le Français qui prendrait quelque distance à l'égard du mythe s'exposerait à des problèmes menus mais précis d'intégration, dont le premier serait justement d'avoir à s'expliquer. Le principe d'universalité joue ici à plein, en ce sens que la société nomme malade, infirme ou vicieux, quiconque ne croit pas au vin : elle ne comprend pas (aux deux sens, intellectuel et spatial, du terme). A l'opposé, un diplôme de bonne intégration est décerné à qui pratique le vin : savoir boire est une technique nationale qui ser à qualifier le Français, à prouver à la fois son pouvoir de performance, son contrôle et sa sociabilité. Le vin fonde ainsi une morale collective, à l'intérieur de quoi tout est racheté : les excès, les malheurs, les crimes sont sans doute possibles avec le vin, mais nullement la méchanceté, la perfidie ou la laideur ; le mal qu'il peut engendrer est d'ordre fatal, il échappe donc à la pénalisation, c'est un mal de théâtre, non un mal de tempérament.
Le vin est socialisé parce qu'il fonde non seulement une morale, mais aussi un décor ; il orne les cérémoniaux les plus menus de la vie quotidienne française, du casse-croûte (le gros rouge, le camenbert) au festin, de la conversation de bistrot au discours de banquet (...)"
"Le bifteck et les frites" (extraits) in Mythologies de Roland Barthes.
" Le bifteck participe à la même mythologie sanguine que le vin. C'est le cœur de la viande, c'est la viande à l'état pur, et quiconque en prend, s'assimile la force taurine. De toute évidence, le prestige du bifteck tient à sa quasi-crudité : le sang y est visible, naturel, dense, compact et sécable à la fois ; on imagine bien l'ambroisie antique sous cette espèce de matière lourde qui diminue sous la dent de façon à bien faire sentir dans le même temps sa force d'origine et sa plasticité à s'épancher dans le sang même de l'homme. Le sanguin est la raison d'être du bifteck : les degrés de sa cuisson sont exprimés, non pas en unités caloriques, mais en images de sang ; le bifteck est saignant (rappelant alors le flot artériel de l'animal égorgé), ou bleu (et c'est le sang lourd, le sang pléthorique des veines qui est ici suggéré par le violine, état superlatif du rouge). La cuisson, même modérée, ne peut s'exprimer franchement ; à cet état contre-nature, il faut un euphémisme : on dit que le bifteck est à point, ce qui est à vrai dire donné plus comme une limite que comme une perfection.
Manger le bifteck saignant représente donc à la fois une nature et une morale. Tous les tempéraments sont censés y trouver leur compte, les sanguins par identité, les nerveux et les lymphatiques par complément. Et de même que le vin devient pour bon nombre d'intellectuels une substance médiumnique qui les conduit vers la force originelle de la nature, de même le bifteck est pour eux un aliment de rachat, grâce auquel ils prosaïsent leur cérébralité et conjurent par le sang et la pulpe molle, la sécheresse stérile dont sans cesse on les accuse. La vogue du steak tartare, par exemple, est une opération d'exorcisme contre l'association romantique de la sensibilité et de la maladivité : il y a dans cette préparation tous les états germinants de la matière : la purée sanguine et le glaireux de l'œuf, tout un concert de substances molles et vives, une sorte de compendium significatif des images de la préparturition.
Comme le vin, le bifteck est, en France, élément de base, nationalisé plus encore que socialisé ; il
figure dans tous les décors de la vie alimentaire : plat, bordé de jaune, semelloïde, dans les restaurants
bon marché ; épais, juteux, dans les bistrots spécialisés ; cubique, le cœur tout humecté sous une légère
croûte carbonisée, dans la haute cuisine : il participe à tous les rythmes, au confortable repas bourgeois
et au casse-croûte bohème du célibataire ; c'est la nourriture à la fois expéditive et dense, il accomplit
le meilleur rapport possible entre l'économie et l'efficacité, la mythologie et la plasticité de sa
consommation."
traductions de l'entretien avec la directrice du TAEDP
traductions de l'entretien avec la directrice du TAEDP
2. Pourquoi l’abolition de la peine de mort est
nécessaire ?
Je pense qu’il est difficile de trouver
une réponse simple (ou de répondre simplement). Le TAEDP compte en fait beaucoup
de membres dont chacun a ses propres raisons d'être contre la peine de mort. Et
souvent on a besoin de prendre du temps pour réfléchir. On peut-être favorable
à la peine de mort ou à son abolition au début, puis finalement changer d’avis,
l’élément clé n’est pas le même pour tout le monde. De toute façon, on se rend
compte qu’à Taiwan, la peine de mort dépend d’un système plein de défauts, et le
taux d’erreur (c’est à dire le risque d'exécuter
un innocent) est très élevé. En plus, même si beaucoup de gens croient à
l’efficacité de la peine de mort, par exemple, ils espèrent qu’elle pourrait dissuader
les criminels même si ce n’est pas vrai. Ainsi, on ne voit pas vraiment quels
sont les avantages à la peine de mort, car elle est hautement dangereuse et
injuste. Pourquoi nous confortons un tel système ? Beaucoup de gens
s'inquiètent qu’avec l'abolition de la peine de mort, on risque de rendre le
système pénal moins efficace, mais quand on dit « abolir la peine de
mort » cela ne veut pas dire « abolir le système pénale ».
Ceux qui commettent des crimes doivent être arrêtés et punis d'une façon ou
d'une autre, mais est-ce que la peine de mort est la peine la plus
rationnelle ? Par exemple, l’un des objectifs de la peine de mort est
d’isoler les criminels de la société de manière permanente parce qu’on les
trouve dangereux et que la peine de mort a ce pouvoir. Mais il y a d’autres
lois pénales tout aussi efficaces. Par exemple : l’emprisonnement à
perpétuité réelle ou incompressible. Alors, on peut et on doit l’examiner. Par
exemple à Taiwan, normalement la limite de la libération conditionnelle de
l’emprisonnement à perpétuité est de 25 ans, ensuite après 25, on a l’occasion
de réexaminer le dossier des condamnés, mais cela ne signifie pas qu’ils seront
pour autant libérés. Vous pouvez imaginer qu’un juge qui a rendu son arrêt, il
l’a fait parce qu’il avait à faire à une personne coupable de crimes odieux, et
qui n’a aucune chance d'être réhabilité, ainsi cette personne doit être isolée jusqu’à
la fin de ses jours. Mais comment, un tel juge, peut-il décider que, même après
10 ans, 20 ans ou 30 ans, il n’y aura aucune possibilité de « réhabiliter » ce
condamné ? Comment peut-on décider ? On ne sait même pas nous-mêmes ce
qu'on deviendra dans 10 ans, 20 ans ou 30 ans. Donc, c’est aussi difficile pour
un juge qui doit prendre une décision dans l’instant. Une des solutions plus
rationnelles, quand on emprisonne les condamnés, consiste à attacher également
de l’importance à l’éducation (la mise à disposition d'outils pédagogiques est
également nécessaire), on leur donne des cours ou des entraînements. Et puis
après 25 ans, on peut reconsidérer la possibilité des condamnés d’être réhabilités
et de retourner dans la société. Après 25 ans, on pourra déterminer si tout cela
est issu d’un système rationnel. Quand nous parlons de la peine de mort, pour ma
part, ce qui m’étonne beaucoup, c’est l’erreur judiciaire, c’est-à-dire le risque d'exécuter un innocent et donc de
commettre une erreur irréversible. Au contraire, l’emprisonnement à perpétuité
garde toujours une opportunité, si réellement notre système pèche, on aura au
moins l’occasion de réparer nos erreurs. Même si on a dissipé sa jeunesse dans une
prison, on survit de toute façon. Pourquoi doit-on abolir la peine de mort ?
C’est difficile parfois de trouver une solution idéale pour tout le monde. Le
plus important, c’est que tout le monde puisse réfléchir à ces problèmes, que
vous soyez pour ou contre (l’abolition de la peine de mort) et faire face à
cette question. Par exemple, certains prennent ce problème sous son aspect
politique, judiciaire, philosophique, ou sous celui du risque, ou celui
pragmatique en centrant sur la question économique, sur le taux de
criminalité... etc. Donc, chacun pense différemment, et trouve la réponse la mieux
adaptée à la peine de mort. Il vaut mieux bien y réfléchir.
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