mardi 22 décembre 2015

Cours n° 13 Écriture radiophonique I Le style orale à l'écrit.

Plan du cours  

1 - Commentaires sur le questionnaire proposé par David et Elisabeth et analyses après interview. 

2 - Lucrèce Borgia : un extrait (monologue). Contexte historique. Analyse rapide de la situation post-dilemme. Questionnaire pour Fanny Perreau et David Bobée ?

3 - Écriture radiophonique. Une écriture paradoxale. Le style oral à l'écrit. 

4 - Exercice d'écriture : rédiger la conclusion du documentaire sur la "peine de mort à Taiwan"?

5 - Montage : ajouter la question 6 de l'entretien de Madame Lin ? 


小雞 interviewé par Régine et Angélique

那我懂你意思了





I - Je commente rapidement le questionnaire proposé par David et Elisabeth



Questions d’interview avec professur Stéphanie Shuling Tsai
La 1ère partie :

1.        Pourriez-vous vous présenter et presenter votre parcours intellectuel?
2.        Qu’est-ce que la mode d’après vous ?
3.        Sophie Hong a indiqué que la mode concerne profondément la vie, et que l’important consiste à élever la qualité de la vie et à créer de la valeur. 
              i.            Qu’en pensez-vous ? 
            ii.            La mode est-elle une esthétique ? 
           iii.            Si oui, quel rôle a-t-elle dans la vie quotidienne ? 
4.        Selon Sophie Hong, l’objectif de sa création est de trouver l’harmonie entre les vêtements et l’homme, le confort est de première importance, C’est pourquoi elle préfère utiliser plutôt des matériaux naturels qui sont en plus, bon pour l’environnement. Pourriez-vous nous donner votre avis ?
La 2ème partie :
1.        Que pensez-vous du phénomène de « cheap fashion » à Taïwan ?
2.        Pourquoi, selon vous, même s’il y a plusieurs designers taïwanais qui sont assez célèbres et représentatifs, nous ne sommes pas aussi développé dans le domaine de la mode en comparaison des pays occidentaux en particuliers d’un pays comme la France ?
3.        Dans le livre de Deleuze sur Foucault, Deleuze propose la notion de « Homme Forme » en affirmant que l’homme moderne est composé de la vie du travail et du langage. D’après vous, quel est le rapport entre l’« homme moderne » et la « mode » ?
La 3ème partie :
2.        Connaissez-vous Système de la Mode de Roland Barthes Que pensez-vous de ses annalyses sur la notion de dénotation et celle de métalangage ?  Cette question est trop générale. Rappelez peut-être que R. Barthes a été le premier a revaloriser les métiers de la mode en les considérant comme le métier de styliste comme un métier technique. Donc plutôt : Que pensez-vous de l’entreprise de revalorisation de la mode par Roland Barthes ? 
3.        Est-ce que selon vous les analyses sur la mode de Barthes correspondent à la mode, la situation taïwanaise ? Pourquoi ? Non. L’intérêt de l’analyse sémiotique, c’est de considérer que ce système de signes est universel. Il est donc vrai pour Taiwan comme pour la France. L’ambition de Barthes dans le Système de la mode est scientifique. 
Donc plutôt l’inclure dans la question précédente ainsi : Que pensez-vous de l’entreprise « scientifique » de revalorisation de la mode par Roland Barthes ? 

4.        Est-ce qu’à votre avis, le costume est une institution sociale ? Oui mais sous cette forme pas spécifique à Barthes. Posez cette question en amont. Ou vous pouvez la formulez ainsi : 
Pour Barthes quand la mode n’est pas technique, elle est représentation du monde. Il dit par exemple : 
« La mode fait partie de tous les faits de néomanie qui sont apparus dans notre civilisation probablement avec la naissance du capitalisme : le nouveau est, d’une façon tout à fait institutionnelle, une valeur qui s’achète » (SDM, p 302.)
Qu’en pensez-vous ?  

5.        Selon Roland Barthes, la mode fonctionne comme le langage, un système clos. Oui, mais attention, quand R.B. dit que la mode est comme un langage, ce n’est pas une comparaison ! Ce serait un contre-sens de penser cela. C’est un système symbolique qui peut être analysé comme un langage. Les processus mentaux qui organise ce système sont les mêmes que pour le langage (et pour tout autre système). Il faut repérer des unités et comprendre la logique de construction. 
La technicité de la mode, on la retrouve chez Hong. Il y a une part de recherche, chez elle, importante : cf la Soie Hong, la recherche de matériaux traditionnels 
De ce point de vue, Barthes analyse la mode sans préjugé. Avant de dire que la mode, est  un véhicule d’oppression de la femme dans une société machiste. Ce n’est pas son propos. Il dit que c’est une forme d’expression. Son point de vue est féministe.
Donc plutôt : une des vertus du Système de la mode est sa portée féministe. Pour la première fois, on prend au sérieux une activité traditionnellement considérée comme futile. Êtes-vous sensible à ce féminisme ? Est-il valable dans un contexte taïwanais ?  
              i.            D’après vous, est-ce qu’on peut penser la mode non pas comme le système de la mode mais qu’on peut avoir une autre réflexion sur la relation entre l’homme et la mode, par exemple comme un système du langage qui se fonctionne à soi-même ? (formulation peu claire)
            ii.            (précise) Est-il possible que l’on puisse penser le lien entre l’homme moderne (tel que Deleuze le définit) et la mode comme une construction du langage  système de signe) ?

Encore une fois, pour éviter les généralités, il vaut mieux en profiter pour citer les textes ou expression qui vous semble pertinentes : R. B. dit que « … »

Il y a une autre dimension, plus banale, mais dont il faut parler et qui est présent chez Hong, c’est celle du luxe. Là, il faut l’articuler avec la question sur la « cheap fashion » qui est à l’opposé de son style. Mais cela correspond également aux analyses de Barthes et à la distinction qu’il fait entre les magazines de mode populaires et les magazines de mode élitistes.




Lucrèce Borgia, mise en scène David Bobée



II - Lucrèce Borgia : un extrait (monologue). Contexte historique. Analyse rapide de la situation post-dilemme.  Questionnaire pour Fanny Perreau et David Bobée ?

Résumé de la pièce 
Sur Ferrare règne la sombre et vénéneuse Lucrèce Borgia, femme de pouvoir aux mains tâchées de sang, au corps incestueux, ajoutant aux crimes des Borgia celui de fratricide. Gennaro, le fruit de son union avec son frère, ignore l’identité de ses parents. Lors d’un bal à Venise, Gennaro courtise une belle masquée, avant de découvrir avec horreur le visage de Lucrèce, tremblante d’amour pour ce fils qu’elle approche en secret, dissimulée dans la féerie du carnaval. Piquée par l’affront des amis de Gennaro qui l’ont démasquée, et soupçonnée d’adultère par son mari Don Alphonse, Lucrèce enclenche une vengeance déchirante dont l’implacable dessein ne peut être qu’inextricablement lié à la destinée de son fils. 
"Lucrèce Borgia" par Bartolomeo Veneto


Lucrèce Borgia de Victor Hugo Acte 2 scène 6

Dona Lucrezia, Gennaro. On voit toujours dans le compartiment Rustighello immobile derrière la porte masquée.


Dona Lucrezia. Gennaro ! -vous êtes empoisonné !
Gennaro. Empoisonné, madame !
Dona Lucrezia. Empoisonné !
Gennaro. J'aurais dû m'en douter, le vin étant versé par vous.
Dona Lucrezia. Oh ! Ne m'accablez pas, Gennaro. Ne m'ôtez pas le peu de force qui me reste et dont j'ai besoin encore pour quelques instans. -écoutez-moi. Le duc est jaloux de vous, le duc vous croit mon amant. Le duc ne m'a laissé d'autre alternative que de vous voir poignarder devant moi par Rustighello, ou de vous verser moi-même le poison. Un poison redoutable, Gennaro, un poison dont la seule idée fait pâlir tout italien qui sait l'histoire de ces vingt dernières années...
Gennaro. Oui, le poison des Borgia !
Dona Lucrezia. Vous en avez bu. Personne au monde ne connaît de contre-poison à cette composition terrible, personne, excepté le pape, Monsieur De Valentinois, et moi. Tenez, voyez cette fiole que je porte toujours cachée dans ma ceinture. Cette fiole, Gennaro, c'est la vie, c'est la santé, c'est le salut. Une seule goutte sur vos lèvres, et vous êtes sauvé !
Elle veut approcher la fiole des lèvres de Gennaro,
il recule.
Gennaro, la regardant fixement. Madame, qui est-ce qui me dit que ce n'est pas cela qui est du poison ?
Dona Lucrezia, tombant anéantie sur le fauteuil. ô mon dieu ! Mon dieu !
Gennaro. Ne vous appelez-vous pas Lucrèce Borgia ? -est-ce que vous croyez que je ne me souviens pas du frère de Bajazet ? Oui, je sais un peu d'histoire ! On lui fit accroire, à lui aussi, qu'il était empoisonné par Charles Viii, et on lui donna un contre-poison dont il mourut. Et la main qui lui présenta le contre-poison, la voilà, elle tient cette fiole. Et la bouche qui lui dit de le boire, la voici, elle me parle !
Dona Lucrezia. Misérable femme que je suis !
Gennaro. écoutez, madame, je ne me méprends pas à vos semblans d'amour. Vous avez quelque sinistre dessein sur moi. Cela est visible. Vous devez savoir qui je suis. Tenez, dans ce moment-ci, cela se lit sur votre visage que vous le savez, et il est aisé de voir que vous avez quelque insurmontable raison pour ne me le dire jamais. Votre famille doit connaître la mienne, et peut-être à cette heure ce n'est pas de moi que vous vous vengeriez en m'empoisonnant ; mais, qui sait ? De ma mère !
Dona Lucrezia. Votre mère, Gennaro ! Vous la voyez peut-être autrement qu'elle n'est. Que diriez-vous si ce n'était qu'une femme criminelle comme moi ?
Gennaro. Ne la calomniez pas. Oh ! Non ! Ma mère n'est pas une femme comme vous, Madame Lucrèce ! Oh ! Je la sens dans mon coeur et je la rêve dans mon ame telle qu'elle est ; j'ai son image là, née avec moi ; je ne l'aimerais pas comme je l'aime si elle n'était pas digne de moi ; le coeur d'un fils ne se trompe pas sur sa mère. Je la haïrais si elle pouvait vous ressembler. Mais non, non. Il y a quelque chose en moi qui me dit bien haut que ma mère n'est pas un de ces démons d'inceste, de luxure, et d'empoisonnement comme vous autres, les belles femmes d'à présent. Oh dieu ! J'en suis bien sûr, s'il y a sous le ciel une femme innocente, une femme vertueuse, une femme sainte, c'est ma mère ! Oh ! Elle est ainsi, et pas autrement ! Vous la connaissez, sans doute, Madame Lucrèce, et vous ne me démentirez point !
Dona Lucrezia. Non, cette femme-là, Gennaro, cette mère-là, je ne la connais pas !
Gennaro. Mais devant qui est-ce que je parle ainsi ? Qu'est-ce que cela vous fait à vous, Lucrèce Borgia, les joies ou les douleurs d'une mère ! Vous n'avez jamais eu d'enfans, à ce qu'on dit, et vous êtes bien heureuse. Car vos enfans, si vous en aviez, savez-vous bien qu'ils vous renieraient, madame ? Quel malheureux assez abandonné du ciel voudrait d'une pareille mère ? être le fils de Lucrèce Borgia ! Dire ma mère à Lucrèce Borgia ! Oh ! ...
Dona Lucrezia. Gennaro ! Vous êtes empoisonné ; le duc, qui vous croit mort, peut revenir à tout moment ; je ne devrais songer qu'à votre salut et à votre évasion, mais vous me dites des choses si terribles que je ne puis faire autrement que de rester là, pétrifiée, à les entendre.
Gennaro. Madame...
Dona Lucrezia. Voyons ! Il faut en finir. Accablez-moi, écrasez-moi sous votre mépris ; mais vous êtes empoisonné, buvez ceci sur-le-champ !
Gennaro. Que dois-je croire, madame ? Le duc est loyal, et j'ai sauvé la vie à son père. Vous, je vous ai offensée, vous avez à vous venger de moi.
Dona Lucrezia. Me venger de toi, Gennaro ! -il faudrait donner toute ma vie pour ajouter une heure à la tienne, il faudrait répandre tout mon sang pour t'empêcher de verser une larme, il faudrait m'asseoir au pilori pour te mettre sur un trône, il faudrait payer d'une torture de l'enfer chacun de tes moindre plaisirs, que je n'hésiteraispas, que je ne murmurerais pas, que je serais heureuse, que je baiserais tes pieds, mon Gennaro ! Oh ! Tu ne sauras jamais rien de mon pauvre misérable coeur, sinon qu'il est plein de toi ! -Gennaro, le temps presse, le poison marche, tout à l'heure tu le sentirais, vois-tu ! Encore un peu, il ne serait plus temps. La vie ouvre en ce moment deux espaces obscurs devant toi, mais l'un a moins de minutes que l'autre n'a d'années. Il faut te déterminer pour l'un des deux. Le choix est terrible. Laisse-toi guider par moi. Aie pitié de toi et de moi, Gennaro. Bois vite, au nom du ciel !
Gennaro. Allons, c'est bien. S'il y a un crime en ceci, qu'il retombe sur votre tête. Après tout, que vous disiez vrai ou non, ma vie ne vaut pas la peine d'être tant disputée. Donnez.


- le principe du drame hugolien
- le portrait ambigu de Lucrèce Borgia
- le dilemme classique revisité


3 - Écriture radiophonique. Une écriture paradoxale. Le style oral à l'écrit. 

Les formations aux métiers de la radio (stages en radio ou formations en EDJ) affirment unanimement que la radio est un média paradoxal parce qu’il faut savoir écrire « parlé », c’est-à-dire se débarrasser des réflexes littéraires propres à nos formations scolaires, universitaires, académiques. On nous enseigne qu’à la radio il ne faut pas parler comme on écrit ! Quelles raisons justifient une telle injonction ? Même si la radio est le média de l’audition, l’expérience montre effectivement que tout ce qui s’y produit est en grande partie « écrit », couché sur le papier, avant d’être lu. Or puisque l’on ne doit pas parler comme on écrit, il faut s’efforcer de donner l’illusion qu’on s’exprime oralement, sans quoi la radio risquerait d’être inaudible et perdrait ses auditeurs. Cet aspect paradoxal de l’écriture radiophonique est discutable en vérité. Il se trouve que la norme selon laquelle, à la radio, il faut écrire « parlé », norme qui relègue les compétences littéraires à de vilaines manies qu’il faudrait réprimer, n’est que partiellement vraie. 

Le documentaire en particulier requiert des aptitudes de rédaction particulière. 
- Idée
- Problématique
- Structure. 

La radio n'exclut donc pas l'éloquence... bien au contraire. Même à l'échelle de la phrase, les formules peuvent être tournées de manière littéraire. 



Écouter des documentaires radio : l'émission phare du documentaire radio propose des documentaire qui excluent le commentaire mais qui sont pourtant très travaillés. 

http://www.franceculture.fr/emission-les-pieds-sur-terre-1




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