mercredi 30 décembre 2015

Cours n° 14 doxologie : une méthode sémiotique

"La Doxa (mot qui va revenir souvent), c'est l'Opinion Publique : l'Esprit majoritaire, le Consensus petit-bourgeois, la Voix du Naturel, la Violence du Préjugé. On peut appeler doxologie (mot de Leibnitz) toute manière de parler adaptée à l'apparence, à l'opinion ou à la pratique".

Roland BARTHES,  Par Roland Barthes,   Parisn, Seuil, 1975, p. 52


20 décembre 2015 : interview de Samba Diop par Cléo et Eléna  


I - A propos de Lucrèce Borgia. Commentaires ? Que faire de l'entretien avec David Bobée ? 

II - Mise au point : où en êtes-vous ? 
Il me faut donner au secrétariat des notes... Chacun sera noté sur les travaux communs suivants : 
a - 1 Haïku
b - 1 Portrait 
c - 1 Documentaire

III - Doxologie (Doxa, opinion commune, idées reçues, clichés, stéréotypes, préjugés, sophismes, rumeurs, idéologies).


On peut adopter une définition provisoire de l’idée reçue : il s’agit de l’unité de base d’un système de pensée simpliste qui aboutit à un raisonnement faux.

Les idées reçues proviennent d’origines variées. Elles peuvent être la conséquence d’erreurs de raisonnement qui peuvent être gratuites ou motivées, dues à l’ignorance, à la facilité d’esprit, à l’habitude, à la nature même du langage,  ou encore à une volonté de manipulation.

Les idées reçues peuvent alors se décliner sous différentes formes : clichés, stéréotypes, préjugés, sophismes, rumeurs, idéologies etc. Ces unités de base, sous leur forme minimale, peuvent parfois être isolées et se préter à l’analyse et même être falsifiables. Mais dans leur forme complexe, les idéologies, elles sont souvent infalsifiables.

Penser justement demande de la rigueur, de la nuance et parfois exige de suspendre son jugement. De manière radicale, les discours vrais appartiennent seuls au discours scientifique. Cependant, s’il est difficile de tenir un discours juste sur le monde, au moins peut-on s’efforcer de dire le moins d’erreurs possible.

C’est une philosophie tout à fait compatible avec l’étude de la littérature et de la sémiotique : Le monde est complexe : faute de pouvoir dire ce qu’il est (projet positiviste) au moins pouvons-nous dire ce qu’il n’est pas (dans certains cas seulement).

Ce projet rationaliste des Lumières (« écraser l’infâme », mot d’ordre de Voltaire), a été souvent illustré. Parmi les textes emblématiques qui relèvent d’une crtique des idées reçues, Le Dictionnaire des idées reçues de Gustave Flaubert est précurseur. Voici un extrait :
A –
Affaires (Les). Passent avant tout. Une femme doit éviter de parler des siennes. — sont dans la vie ce qu’il y a de plus important. Tout est là.
Alcoolisme : Cause de toutes les maladies modernes.
Anglais. Tous riches.
Architectes. Tous imbéciles. Oublient toujours l’escalier des maisons.
Argent. Cause de tout le mal. — Dire Auri sacra fames.
Artistes. Tous farceurs.  — Vanter leur désintéressement (vieux). — s’étonner qu’ils sont habillés comme tout le monde (vieux). — gagnent des sommes folles, mais les jettent par les fenêtres. — Souvent invités à dîner en ville. Femme artiste ne peut être qu’une catin.
On remarquera que ces « idées reçues », sous leur forme minimale, ont toutes un point commun formel. Elles emploient des adverbes de la totalité, exclusifs (tous, toujours) qui servent à exprimer des jugements de valeur absolus à valeur de vérité générale qui risquent d’être totalement faux (et selon Flaubert idiots).

Nous sommes sans cesse confrontés aux idées reçues :

- L’amour dans la culture chinoise est absolu, dans la culture occidentale temporel.
-Tous les Français sont romantiques, fainéants, bons vivants. Les Taiwanais sont austères, travailleurs, et cetera.
- Il n’y a pas de bons photographes taiwanais.
- Tous les Taiwanais mangent du Cho Tofu que les Européens détestent.
- Tous les musulmans sont des islamistes. D'où l'islamophobie actuelle qui pèse sur la France.
- Tous les Africains mangent du rat... D'où la méprise d'Éléna et Cléo... un examen rapide nous apprend qu'effectivement au Mozambique notamment, dans certaines situations, on mange du rat et que ça devient un met prisé. Mais on ne peut généraliser à la formule "les Africains mangent du rat" 

Sites à consulter 

1 : à propos de la consommation de rat  :  http://www.jeuneafrique.com/254912/societe/chenilles-bouillies-ou-rat-sur-son-lit-de-bananes-vertes-panorama-des-recettes-insolites-de-lafrique/
http://www.afrik.com/cote-d-ivoire-un-mangeur-de-rat-condamne-a-cinq-ans-de-prison
http://www.slateafrique.com/6163/le-rat-toutes-les-sauces-au-mozambique

2 : à propos de site de Samba Diop et des préjugés raciaux (discrimination) dont il dit avoir beaucoup souffert  et sa vision communautaire (qui n'est pas exempt de préjugés non plus) : http://aprinceintaiwan.blogspot.tw

On peut réduire ces énoncés à la formule grammaticale "tous les X sont Y". Il s’agit là de l’expression minimale des idées reçues. Mais il est possible d’analyser des systèmes de pensée fondés sur des idées reçues à plus grande échelle : les idéologies. Le repérage et la réduction d'énoncés quelconque à la formule "tous les X sont Y" est une méthode efficace pour  isoler les idées reçues.

C'est aussi une bonne méthode pour amorcer l'écriture et la construction de votre documentaire. Partez d'une idée reçue et tachez de la déconstruire au cours du documentaire (la mode est une activité futile, toute la cuisine africaine est, le rock est un discours de révolte, etc.)   

Les idéologies sont plus ou moins falsifiables et inévitables : communisme, psychanalyse, racisme (eugénisme) et cetera sont autant de systèmes de pensée complexes qui reposent sur des idées reçues qu’on peut mettre en doute mais auxquelles il est difficile d’opposer un discours rationnel infalsifiable. Le propre de l’idéologie est de fournir à un ensemble de personnes une grille d’interprétation du monde facile d’emploi (simpliste) et qui permet de faire l’économie d’une réflexion personnelle. C’est pourquoi on peut définir une idéologie comme « confusion entre la norme et le discours » (Pageaux).

Le sociologue épistémologue Raymond Boudon a notamment analysé les mécanismes idéologiques dans ses ouvrages L’art de se persuader et Les Idéologies ou l’origine des idées reçues. Il y démontre que dans l'histoire des sciences, c'est le plus souvent avec d'excellentes raisons que les hommes de science ont cru à des idées fausses. Ce qui est vrai de la connaissance scientifique l'est a fortiori de la connaissance ordinaire. Le fonctionnement normal de la pensée produit donc aussi naturellement des idées fausses que des idées vraies et seul un processus de sélection sociale plus ou moins long peut éliminer les premières au profit des secondes.


Bibliographie :
Ruth Amossy, Les idées reçues, sémiologie des idées reçues, Paris, Nathan, 1991.
Ruth Amossy, Herschberg Pierrot,  Stéréotypes et clichés : langue discours et société, Paris Nathan, 1998.
Raymond Boudon, L’Art de se persuader, Paris, Seuil, 1992.
Raymond Boudon, Les Idéologies, Paris, Seuil, 1992.

Edgar Morin, La Rumeur d’Orléans, Paris, Seuil, 1969.


IV - Montage

- Documentaire peine de mort : 
a ) Revoir le doublage. 
b) Intégrer musique et sons.

- Haikus à revoir

-  Nouveaux Haïkus voix. 



mardi 22 décembre 2015

Cours n° 13 Écriture radiophonique I Le style orale à l'écrit.

Plan du cours  

1 - Commentaires sur le questionnaire proposé par David et Elisabeth et analyses après interview. 

2 - Lucrèce Borgia : un extrait (monologue). Contexte historique. Analyse rapide de la situation post-dilemme. Questionnaire pour Fanny Perreau et David Bobée ?

3 - Écriture radiophonique. Une écriture paradoxale. Le style oral à l'écrit. 

4 - Exercice d'écriture : rédiger la conclusion du documentaire sur la "peine de mort à Taiwan"?

5 - Montage : ajouter la question 6 de l'entretien de Madame Lin ? 


小雞 interviewé par Régine et Angélique

那我懂你意思了





I - Je commente rapidement le questionnaire proposé par David et Elisabeth



Questions d’interview avec professur Stéphanie Shuling Tsai
La 1ère partie :

1.        Pourriez-vous vous présenter et presenter votre parcours intellectuel?
2.        Qu’est-ce que la mode d’après vous ?
3.        Sophie Hong a indiqué que la mode concerne profondément la vie, et que l’important consiste à élever la qualité de la vie et à créer de la valeur. 
              i.            Qu’en pensez-vous ? 
            ii.            La mode est-elle une esthétique ? 
           iii.            Si oui, quel rôle a-t-elle dans la vie quotidienne ? 
4.        Selon Sophie Hong, l’objectif de sa création est de trouver l’harmonie entre les vêtements et l’homme, le confort est de première importance, C’est pourquoi elle préfère utiliser plutôt des matériaux naturels qui sont en plus, bon pour l’environnement. Pourriez-vous nous donner votre avis ?
La 2ème partie :
1.        Que pensez-vous du phénomène de « cheap fashion » à Taïwan ?
2.        Pourquoi, selon vous, même s’il y a plusieurs designers taïwanais qui sont assez célèbres et représentatifs, nous ne sommes pas aussi développé dans le domaine de la mode en comparaison des pays occidentaux en particuliers d’un pays comme la France ?
3.        Dans le livre de Deleuze sur Foucault, Deleuze propose la notion de « Homme Forme » en affirmant que l’homme moderne est composé de la vie du travail et du langage. D’après vous, quel est le rapport entre l’« homme moderne » et la « mode » ?
La 3ème partie :
2.        Connaissez-vous Système de la Mode de Roland Barthes Que pensez-vous de ses annalyses sur la notion de dénotation et celle de métalangage ?  Cette question est trop générale. Rappelez peut-être que R. Barthes a été le premier a revaloriser les métiers de la mode en les considérant comme le métier de styliste comme un métier technique. Donc plutôt : Que pensez-vous de l’entreprise de revalorisation de la mode par Roland Barthes ? 
3.        Est-ce que selon vous les analyses sur la mode de Barthes correspondent à la mode, la situation taïwanaise ? Pourquoi ? Non. L’intérêt de l’analyse sémiotique, c’est de considérer que ce système de signes est universel. Il est donc vrai pour Taiwan comme pour la France. L’ambition de Barthes dans le Système de la mode est scientifique. 
Donc plutôt l’inclure dans la question précédente ainsi : Que pensez-vous de l’entreprise « scientifique » de revalorisation de la mode par Roland Barthes ? 

4.        Est-ce qu’à votre avis, le costume est une institution sociale ? Oui mais sous cette forme pas spécifique à Barthes. Posez cette question en amont. Ou vous pouvez la formulez ainsi : 
Pour Barthes quand la mode n’est pas technique, elle est représentation du monde. Il dit par exemple : 
« La mode fait partie de tous les faits de néomanie qui sont apparus dans notre civilisation probablement avec la naissance du capitalisme : le nouveau est, d’une façon tout à fait institutionnelle, une valeur qui s’achète » (SDM, p 302.)
Qu’en pensez-vous ?  

5.        Selon Roland Barthes, la mode fonctionne comme le langage, un système clos. Oui, mais attention, quand R.B. dit que la mode est comme un langage, ce n’est pas une comparaison ! Ce serait un contre-sens de penser cela. C’est un système symbolique qui peut être analysé comme un langage. Les processus mentaux qui organise ce système sont les mêmes que pour le langage (et pour tout autre système). Il faut repérer des unités et comprendre la logique de construction. 
La technicité de la mode, on la retrouve chez Hong. Il y a une part de recherche, chez elle, importante : cf la Soie Hong, la recherche de matériaux traditionnels 
De ce point de vue, Barthes analyse la mode sans préjugé. Avant de dire que la mode, est  un véhicule d’oppression de la femme dans une société machiste. Ce n’est pas son propos. Il dit que c’est une forme d’expression. Son point de vue est féministe.
Donc plutôt : une des vertus du Système de la mode est sa portée féministe. Pour la première fois, on prend au sérieux une activité traditionnellement considérée comme futile. Êtes-vous sensible à ce féminisme ? Est-il valable dans un contexte taïwanais ?  
              i.            D’après vous, est-ce qu’on peut penser la mode non pas comme le système de la mode mais qu’on peut avoir une autre réflexion sur la relation entre l’homme et la mode, par exemple comme un système du langage qui se fonctionne à soi-même ? (formulation peu claire)
            ii.            (précise) Est-il possible que l’on puisse penser le lien entre l’homme moderne (tel que Deleuze le définit) et la mode comme une construction du langage  système de signe) ?

Encore une fois, pour éviter les généralités, il vaut mieux en profiter pour citer les textes ou expression qui vous semble pertinentes : R. B. dit que « … »

Il y a une autre dimension, plus banale, mais dont il faut parler et qui est présent chez Hong, c’est celle du luxe. Là, il faut l’articuler avec la question sur la « cheap fashion » qui est à l’opposé de son style. Mais cela correspond également aux analyses de Barthes et à la distinction qu’il fait entre les magazines de mode populaires et les magazines de mode élitistes.




Lucrèce Borgia, mise en scène David Bobée



II - Lucrèce Borgia : un extrait (monologue). Contexte historique. Analyse rapide de la situation post-dilemme.  Questionnaire pour Fanny Perreau et David Bobée ?

Résumé de la pièce 
Sur Ferrare règne la sombre et vénéneuse Lucrèce Borgia, femme de pouvoir aux mains tâchées de sang, au corps incestueux, ajoutant aux crimes des Borgia celui de fratricide. Gennaro, le fruit de son union avec son frère, ignore l’identité de ses parents. Lors d’un bal à Venise, Gennaro courtise une belle masquée, avant de découvrir avec horreur le visage de Lucrèce, tremblante d’amour pour ce fils qu’elle approche en secret, dissimulée dans la féerie du carnaval. Piquée par l’affront des amis de Gennaro qui l’ont démasquée, et soupçonnée d’adultère par son mari Don Alphonse, Lucrèce enclenche une vengeance déchirante dont l’implacable dessein ne peut être qu’inextricablement lié à la destinée de son fils. 
"Lucrèce Borgia" par Bartolomeo Veneto


Lucrèce Borgia de Victor Hugo Acte 2 scène 6

Dona Lucrezia, Gennaro. On voit toujours dans le compartiment Rustighello immobile derrière la porte masquée.


Dona Lucrezia. Gennaro ! -vous êtes empoisonné !
Gennaro. Empoisonné, madame !
Dona Lucrezia. Empoisonné !
Gennaro. J'aurais dû m'en douter, le vin étant versé par vous.
Dona Lucrezia. Oh ! Ne m'accablez pas, Gennaro. Ne m'ôtez pas le peu de force qui me reste et dont j'ai besoin encore pour quelques instans. -écoutez-moi. Le duc est jaloux de vous, le duc vous croit mon amant. Le duc ne m'a laissé d'autre alternative que de vous voir poignarder devant moi par Rustighello, ou de vous verser moi-même le poison. Un poison redoutable, Gennaro, un poison dont la seule idée fait pâlir tout italien qui sait l'histoire de ces vingt dernières années...
Gennaro. Oui, le poison des Borgia !
Dona Lucrezia. Vous en avez bu. Personne au monde ne connaît de contre-poison à cette composition terrible, personne, excepté le pape, Monsieur De Valentinois, et moi. Tenez, voyez cette fiole que je porte toujours cachée dans ma ceinture. Cette fiole, Gennaro, c'est la vie, c'est la santé, c'est le salut. Une seule goutte sur vos lèvres, et vous êtes sauvé !
Elle veut approcher la fiole des lèvres de Gennaro,
il recule.
Gennaro, la regardant fixement. Madame, qui est-ce qui me dit que ce n'est pas cela qui est du poison ?
Dona Lucrezia, tombant anéantie sur le fauteuil. ô mon dieu ! Mon dieu !
Gennaro. Ne vous appelez-vous pas Lucrèce Borgia ? -est-ce que vous croyez que je ne me souviens pas du frère de Bajazet ? Oui, je sais un peu d'histoire ! On lui fit accroire, à lui aussi, qu'il était empoisonné par Charles Viii, et on lui donna un contre-poison dont il mourut. Et la main qui lui présenta le contre-poison, la voilà, elle tient cette fiole. Et la bouche qui lui dit de le boire, la voici, elle me parle !
Dona Lucrezia. Misérable femme que je suis !
Gennaro. écoutez, madame, je ne me méprends pas à vos semblans d'amour. Vous avez quelque sinistre dessein sur moi. Cela est visible. Vous devez savoir qui je suis. Tenez, dans ce moment-ci, cela se lit sur votre visage que vous le savez, et il est aisé de voir que vous avez quelque insurmontable raison pour ne me le dire jamais. Votre famille doit connaître la mienne, et peut-être à cette heure ce n'est pas de moi que vous vous vengeriez en m'empoisonnant ; mais, qui sait ? De ma mère !
Dona Lucrezia. Votre mère, Gennaro ! Vous la voyez peut-être autrement qu'elle n'est. Que diriez-vous si ce n'était qu'une femme criminelle comme moi ?
Gennaro. Ne la calomniez pas. Oh ! Non ! Ma mère n'est pas une femme comme vous, Madame Lucrèce ! Oh ! Je la sens dans mon coeur et je la rêve dans mon ame telle qu'elle est ; j'ai son image là, née avec moi ; je ne l'aimerais pas comme je l'aime si elle n'était pas digne de moi ; le coeur d'un fils ne se trompe pas sur sa mère. Je la haïrais si elle pouvait vous ressembler. Mais non, non. Il y a quelque chose en moi qui me dit bien haut que ma mère n'est pas un de ces démons d'inceste, de luxure, et d'empoisonnement comme vous autres, les belles femmes d'à présent. Oh dieu ! J'en suis bien sûr, s'il y a sous le ciel une femme innocente, une femme vertueuse, une femme sainte, c'est ma mère ! Oh ! Elle est ainsi, et pas autrement ! Vous la connaissez, sans doute, Madame Lucrèce, et vous ne me démentirez point !
Dona Lucrezia. Non, cette femme-là, Gennaro, cette mère-là, je ne la connais pas !
Gennaro. Mais devant qui est-ce que je parle ainsi ? Qu'est-ce que cela vous fait à vous, Lucrèce Borgia, les joies ou les douleurs d'une mère ! Vous n'avez jamais eu d'enfans, à ce qu'on dit, et vous êtes bien heureuse. Car vos enfans, si vous en aviez, savez-vous bien qu'ils vous renieraient, madame ? Quel malheureux assez abandonné du ciel voudrait d'une pareille mère ? être le fils de Lucrèce Borgia ! Dire ma mère à Lucrèce Borgia ! Oh ! ...
Dona Lucrezia. Gennaro ! Vous êtes empoisonné ; le duc, qui vous croit mort, peut revenir à tout moment ; je ne devrais songer qu'à votre salut et à votre évasion, mais vous me dites des choses si terribles que je ne puis faire autrement que de rester là, pétrifiée, à les entendre.
Gennaro. Madame...
Dona Lucrezia. Voyons ! Il faut en finir. Accablez-moi, écrasez-moi sous votre mépris ; mais vous êtes empoisonné, buvez ceci sur-le-champ !
Gennaro. Que dois-je croire, madame ? Le duc est loyal, et j'ai sauvé la vie à son père. Vous, je vous ai offensée, vous avez à vous venger de moi.
Dona Lucrezia. Me venger de toi, Gennaro ! -il faudrait donner toute ma vie pour ajouter une heure à la tienne, il faudrait répandre tout mon sang pour t'empêcher de verser une larme, il faudrait m'asseoir au pilori pour te mettre sur un trône, il faudrait payer d'une torture de l'enfer chacun de tes moindre plaisirs, que je n'hésiteraispas, que je ne murmurerais pas, que je serais heureuse, que je baiserais tes pieds, mon Gennaro ! Oh ! Tu ne sauras jamais rien de mon pauvre misérable coeur, sinon qu'il est plein de toi ! -Gennaro, le temps presse, le poison marche, tout à l'heure tu le sentirais, vois-tu ! Encore un peu, il ne serait plus temps. La vie ouvre en ce moment deux espaces obscurs devant toi, mais l'un a moins de minutes que l'autre n'a d'années. Il faut te déterminer pour l'un des deux. Le choix est terrible. Laisse-toi guider par moi. Aie pitié de toi et de moi, Gennaro. Bois vite, au nom du ciel !
Gennaro. Allons, c'est bien. S'il y a un crime en ceci, qu'il retombe sur votre tête. Après tout, que vous disiez vrai ou non, ma vie ne vaut pas la peine d'être tant disputée. Donnez.


- le principe du drame hugolien
- le portrait ambigu de Lucrèce Borgia
- le dilemme classique revisité


3 - Écriture radiophonique. Une écriture paradoxale. Le style oral à l'écrit. 

Les formations aux métiers de la radio (stages en radio ou formations en EDJ) affirment unanimement que la radio est un média paradoxal parce qu’il faut savoir écrire « parlé », c’est-à-dire se débarrasser des réflexes littéraires propres à nos formations scolaires, universitaires, académiques. On nous enseigne qu’à la radio il ne faut pas parler comme on écrit ! Quelles raisons justifient une telle injonction ? Même si la radio est le média de l’audition, l’expérience montre effectivement que tout ce qui s’y produit est en grande partie « écrit », couché sur le papier, avant d’être lu. Or puisque l’on ne doit pas parler comme on écrit, il faut s’efforcer de donner l’illusion qu’on s’exprime oralement, sans quoi la radio risquerait d’être inaudible et perdrait ses auditeurs. Cet aspect paradoxal de l’écriture radiophonique est discutable en vérité. Il se trouve que la norme selon laquelle, à la radio, il faut écrire « parlé », norme qui relègue les compétences littéraires à de vilaines manies qu’il faudrait réprimer, n’est que partiellement vraie. 

Le documentaire en particulier requiert des aptitudes de rédaction particulière. 
- Idée
- Problématique
- Structure. 

La radio n'exclut donc pas l'éloquence... bien au contraire. Même à l'échelle de la phrase, les formules peuvent être tournées de manière littéraire. 



Écouter des documentaires radio : l'émission phare du documentaire radio propose des documentaire qui excluent le commentaire mais qui sont pourtant très travaillés. 

http://www.franceculture.fr/emission-les-pieds-sur-terre-1




mercredi 9 décembre 2015

Cours n° 12 écriture radiophonique : bâtir un conducteur d'émission à partir de trois entretiens entretien sur la peine de mort




1 - Haiku d'Angélique et Régine sur Asialyst vendredi… 
https://soundcloud.com/ivan-546966006/haiku-yu-jie-jin-angelique-et-shu-mi-liu-regine-pour-asialyst-16-dec

2 -  Nous allons construire aujourd'hui le conducteur de l'émission et engager le processus de montage... élaborer les transitions... la conclusion à partir de l'introduction suivante. 
3 - distribution du travail de montage
4 - le jingle ? 
5 - le point sur vos documentaires... 
6 - Il faut faire une version non doublée de Chen yi-wen. 
8 - Lucrèce Borgia de Victor Hugo. Pièce jouée à Taipei les 25, 26, 27 décembre. Interview de Fanny Perreau ? 


Conducteur d'émission provisoire
Sans musique (ni jingle, ni virgule sonore, ni chanson de transition)



Titre 
Capitale de la peine capitale (?) 
(Les) Derniers jours à Taipei (?) 
La Peine de mort à laquelle vous n’avez pas pensé ( ?)
Peine perdue

Introduction du documentaire (titre sujet, événement, interlocuteurs)
Le Dernier jour d'un condamné, la fameuse pièce abolitionniste de Victor Hugo, a été mise en scène, le 10 octobre 2015, à Taipei, la capitale de Taiwan, journée mondiale en faveur de l’abolition de la peine de mort.

Cette pièce n'est pas un événement anodin. En effet, le thème est un sujet d'autant plus sensible que la peine de mort n'est pas encore abolie sur l'île. Taiwan fait partie de la cinquantaine de pays qui restent dans le monde à pratiquer encore la peine capitale. 

C'est d'autant plus étonnant que le pays, même s'il n'est pas reconnu par l'ONU, est une authentique démocratie. En comparaison de ses voisins d'Asie du sud, l'île est en avance sur bien des aspects concernant les droits de l'homme. Taiwan, par exemple, est le premier pays d'Asie, à favoriser la reconnaissance des homosexuels. Sa capitale, Taipei a été le premier pays d'Asie à accueillir une gay pride en 2003. 
Alors pourquoi, dans ce pays si tolérant par ailleurs, cette crispation autour de la question de la peine de mort ? 


Nous avons d’abord rencontré le metteur en scène de la pièce de Victor Hugo, le Dernier jour d’un condamné pour faire la lumière sur cette question. 


Témoignages
Adaptation de la pièce de Victor Hugo.

chen yi wen

Il y a un an ou deux ans, plusieurs personnes m'ont incité à monter sur scène. J'ai consacré beaucoup de temps à m'exercer. J'ai même participé à une série de concours aux États-Unis. Au début de cette année, un ami m’a présenté ce livre de Victor Hugo, Le Dernier jour d’un condamné. 
Ce livre qui raconte la vie intérieure d'un condamné à mort m’a inspiré. C'est la raison pour laquelle je voudrais adapter ce roman en pièce de théâtre. Et cette fois-ci, je n'ai pas voulu être metteur en scène, mais plutôt comédien. 
Je suis donc revenu au théâtre comme autrefois lorsque  j’étais étudiant et que je finissais mes études. À cette époque, je participais à des expériences théâtrales et je jouais des rôles que j’aimais.  C'est pour quoi, j’ai adapté cette pièce et j'ai joué ce rôle. Le théâtre Thinker me convient bien. 
Le sujet de cette pièce n'est pas banale à Taiwan, car j’ai l’impression que le théâtre taiwaïnais contemporain préfère le divertissement.
Et puis, Le Dernier jour d’un condamné me replonge dans ma vie d’étudiant, me permet de penser et de réfléchir, non de rire. J'ai profité de l’invitation du metteur en scène Zhang Zhe-Long et de son équipe. Puis nous nous sommes mis d’accord pour commencer à travailler.
  
Le roman de VH est le monologue d’un condamné rédigé sous forme de journal intime. Nous voudrions savoir pourquoi vous avez choisi de passer aux dialogues ? Par exemple, le condamné dialogue avec sa famille, son ami, sa fille, etc. Pourquoi faire un tel changement ?

Chen Yi-wen : En effet, une grande partie de ce roman se concentre sur les sentiments du personnage. L’écrivain s’est mis à la place du condamné. C’est donc plutôt un homme solidaire qui raconte son histoire, ses souffrances, ses sentiments. Pourtant, si l’on veut transformer ce roman en une pièce de théâtre, on va mettre en scène très probablement un personnage monologuant. Mais, à mon avis, cette représentation théâtrale n’est pas idéale. Le théâtre ne se fait pas seulement avec un seul personnage qui ne cesse de parler. L’une des raisons est donc que j’aimerais qu'il y ait une tension théâtrale, des dialogues et différents personnages. La deuxième raison, c’est que j’aimerais mettre en scène ce roman dans le cadre social taïwanais. Je voudrais que l’histoire ait lieu à Taïwan et que les spectateurs aient l’impression que l’histoire se passe autour de nous. C’est pour ces 2 raisons que j’ai fait cette adaptation. Quand je lisais ce roman, ce qui m’a touché le plus, ce sont les rencontres avec les autres personnages. Même si dans le roman, c’est le condamné qui raconte son histoire, nous savons qu’on lui rend visite, par exemple, qu'un homme vient mesurer la taille de sa cellule, ou qu'un autre vient le chercher, etc. C’est pourtant toutes ces rencontres qui me permettent de voir les attitudes des autres envers le condamné et ce dont il éprouve dans ces situations. Ce n’est pas tout à fait ce que l’on peut lire dans son journal. C’est l'occasion pour moi d'ajouter des scènes de visites. Dans le roman,  le condamné évoque sa fille. Il exprime son attachement. Mais il évoque à peine sa mère ou sa femme. Or, pour moi, pour remettre ce texte dans un cadre taïwanais, je voulais qu’il rencontre les autres personnages importants de sa vie. C'est pourquoi j’ai choisi de mettre en scène son ami, sa femme, et sa mère.

Elizabeth : on a beaucoup écrit sur le sujet de la peine de mort, ils ont écrit beaucoup d’articles pour  expliquer les raisons pour les quelles ils étaient favorables à la peine de mort. Vous pour quelles raisons avez-vous choisi l'œuvre de Victor Hugo plutôt qu'une autre ? Quelle est votre intention en choisissant cette œuvre puisque ces dernières années de nombreux écrivains ont traité cette question ?

Chen Yi-wen : Euh... Il ne faut pas dire que je ne me préoccupe que de Victor Hugo. Tout est possible... Je n'ai rien contre Camus ! Sa « Réflexion sur la guillotine », je trouve que c’est un très bon livre. Mais pour moi, « Réflexion de la guillotine » est un débat très rationnel (很理性的探討) qui se fonde sur une démonstration construite avec des arguments solides. Par exemple, premier argument : la peine de mort peut-elle dissuader le criminel ? deuxième argument : Doit-on donner au gouvernement un pouvoir aussi grand que celui-là (le droit d'exercer la peine de mort). Ce débat s'appuie sur des moyens rationnels, par contre, le roman de Hugo s'appuie sur l’expérience (遭遇) humaine, je trouve cela très important. Il ne fait pas de discours raisonnable... Pour être honnête, je dirais qu'il ne m’a pas fallu un an pour rédiger le scénario, il ne nous a pas non plus fallu trop de temps pour répéter. On meurt de fatigue à force d'argumenter. Autant démolir le théâtre et mettre des sièges pour discuter raisonnablement. Je crois à la puissance du théâtre. J’espère que, après avoir regardé cette pièce, tous les spectateurs, surtout les jeunes, peuvent avoir une vision plus vaste (多一點觸角) et des sentiments plus profonds (感觸), ou bien une sensibilité plus grande (感性) quand ils penseront désormais à la peine de mort - mais pas forcément dépourvu de rationalité (理性). Ce que j’espère n’est pas un débat sans réflexion. Souvent, on se dispute sans réfléchir. Telle est la différence. (traduction Angélique)






Commentaires de transition : introduction de Sarah Wandy.

L’universalité des droits de l’homme


M. Chen Yi-wen, en tant que dramaturge et comédien,  sollicite notre empathie et fait appel à nos émotions pour aborder la question de la peine de mort. Il croit en la puissance du théâtre pour provoquer la réflexion. Ce travail de mise en scène n’exclut pas des méthodes de sensibilisation plus rationnelle bien sûr. Nous avons rencontré des acteurs de cette lutte en faveur de l’abolition dont l’engagement s’appuie sur le dialogue, la pédagogie et l’information.

Nous avons d’abord rencontré Sarah Wandy, diplomate et spécialiste des droits de l’homme. Elle a bien voulu nous donner la position de la France sur la question de la peine de mort. Pour elle, la nécessité de l’abolition passe par le caractère universel des droits de l’homme.
Temps  approximatif
Présentation de Sarah Wandy : 0’-0’ 29’’
L’origine des droits de l’homme : 0’ 50’’ - 2’50’’ (3’12’’)
Le droit à la vie : 3’48’’ – 5’ 50’’
Commentaires de transition : introduction de Lin Xin-yi

 La particularité des de la peine de mort à Taiwan
Sarah Wandy, parce qu’elle est diplomate, n’a pas souhaité, ce prononcé sur la situation taïwanaise à l’égard de la peine de mort. Elle nous a en revanche proposé de rencontrer Mme Lin Xin-yi, directrice de la TAEDP (Taiwan Alliance to End the Death Penalty), une association taiwanaise qui milite pour l'abolition de la peine de mort. Madame Lin partage sans doute le caractère universel des droits de l’homme. Il y a sur ce point consensus. Mais elle nous explique aussi la particularité de la situation taïwanaise. Taiwan a beau être un pays tolérant, l’aventure de l’abolition ne va pas de soi. Voyons pourquoi.

Lin (Q1) extrait

Présentation du TAEDP

L’Alliance taïwanaise pour en finir avec la peine de mort (Taiwan Alliance to End the Death Penalty, TAEDP) a été créée en 2003. Au commencement, on s’est appuyé sur des volontaires et des amateurs dont je faisais partie. On a pris alors des initiatives pour faire de la pédagogie et inciter à prendre des mesures politiques. Maintenant, on a des salariés et un groupe de travail stable. Plusieurs avocats et volontaires participent à notre Alliance. En même temps, nous entrainons des avocats pour défendre des condamnés. Pourtant, il y a encore beaucoup de difficultés et nous avons de nombreux travaux à faire.

Lin (Q2) extrait


Le système taïwanais. La peine de mort ou l’isolement à perpétuité.

(facultatif : si le montage est trop long, on peut supprimer ce passage un peu général malgré tout)
Beaucoup de gens craignent qu’après l'abolition de la peine de mort, le système pénal soit moins efficace, mais « abolir la peine de mort » n'équivaut pas à « abolir le système pénal ». Ceux qui commettent des crimes doivent être arrêtés et punis d'une façon ou d'une autre, mais est-ce que la peine de mort est la peine la plus rationnelle ? Par exemple, l’un des objectifs de la peine de mort est d’isoler les criminels de nous et de la société durablement parce qu’on les trouve dangereux et que la peine de mort donne cette possibilité. Mais il existe d'autres lois tout aussi efficaces, par exemple : l’emprisonnement à perpétuité réelle ou incompressible. On peut et on doit examiner cette possibilité. Par exemple à Taiwan, normalement la limite de libération conditionnelle de l’emprisonnement à perpétuité est de 25 ans. Après 25 ans, on a l’occasion de réexaminer le dossier des condamnés, mais cela ne signifie pas qu’ils seront à coup sûr libérés. Vous pouvez imaginer, qu'au moment où un juge prononce son arrêt, c'est  souvent quelqu’un qui est coupable de crimes odieux, et n’a aucune chance d'être « réhabilité », ainsi cette personne doit être isolée à vie. Mais comment, en tant que juge, peut-il savoir si après 10 ans, 20 ans ou 30 ans, il n’y aura aucune possibilité de « réhabilité » ce condamné ? Comment peut-on décider ? On ne sait même pas ce qu'on deviendra dans 10 ans, 20 ans ou 30 ans. Donc, c’est aussi difficile pour un juge qui doit prendre une décision sur le champ. Une des solutions la plus rationnelle est, quand on emprisonne les condamnés, on attache également de l’importance à l'éducation (la mise à disposition d'outils pédagogiques est également nécessaire), on leur donne des cours ou ils suivent des entraînements. Et puis après 25 ans, on peut reconsidérer la possibilité des condamnés d’être réhabilités ou de retourner à la société. Après 25 ans, on pourra déterminer si tout cela est rationnel.
Lin (Q3) extrait




Le sentiment d’insécurité à Taiwan et les médias
我覺得社會的不安全感的確是台灣還維持死刑的原因之一。
Je pense que le sentiment d’insécurité de la société est en effet une raison pour laquelle Taïwan maintient encore le système de la peine de mort.
但事實上,相較於其他國家,台灣的治安算是好的,犯罪率也相對的低。
En fait, l’ordre public à Taïwan est relativement bon par rapport aux autres pays, et le taux de criminalité est bas.
但是,身在台灣這個相對安全的國家,大家好像都很害怕成為被害者。
Pourtant, se trouvant à Taïwan qui est un pays très en sécurité, on craint de devenir la victime.
為什麼會有這樣的不安全感呢?我認為媒體是個關鍵。
Pourquoi ressent-on un tel sentiment d’insécurité ? Je pense que l’enjeu se trouve dans les médias.
德國做過一項研究,比較十年前和現在的狀況,人們都認為現在的治安比以往差。
L’Allemagne a fait une recherche qui montre que la situation actuelle en Allemagne est comparativement pire qu'il y a dix ans. Les gens trouvent que l’ordre actuel est pire qu’avant.
但實際的情況是,現在的治安比以前好很多。
Mais en réalité, la situation sociale va beaucoup mieux.
他們研究結果認為是媒體的關係。
Ils pensent que c’est l’effet des médias.
台灣的情況正是如此,網路上的即時新聞,只講述事情的結果,而不去探究背後的成因。
La situation de Taïwan est exactement comme celle de l'Allemagne. L’actualité instantanée en ligne montre seulement le résultat d’un évènement, sans rechercher sa cause profonde.
而電視新聞一直重複同一個犯罪報導,讓人有台灣治安很差的錯覺。
En plus, les nouvelles de la télévision répètent toujours le même reportage, cela nous donne l'illusion que la situation est si mauvaise.
媒體一直呈現負面的報導,讓台灣人民變得恐慌,自然對社會有了不安全感。
Présentant toujours des reportages négatifs, les médias provoquent la panique, et les citoyens se resentent alors de l'insécurité.
台灣很矛盾的地方是,一方面我們並不信任政府,一方面又覺得,若國家握有執行死刑的權力的話,能為我們帶來一些安全感。
Paradoxalement, à Taïwan, d’un côté, on ne se fie pas au gouvernement, de l’autre côté, on pense que, si l’Etat possède le pouvoir d'appliquer la peine de mort, cela va nous donner un sentiment de sécurité.
過去台灣的威權歷史,讓人民覺得國家可以幫我們處理好這些事情,而自己反而不去思考。
Le fait que, sous la loi martiale, le gouvernement taïwanais autoritaire assumait tous les problèmes, nous a donné l'habitude de ne plus rien avoir à craindre et de ne plus avoir besoin de penser.
另外一方面,政府只宣傳死刑可以嚇阻犯罪,但卻沒有強調我們停止死刑的這段期間治安其實並沒有變壞。
Par ailleurs, le gouvernement propage seulement que la peine de mort peut empêcher la criminalité, mais il ne montre pas que la période que on a arrêté l’exécution de la peine de mort, l’ordre n’est pas devenu pire.

而聯合國的研究也指出,如果警方破案率很高的話,就能嚇阻犯罪,而死刑與否並不是其中的變因。
Le recherche de l’ONU indique que, si le taux de détection est très haut, cela va empêcher la criminalité, et la peine de mort n’a rien à voir avec la criminalité.
台灣的情況是,政府只要宣傳死刑有嚇阻效果,人民就會買帳,而不用花費心力去提升破案率。
La condition de Taïwan est que, le gouvernement propage seulement que la peine de mort a un effet d’arrêter la criminalité, le gens le croient, et il n’a pas besoin de faire autre chose.
而台灣死刑的執行通常會變成一種政治手段,例如當然民對政府不滿得時候,便利用死刑來轉移社會的焦點。
L’exécution de la peine de mort à Taïwan devient généralement une manœuvre politique. Par exemple, quand le peuple est mécontent de l’Etat, il va détourner l’attention sociale en exécutant un condamné.
因此死刑既沒有辦法讓司法更嚴謹,無法防範錯誤,更無法預防犯罪,那為什麼我們要執行死刑呢?
En conséquence, la peine de mort ne peut pas ni mettre la justice plus stricte, ni empêcher la criminalité, mais pourquoi on retient la peine de mort ?
Commentaires de transition : introduction à un fait d’actualité taïwanais. Le cas de Zheng Jie…

Nous avons soumis un cas particulier à Mme Lin Xin-yi  directrice de la TAEDP (Taiwan Alliance to End the Death Penalty), association qui milite pour l’abolition de la peine de mort.

En effet, le 21 mai 2014, un jeune taïwanais de 21 ans, du nom de Zheng Jie (鄭捷), blessait à coup de poignard, sans motif apparent, 24 personnes dans le métro de Taipei. 4 d’entre elles ont trouvé la mort. Pour ce crime, il a été condamné à la peine capitale. La question de l’abolition avait naturellement surgit à l’occasion de cet événement. La presse avait largement insisté sur l’attitude arrogante du criminel.
Lin (Q4) extrait



Le cas de Zheng Jie
Vous soulignez notamment que l’attitude arrogante de Zheng-Jie peut être un modèle d’imitation. Alors, à mon avis, je pense que nous comprenons seulement le cas de Zheng-Jie à travers les les médias. En fait, au cours du deuxième procès, Zheng-Jie a été condamné à mort encore une fois ce matin. Ça ne nous étonne pas. Néanmoins, des reportages se focalisent sur des détails. Par exemple, les médias rapportent que Zheng-Jie joue au basketball en détention ou qu’il ne veut pas assister au procès. Par conséquent, htrl paraît que ces reportages font de Zheng-Jie une personne arrogante comme vous dîtes. Mais en fait, en général, il est très rare de laisser la partie ou les défendeurs assister à leur procès car vous pouvez demander à tous les avocats de le faire. En conséquence, Zheng-Jie n’est pas un cas particulier.

Je pense qu’il faut rester très prudents tous le temps lorsque les médias rapporte un incident. Par exemple, beaucoup de médias nous ont reproché notre position par rapport à la peine de mort de Zheng-Jie. Nous leur avons répondu que nous ne connaissons pas le verdict du procès qui est en cours et que nous ne pouvons pas critiquer. Par contre, beaucoup de médias se permettent de faire des commentaires sans apporter de preuves. Le cas de Zheng-Jie n’est pas un cas d’homicide isolé, en fait, des cas pareils se sont produits avant et après celui de Zheng-Jie. Je ne sais pas que si Zheng-Jie a commis ces crimes à cause de la haine ou pour d’autres raisons mais ça fait une peur à tout le monde. Au résumé, c’est un genre de crime que nous ne pouvons pas éviter dans notre société dont la civilisation est semblable à celle du Japon et ou aux États-unis. Aujourd’hui, à Taiwan, il y a aussi ce genre de crime. Nous ne savons pas pourquoi-t-il avait lieu un genre d’homicide indifférenciésans motif ?), mais je pense que nous pouvons faire une étude poussée pour en comprendre la cause.
Il y a une étude du Ministère de la Justice au Japon que nous avons traduite qui indique que des criminels ont commis des crimes à l’égard du problème de s’installer ( ?). Après, les experts japonais ont commencé à se demander considérer comment faire les publics ( ?) s’installer et ne deviennent pas déviants. Je ne connais pas la raison du crime à Taiwan, mais il vaut mieux de ne pas précipiter à des conclusions quand le cas de Zheng-Jie est arrivé. En outre, Zheng-Jie a avoué son crime. Donc, pourquoi ne pas laisser le juge faire toute la lumière sur ce crime et en même temps, prévenir d’autres crimes possibles. Ne serait-ce pas beaucoup mieux ?
Cependant, beaucoup de politiciens ou de responsables médiatiques se précipitent réclament aussitôt l’exécution capitale. Cela me paraît ridicule. Si des gens ordinaires se précipitent, nous n’avons rien à dire. Mais que les politiciens et responsables partagent la même pensée, Cela me paraît ridicule.


Q 6 par Régine. 

Si on regarde le monde entier, on constate que la peine de mort a été abolie dans la plupart des pays européens sauf cas exceptionnels comme la Biélorussie. La situation est la même dans les pays d'Amérique. Sauf les États-Unis, la plupart entre eux ont déjà aboli la peine de mort ou bien ont arrêté les executions. La situation en Afrique et en Asie est plus préoccupante – mais l’Afrique est en train de faire des efforts dans ce sens, bien sûr – Quant à l’Asie... On constate que la situation en Asie est plus grave à cause de la Chine, puisque c’est le pays où l’on trouve le plus grand nombre de condamnations à mort et le plus grand nombre d’executions. La situation en Asie est donc la plus critique.

Mais on peut voir également que, dans ces régions, il y a encore beaucoup de gens qui s'investissent pour améliorer la situation. à un niveau national, régional ou international, beaucoup de gens s’y consacrent en créant des organisations.
Prenons l'exemple des États-Unis. Les taïwanais préfèrent parler des États-Unis et du Japon. Ils disent : "Ne parlons pas de l’Europe... Leur condition n'est pas comparable à la nôtre... Regardons plutôt celle des États-Unis" :

Il y a cinquante états aux États-Unis, dix-neuf d'entre eux ont déjà aboli la peine de mort, seulement dix états environ l’exécutent chaque année. C’est-à-dire que la plupart des états sont d'accords pour en finir avec ce chatîment. Cela correspond à la tendance mondiale. 


(…)

La peine de mort est supprimée en France, mais si nous faisons une enquête, je crois que la plupart des citoyens soutiennent également l’exécution. Même en Angleterre, le pourcentage de ceux qui sont pour l’abolition a baissé au 50% jusqu'à l’année dernière. Par conséquent, c’est souvent bien après que l’on commence à soutenir l'abolition. En 2014, nous avons fait une enquête. On a découvert que si on demande aux gens s’ils soutient l’abolition ou pas, le résultat est simple : tout le monde est favorable à l’exécution et contre l’abolition. Mais si on précise la question et qu'on leur rappelle qu'il y a une mesure substitutive, une grande part d’entre eux change d’opinion et optent pour « l'emprisonnement à vie sans possibilité de libération conditionnelle ». Aussi selon l’enquête, les gens ont-ils plus facilement tendance à soutenir l’abolition quand il des informations complêtes.
Les politiciens disent toujours qu’ils n’abolissent pas la peine de mort en raison de l’opinion publique, mais selon notre enquête, les gens ne s’y opposent pas complètement ; ce qu’ils veulent, c’est une mesure substitutive et plus d’informations. 

(…)




Taïwan a signé le « Pacte international relatif aux droits civils et politiques » en 2009, c’est un contrat applicable à Taiwan (國內法化), c’est-à-dire nous sommes obligés de nous diriger vers l’abolition. Donc selon la loi, les hommes politiques doivent agir afin de favoriser les conditions de l’abolition. Ils doivent informer les citoyens et offrir une mesure substitutive. Ce sont des obligations incontournables. Durant les procès, les juges doivent assouplir les jugements pour faire baisser le nombre des exécutions – voire même les faire cesser –. Ce sont autant de mesures que que l’État doit faire appliquer dès maintenant.
Commentaire de transition :
Introduction du commentaire de Lin et Wandy sur la pièce de Cheng Yi-wen.

Nos deux interlocutrices, Sarah Wandy, spécialistes des droits de l’homme et Lin Xin-yi, directrice de l’association pour l’abolition de la peine de mort, ont, toutes les deux, vu, la pièce de Chen Yi-wen, Le Dernier jour d’un condamné. Nous leur avons demandé de réagir face à cette pièce. Croient-elles, comme lui, à la « puissance du théâtre » ?

Lin (Q9) extrait

30,16-32,39  Question 9 (david)

Lorsque j’ai vu cette pièce (j’ai assisté à leurs répétitions et je suis allée voir la séance du 10 octobre) ce qui m’a frappé le plus, c’était la scène il a montré la vie de ce condamné, avant l'exécution. Ce n’est jamais comme une feuille de papier vierge. Il doit y avoir des raisons pour qu’il commette un crime. La vie de ce condamné, et même sa mort ne laisse jamais un vide. Sa famille, ses amis doivent souffrir à cause de son exécution. Pour moi, pour réfléchir à la peine de mort, il ne faut pas le réduire à une exécution  Il faut voir tous les aspects, non seulement la raison pour laquelle le crime a été commis, mais aussi combien de personnes sont affectées par la peine de mort. Si l’on arrive à voir tous ces aspects, on ne va pas dire naïvement que l’on va soutenir la peine de mort et que l’on veut que le criminel soit mort puisque la peine de mort a de très nombreuses conséquences. 

Sarah Wandy
13’20 – 18’
Ajouter les commentaires de Chen Yi-wen sur la "vision commune"

Commentaires conclusifs

Et présentation des documentaristes

Avec la montée de la conscience des droits de l'homme certains Taiwanais ont essayé de proposer une autre manière d'envisager la peine de mort. Tous nos interlocuteurs ont insisté sur la nécessité d'une vision commune pour sortir de la polémique. C Y W, en tant que dramaturge a insisté sur la puissance du théâtre et sur la vision commune, Sarah Wandy sur les droits de l'homme, Madame Lin sur un débat rationnel. Leur effort est-il suffisant pour contrer l'emprise médiatique sur la société ? Bien que Taiwan n'accepte pas encore l'abolition nous espérons l'avénement de cette vision commune.

Ce documentaire a été réalisé par...
Nous avons écouté au cours du documentaire...





Montage de l'entretien de 林欣怡 Lin Xin-Yi (17 min. 21 sec après nettoyage par Régine Shu-mi Liu). Il y a neuf parties :

1. (00:00-00:56) La Présentation de Lin Xin-Yi et du TAEDP
2. (00:56-03:08) La Nécessité de l'abolition de la peine capitale
3. (03:08-05:05) L'Insécurité de la société
4. (05:06-07:44) Le Cas de Zheng Jie(鄭捷)
5. (07:44-09:53) Le Soulagement pour des familles des victimes
6. (09:53-14:31) L'Expérience d'autres pays et les difficultés de Taïwan
7. (14:31-15:35) L'Évolution des mentalités
8. (15:35-16:26) Les OEuvres sur la peine de mort
9. (16:26-17:21) L'impression de la pièce de Chen Yi-Wen (Je reste la question que j'ai posé.)


question 1  (Régine)

Lin Hsin-Yi:我叫林欣怡,我目前是廢死聯盟執行長。我接觸廢除死刑的這件事情是1999年的時候,我到民間司法改革基金會工作,有很多的死刑的冤案到民間司改會來要求協助,我自己不是唸法律,我自己唸的是社會學,那到民間司改會,是因為他們覺得司法改革的工作不應該只是法律人自己察物內的風暴,要讓一般人了解,所以他們才找非法律的人成為工作人員。

2003年的時候,廢除死刑推動聯盟才正式成立, 一開始的時候,我們靠的都是志工、有興趣的人,那包括我在內,我們做倡議、做教育的工作、做政策的遊說。我們現在當然有比較穩定的工作人員、工作小組,有更多律師跟志工參與我們,同時我們做律師的訓練,幫死刑犯做一些辯護的工作,但是還是一樣有很多的困難跟很多的工作要做。

Je m’appelle Lin Hsin-Yi, je suis la directrice de TAEDP. J'ai pris connaissance de l’abolition de la peine de mort en 1999 où j’ai travaillé à la Fondation pour la réforme judiciaire (Judicial Reform Foundation). Certains parents de condamné y ont demandé de l'aide à cause de plusieurs cas d’accusation injustifiée. Je n’étais pas étudiante en droit mais je me suis spécialisée en sociologie. La Fondation pour la réforme judiciaire pense que la réforme de la justice n’est pas seulement un travail de spécialistes dans le domaine du droit, mais qu'il faut informer le public, donc, elle a recruté des employés dont la profession n’est pas en rapport avec la loi.



L’Alliance taïwanaise pour en finir avec la peine de mort (Taiwan Alliance to End the Death Penalty, TAEDP) a été créée en 2003. Au commencement, on s’est appuyé sur des volontaires et des amateurs dont je faisais partie. On a pris alors des initiatives pour faire de la pédagogie et inciter à prendre des mesures politiques. Maintenant, on a des salariés et un groupe de travail stable. Plusieurs avocats et volontaires participent à notre Alliance. En même temps, nous entrainons des avocats pour défendre des condamnés. Pourtant, il y a encore beaucoup de difficultés et nous avons de nombreux travaux à faire.
 
 

2. Pourquoi l’abolition de la peine de mort est nécessaire ? (Elisabeth)
Je pense qu’il est difficile de répondre simplement. Le TAEDP compte en fait beaucoup de membres dont chacun a ses propres raisons d'être contre la peine de mort. Et souvent on a besoin de prendre du temps pour réfléchir. Parfois, qu'au début vous seriez peut-être favorable ou non à l’abolition, mais finalement vous changez d’avis. L’élément déclencheur n’est pas le même pour tout le monde. De toute façon, on se rend compte qu’à Taiwan, le système qui soutient la peine de mort est de plein de défauts et le taux d’erreurs (le risque d'exécuter un innocent) est très élevé. En plus, même s’il y a beaucoup de gens croient à l'efficacité de la peine de mort, on ne voit pas vraiment quels sont les avantages de la peine de mort. Certains espèrent par exemple qu’elle pourrait intimider les criminels. Or ce n'est pas vrai, elle est hautement dangereuse et injuste. Pourquoi on encourage-t-on un tel système ? Beaucoup de gens craignent qu’après l'abolition de la peine de mort, le système pénal soit moins efficace, mais « abolir la peine de mort » n'équivaut pas à « abolir le système pénal ». Ceux qui commettent des crimes doivent être arrêtés et punis d'une façon ou d'une autre, mais est-ce que la peine de mort est la peine la plus rationnelle ? Par exemple, l’un des objectifs de la peine de mort est d’isoler les criminels de nous et de la société durablement parce qu’on les trouve dangereux et que la peine de mort donne cette possibilitéMais il existe d'autres lois tout aussi efficaces, par exemple : l’emprisonnement à perpétuité réelle ou incompressible. On peut et on doit examiner cette possibilité. Par exemple à Taiwan, normalement la limite de libération conditionnelle de l’emprisonnement à perpétuité est de 25 ans. Après 25 ans, on a l’occasion de réexaminer le dossier des condamnés, mais cela ne signifie pas qu’ils seront à coup sûr libérés. Vous pouvez imaginer, qu'au moment où un juge prononce son arrêt, c'est  souvent quelqu’un qui est coupable de crimes odieux, et n’a aucune chance d'être « civilisé », ainsi cette personne doit être isolée à vieMais comment, en tant que juge, peut-il savoir si après 10 ans, 20 ans ou 30 ans, il n’y aura aucune possibilité de « civiliser » ce condamné ? Comment peut-on décider ? On ne sait même pas ce qu'on deviendra dans 10 ans, 20 ans ou 30 ans. Donc, c’est aussi difficile pour un juge qui doit prendre une décision sur le champ. Une des solutions la plus rationnelle est, quand on emprisonne les condamnés, on attache également de l’importance à l'éducation (la mise à disposition d'outils pédagogiques est également nécessaire), on leur donne des cours ou ils suivent des entraînements. Et puis après 25 ans, on peut reconsidérer la possibilité des condamnés d’être civilisés ou de retourner à la société. Après 25 ans, on pourra déterminer si tout cela est rationnel. Nous avons parlé de la peine de mort, pour ma part, ce qui m’étonne beacoup, c’est l’erreur judiciaire, c’est-à-dire le risque d'exécuter un innocent et que ce soit irréversible. Contrairement à la peine de mort, l’emprisonnement à perpétuité garde toujours une opportunité, si réellement notre système pèche, on aura au moins l’occasion de réparer nos fautes. Même si on a perdu sa jeunesse en prison, on a au moins survécu. Pourquoi doit-on abolir la peine de mort ? parfois c’est difficile de trouver une solution idéale pour tout le monde. Le plus important, c’est que tout le monde puisse réfléchir à nos problèmes, que vous soyez pour ou contre, et à comment faire face à cette question. Par exemple certains prennent ce problème sous son aspect politique, judiciaire, philosophique... ou encore sous l'angle du risque, ou sous un angle plus pragmatique, en se focalisant sur le budget, le taux de criminalité...etc. Bref, chacun pense différemment... quelle est la raison la plus adaptée selon vous pour répondre à la question de la peine de mort : il vaut mieux bien réfléchir.

Q 3 cleo
La partie retraduite


Je pense que le sentiment d’insécurité de la société est en effet la raison pour laquelle Taïwan maintient encore le système de la peine de mort. En fait, l’ordre public à Taïwan est relativement bon par rapport aux autres pays, et le taux de criminalité est bas. Pourtant, se trouvant à Taïwan qui est un pays très en sécurité, on craint d’être victime d’agression. Pourquoi ressent-on un tel sentiment d’insécurité ? Je pense que la réponse à une telle question se trouve dans les médias.


我曾經看過德國做過研究,他們就說呃你對於治安的那個感覺,大部份的人都會覺得現在治安比較不好,但是實際的狀況是德國那個時候的治安是比以前好很多的,那他們研究的因素就是說他們覺得是媒體的這種報導。台灣那更是這樣的影響啊,台灣現在是網路上面隨時有即時新聞,即時新聞是很簡短的,它不會去探究背後的成因,它沒有太多的分析,它只有一件事情發生,所以你可以看到就說一個重大犯罪事情,它就會一再地被重播,這當然是不安全感的呈現。

J’ai vu une recherche qui montre que, la plupart des gens en Allemagne trouvent que l’ordre actuel est pire qu’avant. Mais en réalité, la situation sociale va beaucoup mieux. Ils pensent que c’est l’effet des médias. La situation de Taïwan est exactement comme celle de l'Allemagne. Les actualités sont publiées instantanément en ligne. Elles sont toujours très brèves et montrent seulement le résultat d’un évènement sans rechercher ses causes profondes ni assez d’analyse. Du coup vous pouvez voir une grande affaire criminelle passée en boucle indéfiniment. Cela cause évidemment un sentiment d’insécurité.

然後再來就是我想舉一個例子,那個不安全感,我覺得有可能跟我們對於這個國家不信任這件事情,我覺得還是有一點點的影響,我覺得我們很矛盾,一方面我們不是那麼地信任國家握有權力,但是一方面我們又覺得好像國家擁有死刑的話,它會為我們帶來一些安全感。

En plus, je vais prendre un exemple. Je pense que le sentiment d’insécurité a un certain rapport avec notre méfiance à l’égard de l’Etat. Je le trouve paradoxal. D’un côté, on ne se fie pas au gouvernement ; de l’autre côté, on pense que, si l’Etat possède le pouvoir d'appliquer la peine de mort, cela va nous donner un sentiment de sécurité.


例如那時候我們為了救援邱和順案,我們到他的家鄉去做一個聲援的行動,希望大家寫聲援明信片寄給總統,也可以寄給邱和順,很多他的同鄉人,他們問了我們很多問題,我們就說那你可不可以願意幫我們簽署明信片,然後他們就說不要或是我再考慮看看,他們就走了,過了一段時間,他們就再問簽這個不會有問題嗎?他們很擔心說如果他們連署簽了一個信給總統,他們覺得會被秋後算帳。
Par exemple, pour soutenir le cas de Chiou Ho-shun, nous sommes allés dans sa ville natale, espérant que les villageois puissent signer une pétition à l’intention du Président ou une lettre de soutien à l’intention de Chiou Ho-shun. Beaucoup de villageois nous ont posé de nombreuses questions. Nous leur avons demandé s’ils pouvaient signer cette lettre. Ils nous ont dit « non », ou « je vais réfléchir » et ils sont partis. Mais quelques temps plus tard, ils sont venus nous demander s’il y aurait un problème en signant ces cartes. Ils craignaient d’être punis après l’avoir signée.

那我覺得在台北我們可能很習慣參與很多的抗議、參與很多的連署,但是你在一個小地方裡面,你還會發現說,就是那種在戒嚴或者是我們在過去的這種威權的這種體制之下的心態很影響著他們。因此那個不安全感在於說,我們已經被馴化到我們很相信國家的威權可以幫我們做這件事情,我們不去思考、反省這件事情。

Je pense qu’à Taipei, nous sommes habitués à participer à des manifestations et à signer des pétitions, mais quand vous vous trouvez dans certaines campagnes, vous prenez conscience que les gens ont encore la mentalité qui existait sous la loi martiale. C’est-à-dire que l’on croit encore que le gouvernement va assumer tous les problèmes, et du coup on n’a plus besoin de penser.


再來就是我覺得有時候我們的政府在做宣傳的時候,我覺得他們有點精神錯亂,他們就會覺得說死刑可以嚇阻犯罪,但是他們都沒有告訴我們實際的數據的狀況:我們在停止死刑執行的時候,我們治安並沒有變壞。


En plus, parfois notre gouvernement (je pense que c’est un peu malsain), propage seulement l’idée que la peine de mort a pour effet d’arrêter la criminalité, mais ne nous donne pas les données réelles : notre ordre public ne s’est pas dégradé pendant l’arrêt de l’exécution de la peine de mort.


那甚至在聯合國他們也做了一個研究,所謂的你可以讓治安變得更好,很重要的一件事情就是說如果你的破案率很高,而且正確率很高的話,你就可以嚇阻犯罪,但是死刑不是其中的因素之一。

Par ailleurs, l’Organisation des Nations Unies a également fait une enquête qui indique que si on voulait améliorer l’ordre public, il faudrait améliorer le taux de détection. Si le taux de détection atteint un certain degré de précision, cela pourrait empêcher la criminalité. Dans ce cas, le recours à la peine de mort est inutile.


你要破案率高、正確率高,事實上你要投注的心力,就是警察、檢調的這種犯罪偵防的工作,事實是要做得更好。但是你只要宣傳說死刑有嚇阻效果的時候,好像民眾就會有安全感。

Si vous voulez élever le taux de détection en augmentant le degré de précision, en fait il faut faire un gros effort. Cela suppose que la police et les procureurs doivent améliorer leur travail de prévention de la criminalité. Pourtant, le gouvernement prétend que la peine de mort permet d’arrêter la criminalité de sorte que les gens partagent un sentiment de sécurité.

2010年之後台灣有持續執行死刑,但是我們之前做了一個研究,就會發現說每次執行死刑之後,如果說它有嚇阻犯罪效果的話,那我們應該更安全、應該不會有重大案件發生,但是你會看到還是會有一些案件的發生,所以它(死刑)並不是有他(政府)所宣稱的效果。

Après 2010, Taïwan a décidé d’appliquer à nouveau la peine de mort. Mais nous avons constaté après les exécutions que si la peine de mort avait pour effet d’arrêter la criminalité, nous serions plus en sécurité et aucune grande affaire criminelle ne se produirait. Or, il y a toujours des crimes. C’est donc la preuve que la peine de mort ne possède pas l’effet que le gouvernement prétend.


對政府來說,它是最簡單的一件事情,所以它可以既讓人民對他有信心,但是他又不用去做太多的事情。
Pour le gouvernement, propager de telle information est la chose la plus simple. Le peuple y croit volontiers. Pas besoin de faire trop d’effort pour cela.


包括我們之前也發現說後來重啟死刑之後的這幾次執行死刑,都不是單純地只是在法律上面思考因為他被判死刑要執行,而是有時候它通常都是一個政治上的考量,

Nous avons constaté également que la reprise de l’application de la peine de mort,  ne dépendait pas de cause judiciaire, mais de manœuvres politiques.


例如,如果這個政府他的聲望,人民非常反對他,然後他就執行一個死刑去轉移社會對於政府不滿的這個焦點,因此我就說死刑它並沒有……就是它有很多的問題,然後它被拿來當作是政治的工具,但是它又沒有辦法讓司法更嚴謹、它又不能夠防範錯誤、它也不能夠預防犯罪,你幾乎找不出它的一個功能存在的話,那為什麼我們要維持這樣的制度?

Par exemple, quand le peuple est mécontent du gouvernement, celui-ci va détourner l’attention sociale en exécutant un condamné. J’ai toujours dit que la peine de mort – c’est un des nombreux problèmes qui lui sont liés – est utilisée comme un outil politique.
En plus, la peine de mort ne peut rendre la justice plus stricte, ni empêcher la criminalité. On ne peut lui trouver aucune raison valable, pourquoi donc maintenir la peine de mort ?





廢死聯盟訪談Q4Q5翻譯
Q4 (Elena)

Vous soulignez notamment que l’attitude arrogante de Zheng-Jie peut être un modèle d’imitation. Alors, à mon avis, je pense que nous comprenons seulement le cas de Zheng-Jie à travers les les médias. En fait, au cours du deuxième procès, Zheng-Jie a été condamné à mort encore une fois ce matin. Ça ne nous étonne pas. Néanmoins, des reportages se focalisent sur des détails. Par exemple, les médias rapportent que Zheng-Jie joue au basketball en détention ou qu’il ne veut pas assister au procès. Par conséquent, htrl paraît que ces reportages font de Zheng-Jie une personne arrogante comme vous dîtes. Mais en fait, en général, il est très rare de laisser la partie ou les défendeurs assister à leur procès car vous pouvez demander à tous les avocats de le faire. En conséquence, Zheng-Jie n’est pas un cas particulier.

Je pense qu’il faut rester très prudents tous le temps lorsque les médias rapporte un incident. Par exemple, beaucoup de médias nous ont reproché notre position par rapport à la peine de mort de Zheng-Jie. Nous leur avons répondu que nous ne connaissons pas le verdict du procès qui est en cours et que nous ne pouvons pas critiquer. Par contre, beaucoup de médias se permettent de faire des commentaires sans apporter de preuves. Le cas de Zheng-Jie n’est pas un cas d’homicide isolé, en fait, des cas pareils se sont produits avant et après celui de Zheng-Jie. Je ne sais pas que si Zheng-Jie a commis ces crimes à cause de la haine ou pour d’autres raisons mais ça fait une peur à tout le monde. Au résumé, c’est un genre de crime que nous ne pouvons pas éviter dans notre société dont la civilisation est semblable à celle du Japon et ou aux États-unis. Aujourd’hui, à Taiwan, il y a aussi ce genre de crime. Nous ne savons pas pourquoi-t-il avait lieu un genre d’homicide indifférenciésans motif ?), mais je pense que nous pouvons faire une étude poussée pour en comprendre la cause.
Il y a une étude du Ministère de la Justice au Japon que nous avons traduite qui indique que des criminels ont commis des crimes à l’égard du problème de s’installer ( ?). Après, les experts japonais ont commencé à se demander considérer comment faire les publics ( ?) s’installer et ne deviennent pas déviants. Je ne connais pas la raison du crime à Taiwan, mais il vaut mieux de ne pas précipiter à des conclusions quand le cas de Zheng-Jie est arrivé. En outre, Zheng-Jie a avoué son crime. Donc, pourquoi ne pas laisser le juge faire toute la lumière sur ce crime et en même temps, prévenir d’autres crimes possibles. Ne serait-ce pas beaucoup mieux ?
Cependant, beaucoup de politiciens ou de responsables médiatiques se précipitent réclament aussitôt l’exécution capitale. Cela me paraît ridicule. Si des gens ordinaires se précipitent, nous n’avons rien à dire. Mais que les politiciens et responsables partagent la même pensée, Cela me paraît ridicule. D’ailleurs, je pense qu’ils causeront un effet d’imitation et qu’ils ne peuvent pas résoudre le problème s’ils ne découvrent pas la vérité. A propos d’un comportement mimétique, je pense que ça n’a pas de rapport avec Zheng-Jie. Le plus important est que nous comprenions la source du problème et que nous sachions comment résoudre cette affaire, nous pourrons alors prévenir un autre accident.


Q5

Pour nous, cela importe peu que nous abandonnons la question de la peine de mort, il vaut mieux protéger les victimes. Dans certaines mesures, il n’y a pas de corrélation directe avec l’existence de la peine de mort. Quand vous poser cette question, vous pouvez imaginer la douleur des familles des victimes qui ont seulement besoin de la peine de mort pour être soulagé. Selon notre expérience, chaque situation des familles de victimes est différente. Donc, ils ont envie de temps et d’assistance lorsqu’ils souffrent. Nous ne prenons pas en compte au départ la peine de mort effective parce que certains sont condamnés à la peine de mort mais d’autres non. Si vous le croyez, vous ignorerez qu'il existe d'autres possibilités comme le mesure de protection des victimes. En outre, le gouvernement peut se soustraire à la responsabilité de la force de condamner à mort. Nous avons eu des contacts avec des victimes dont les familles venant de Taiwan, du Japon, de la Corée du Sud, et de l’Amérique  pensaient que le gouvernement s'était débarrassé de la responsabilité par une seule peine de mort. Toutefois, le gouvernement ne veut pas comprendre ce dont ils ont besoin. Il arrive que certaines personnes ne possèdent rien. On pourrait croire que la seule chose contre laquelle ils luttent est l’exécution de la peine de mort. En outre, si certaines personnes ne désirent pas la peine de mort, l'entourage leur reprochera de ne pas prendre en considération les familles des victimes. Par exemple, il arrive que certaines familles de victimes trouvent inutiles une condamnation à mort. Ils ne souhaitent pas que les criminels soient exécutés. Pourtant, nous rencontrons beaucoup d'objections à ce propos. Nous recommandons toujours de défendre la position des victimes. Par contre, quand des victimes ne souhaitent pas la peine de mort, ils subissent des reproches violents et notamment celui de ne pas prendre en compte la famille. Par conséquent, je pense que tout le monde connait superficiellement la protection des victimes parce que l’on conçoit seulement le problème de l’abolition de la peine de mort sans réfléchir à la nécessité de protéger victimes. Par exemple, d’une part, après un accident, une victime a besoin d’aide financière immédiate quand elle a perdu la seule personne qui a une source de revenu ; d’autre part, elle a besoin d'un soutien et d'une protection pour permettre à son enfant de grandir en toute sécurité pendant tout le cours de son éducation. Des enfants quelquefois voudraient comprendre ce qui s’est passé avec la loi, donc, il veut assister au contentieux pour savoir quels son ses droits et comment comprendre le jugement. Bref, les demandes des victimes sont différentes mais nous les simplifions ce qui est très dangereux. Alors, comme je vous l'ai dit, peu importe que nous soutenions la peine de mort ou non, la protection des victimes doit être une priorité. Nous ne devons pas simplement nous focaliser sur l’abolition de la peine de mort. Au contraire, nous devons nous rappeler systématiquement que la peine de mort n’est pas la seule façon d'adoucir la douleur des familles des victimes. Même sla peine de mort existe, nous devons jamais cesser de proposer des alternatives.


Q 6 par Régine. 

Si on regarde le monde entier, on constate que la peine de mort a été abolie dans la plupart des pays européens sauf cas exceptionnels comme la Biélorussie. La situation est la même dans les pays d'Amérique. Sauf les États-Unis, la plupart entre eux ont déjà aboli la peine de mort ou bien ont arrêté les executions. La situation en Afrique et en Asie est plus préoccupante – mais l’Afrique est en train de faire des efforts dans ce sens, bien sûr – Quant à l’Asie... On constate que la situation en Asie est plus grave à cause de la Chine, puisque c’est le pays où l’on trouve le plus grand nombre de condamnations à mort et le plus grand nombre d’executions. La situation en Asie est donc la plus critique.

Mais on peut voir également que, dans ces régions, il y a encore beaucoup de gens qui s'investissent pour améliorer la situation. à un niveau national, régional ou international, beaucoup de gens s’y consacrent en créant des organisations.
Prenons l'exemple des États-Unis. Les taïwanais préfèrent parler des États-Unis et du Japon. Ils disent : "Ne parlons pas de l’Europe... Leur condition n'est pas comparable à la nôtre... Regardons plutôt celle des États-Unis" :

Il y a cinquante états aux États-Unis, dix-neuf d'entre eux ont déjà aboli la peine de mort, seulement dix états environ l’exécutent chaque année. C’est-à-dire que la plupart des états sont d'accords pour en finir avec ce chatîment. Cela correspond à la tendance mondiale. 


En 2008, le Maryland est le dix-huitème état en abolissant la peine de mort. On peut voir comment font-ils : ils avancent pas à pas. Quand le gouverneur s’est demandé s’ils annulent la peine de mort, l’opinion publique était encore pour l’execution. Leur sécurité publique n’était pas mieux qu’autres, mais ils faisaient des efforts pas à pas. Par exemple, ils ont organisé un comité pour faire des recherches de la peine de mort au Maryland. Selon le comité, c’est difficile d’éviter les cas d’accusation injustifiée, de plus, le jugement est pleinement discriminatoire et préjugé. Si l’homme blanc est tué par gens de couleur, la condamnation mortelle est 2.5 fois plus haut que celle de l’assasin blanc. En voyant la discrimination, l’inégalité et le jugment injustifié difficile à récupérer, le comité conseille que l’abolition est la meilleure solution, le meilleur choix. Alors on fait des recherches locaux, pendant lesquelles on limite peu à peu l’execution. De leur expérience, nous pouvons voir qu’il ne faut pas que les politiciens attendent les opinions publiques changent, mais soit active de créer une possibilité de la discussion, de la reflexion et du débat.
C’est ce que nous allons appris de l’expérience étrangère : Il ne faut pas que les politiciens aient peur de discuter à la peine de mort. Le peuple doit discuter, bien sûr, comme nous, mais en même temps, quant à la politique, il ne faut pas que les politiciens aient peur d’en discuter. Ils sont ceux qui mènent le public à discuter, surtout à nous offrir d’information juste. Beaucoup de gens discutent avec des références icorrectes. Les politiciens politiciens offrent d’information correcte et participent à la discution – Je pense que l’exemple de France, de Maryland des États-Unis et de beaucoup d’autre pays est comme ça. À mon avis, c’est ce qui est plus important que nous devons apprendre à Taïwan, et c’est aussi la difficulté la plus grande que nous rencontrons maintenant. L’obscure ne se trouve pas parmi le peuple, parce que c’est normal que les citoyens s’y opposent. Il ne cache pas leur répugnance pour l’abolition. (大家不會太壓抑) 

La peine de mort est supprimée en France, mais si nous faisons une enquête, je crois que la plupart des citoyens soutiennent également l’exécution. Même en Angleterre, le pourcentage de ceux qui sont pour l’abolition a baissé au 50% jusqu l’année dernière. Par conséquent, c’est souvent bien après que l’on commence à soutenir l'abolitionEn 2014, nous avons fait une enquête. On a découvert que si on demande aux gens s’ils soutient l’abolition ou pas, le résultat est simple : tout le monde est favorable à l’exécution et contre l’abolition. Mais si on précise la question et qu'on leur rappelle qu'il y a une mesure substitutive, une grande part d’entre eux change d’opinion et optent pour « l'emprisonnement à vie sans possibilité de libération conditionnelle ». Aussi selon l’enquête, les gens ont-ils plus facilement tendance à soutenir l’abolition quand il des informations complêtes.
Les politiciens disent toujours qu’ils n’abolissent pas la peine de mort en raison de l’opinion publique, mais selon notre enquête, les gens ne s’y opposent pas complètement ; ce qu’ils veulent, c’est une mesure substitutive et plus d’informations. 

Les deux affaires sont justement ce dont les politiciens évitent de prendre des actions. C’est pourquoi on s’arrête ici, continue à execuser la peine de mort. Si l’on ne travaille sur les deux affaires mentionnées, le procès de l’abolition durera lend.


Taïwan a signé le « Pacte international relatif aux droits civils et politiques » en 2009, c’est un contrat applicable à Taiwan (國內法化), c’est-à-dire nous sommes obligés de nous diriger vers l’abolition. Donc selon la loi, les hommes politiques doivent agir afin de favoriser les conditions de l’abolition. Ils doivent informer les citoyens et offrir une mesure substitutive. Ce sont des obligations incontournables. Durant les procès, les juges doivent assouplir les jugements pour faire baisser le nombre des exécutions – voire même les faire cesser –. Ce sont autant de mesures que que l’État doit faire appliquer dès maintenant.


26,29- 28,50  Question 7 (david)
C’est pareil, ça dépend de la source de l’information. Si l’on prend Internet comme exemple, vous serez toujours inquiet si votre seule source d’information vient d’Internet . Avant, je regardais l’actualité et les commentaires en ligne, mais je ne les regarde plus parce qu’en effet quand vous regardez ces commentaires, vous serez sans doute très choqué en croyant que Taïwan est un pays regorgé de haine. Mais, dans mon expérience, la plupart de mes amis, tous les membres de ma famille sont pour l’abolition de la peine de mort.  C’est sûr aussi que, parmi eux, certains soutiennent la peine de mort. Ils sont comme nous, des gens ordinaires . Il ne veulent que vivre en paix. Il ne vont pas écrire des commentaires horribles. Ainsi, je me suis dit, si on veut parler de la peine de mort, et qu'on imagine que les gens avec qui on parle sont ceux qui laissent des critiques terribles et haineuses, on va perdre la confiance qu'on porte aux gens et on va se tromper sur le compte des gens à qui on doit s’adresser. Nous devons nous rendre compte que 80 dse la population est contre l’abolition. Ce sont des gens comme nous, des gens que l’on voit dans la rue ,des gens qui travaillent tous les jours. Il ne sont pas ceux qui font de tels commentaires. C’est pour ça que je me suis aperçu que la situation n’est pas si sombre. D’après mon expérience, si vous avez l’occasion comme lors de conférences de faire face aux gens pour discuter de l’abolition, nous pourrons voir que la plupart des gens vont avoir une perspective sur la peine de mort en disant “la peine de mort n’est pas aussi positive que je croyais ...” S’ils reçoivent plus d’informations, ils comprendront que la peine de mort n'est pas sans problème. Peut-être qu'ils ne vont pas changer de position. La chose ne va jamais comme ça ... Notre travail est de leur fournir le plus d’informations possible et de leur proposer une autre façon de penser la peine de mort. Selon mon expérience, la plupart des gens vont essayer d’y réfléchir et même accepter... Il existe certainement cette possibilité de changer.  Si l’on continue de communiquer avec les gens, il se peut que cela arrive bientôt. Donc, je ne suis pas très pessimiste, bien que les résultats des sondages ne correspondent pas à mon observation. Mais si l’on observe plus attentivement, on s'aperçoit que l'opinion publique peut être changée. 


Q8 (Régine)

Régine國內外都有很多在討論廢死的文章,您認為這些作品當中,哪一個最具代表性?

Lin Xin-Yi巴丹戴爾他寫的那個《為廢除死刑而戰》,對我們來講,那個時候2006年左右吧,那時候我們很⋯⋯感動,因為你看到一個人,他是律師,他為死刑犯辯護,後來他成為法國的法務部長,然後他帶領法國廢除了死刑,然後他一直到現在都還是全世界廢除死刑很重要的領袖人物,他已經80幾歲了吧,他還努力地在為廢除死刑而奔走,所以那時候我覺得那本書給了很多廢死運動者很大的鼓勵。我覺得到2010年的時候,張娟芬出版的《殺戮的艱難》,它是一個本土的創作,更貼近我們台灣社會的一個觀察,很多人被這本書給感動,或是給影響到,因為它很理性的,她在說理,但是她又用很溫柔的方式,而且她提供了很多的資訊跟資料,張娟芬的《殺戮的艱難》我覺得是很重要的,對台灣來講是很重要的一本書、一本出版。

Régine : Dans de nombreux articles taïwanais ou étrangers mentionnent la question de la peine de mort, quels textes sur la peine de mort vous semble-t-il fondateurs ? 


Lin Xin-Yi : En 2006, l’œuvre de Robert Badinter, Contre la peine de mort, était touchant pour nous parce qu’on voyait qu’un homme, un avocat, il plaidait pour défendre un condamné. Après, il devenait ministre de la justice en France et il menait la France à opter pour l’abolition de la peine de mort. Jusqu’à présent, il est le dirigeant le plus important dans le monde. Maintenant, il a quatre vingt ans et quelques, il se consacre encore à l’abolition de la peine capitale. Je pense qu’il a apporté beaucoup d’encouragements aux animateurs de l’abolition de la peine de mort. De plus, 殺戮的艱難 de Chang Chuan-Fen (張娟芬), une œuvre taïwanaise publiée en 2010, est plus proche de la société de Taïwan par son observation. De nombreuses personnes ont été touchées par ce livre qui a une influence sur beaucoup de lecteurs grâce à l'efficacité de son analyse rationnelle. Chang Chuan-Fen  expose ses arguments avec une méthode douce et donne de nombreuses références. C’est donc une publication importante pour Taïwan.

30,16-32,39  Question 9 (david)
En effet, la raison pour laquelle ils ont fait cette pièce de théâtre, c’est qu’au début, il y avait une maison d’édition qui allait publier La Réflexion sur la Guillotine. Le traducteur 坤庸(pas sûr) nous a contacté pour la promotion de ce livre. Il m’a dit qu’il aimait aussi Le dernier jour d’un condamné et que ce livre avait été mis en scène. Puis il a voulu en discuter avec son ami 陳以文. C’était aussi à ce moment-là que Chen nous a dit qu’il voulait faire une adaptation théâtrale de ce livre. Nous nous sommes dit “Quelle  coïncidence !” Nous venions de parler de ce projet. 坤庸 nous a dit qu’il voulait retraduire ce livre de Victor Hugo. Ce serait une version taïwanaise parce que nous ne pouvons trouver sur le marché que des traductions chinoises. Il ne les trouve pas très bonnes. C’est pour ça qu’il voulait s’engager dans ce projet de traduction. Sa traduction sera publiée l’année prochaine. Pourtant, Chen voulait une adaptation avec des éléments propre à Taiwan.

Lorsque j’ai vu cette pièce (j’ai assisté à leurs répétitions et je suis allée voir la séance du 10 octobre) ce qui m’a frappé le plus, c’était la scène il a montré la vie de ce condamné, avant l'exécution. Ce n’est jamais comme une feuille de papier vierge. Il doit y avoir des raisons pour qu’il commette un crime. La vie de ce condamné, et même sa mort ne laisse jamais un vide. Sa famille, ses amis doivent souffrir à cause de son exécution. Pour moi, pour réfléchir à la peine de mort, il ne faut pas le réduire à une exécution  Il faut voir tous les aspects, non seulement la raison pour laquelle le crime a été commis, mais aussi combien de personnes sont affectées par la peine de mort. Si l’on arrive à voir tous ces aspects, on ne va pas dire naïvement que l’on va soutenir la peine de mort et que l’on veut que le criminel soit mort puisque la peine de mort a de très nombreuses conséquences.