mercredi 9 décembre 2015

Cours n° 11 sémiologie de la musique. Du triangle culinaire de Lévi-strauss à la tripartition musicale de Molino.


 Entretien avec Sophie Hong le 28 novembre 2005 dans sa boutique 
avec 熊心沂 (Elisabeth), 何俊宏 (David), Ivan Gros




Organisation : quelques rappels

- 10 haïkus sonores ont été envoyé à RCP. Bien reçus et appréciés. Écoutons les Haïkus des uns et des autres qui seront prochainement envoyés.

-  Portrait de 陳以文 a été envoyé à BFT avec photos et textes de présentation.  Écoutons la sauvegarde du portrait sur Soundcloud : https://soundcloud.com/ivan-546966006/portrait-chen-yi-wen-version-finale-2. Prochains portraits. Sophie Hong (manque le son) cf. déjà un portrait : https://www.youtube.com/watch?v=CBP36cy75UkFélix Amedam.  Jean-François Danis (Ou Arnaud Lechat).

I - Exercices sur les conducteurs d'émission : je vous propose de bâtir ensemble le conducteur de l'émission. Au moins le début et de vous laisser le finir pour la semaine prochaine. 

Doc 1 : système carcéral. la peine de mort. répartition du travail.
Doc 2 : système de la mode. Faire l'entretien avec Stéphanie (Tsai Shu-lin)
Doc 3 : système de l'alimentation. Lettre pour Félix Amedam.
Doc 4 : système de la musique.

Coordonnées des personnes à contacter : 
Jean-François Danis : jfdanis@urbanaute.com
Arnaud Le Chat : maoanuo@gmail.com
 少雞 : 0983 294 204 (pas disponible le WE)


 Entretien avec Sophie Hong le 28 novembre 2005 dans sa boutique 
avec 熊心沂 (Elisabeth), 何俊宏 (David), Ivan Gros


Sémiologie de la musique 

- Rappel : Nous n'avons pas eu le temps en étudiant l'extrait de Sociologie de l'alimentation de commenter le lien avec la sémiologie (de l'alimentation). L'extrait concernant le "triangle culinaire"  (cuit, cru, pourri, p. 14-15) théorisé par  Lévi-Strauss est un bon exemple de transposition des méthodes linguistiques à l'anthropologie. On retrouve le même effort de systématisation que dans la sémiologie, le même problème de découpage dans le continuum des phénomènes.

- La sémiologie de la musique de Molino et le principe de la tripartition musicale s'inspire également de l'Anthropologie structurale de Lévi-Strauss.

- Lecture d'un extrait du Singe musicien. Plusieurs aspects nous intéressent ici.
1 - la musique comme système symbolique
2 - la distinction historique et erronée du pur et de l'impur (cf. le cuit... le cru... et le pourri pour la nourriture)
3 - la tripartition musicale (production, réception, matière)

- Cette théorie peut-elle éclairer les propositions de Régine et Angélique...

 Recherches de l'entretien : La Scène rock à Taïwan (Angélique et moi)

Pour moi, la musique est un sujet qu'on peut faire beaucoup de recherches. (c'est un sujet culturel, social, artistique...) Voici les recherches que nous aimerons faire et nous voulons vous demander quelques propositions.

1) L'Histoire du rock
2) La Musique et la sémiologie
    - le symbol du rock (aux État-Unis, en Europe, à Taïwan...)
3) La Relation entre le rock et la société
    - le rock et la résistance (ex. Mouvement Tournesol des étudiants à Taïwan)

On a déjà cherché certains livres :
1) Alain Dister, L'Âge du rock, Paris, Gallimard.
2) Jean Molino, Le singe musicien. Sémiologie et anthropologie de la musique, Paris, Actes Sud / INA, 2009. (c'est le livre que vous nous avez proposé.)
3) 搖滾樂的再思考Rock Music : Culture, Aesthetics and Sociology
4) 張鐵志,聲音與憤怒:搖滾樂可能改變世界嗎?Sounds and Fury : Can Rock & Roll Change the World ?),商周出版,2004。

II - questionnaire sur la culture rock à Taiwan

















Traduction d’interview de Sophie Hong ( 1ère partie ) par Elisabeth.
Quand j’étais jeune, je ne pensais pas beaucoup à l’avenir, je ne savais que j’aimais peindre, fabriquer des choses et beaucoup de mes amis proches se sont investis dans ce domaine. Donc, je n’ai pas choisi le département des beaux arts, mais d’abord celui de design et de mode quand je me suis inscrite à l’université, et puis mon ami m’a recommandé l’université Shih Chien qui est très renommé pour son département de design et de mode. Mais je n’aime pas beaucoup parler de la « mode », il s’agit, à mon avis, simplement de la vie, comment peut-on augmenter la qualité de notre vie pour qu’elle soit belle, et comment y créer de la valeur. Mon expérience professionnelle m’a appris ce que c’est que la mode. Elle n’est pas ce qu’on juge de l’extérieur, elle concerne également la vie elle-même, son niveau, sa qualité et sa valeur. C’est quelque chose qu’on doit, de surcroit, apprendre à ressentir. Pour ma part, après avoir travaillé plusieurs années en tant que designer, mon but est de laisser mes proches, mes amis, ou les personnes que je vois, que je connais s’habiller avec goût et délicatesse.
Tout ce qui est autour de moi dans ma vie nourrit mon inspiration. Bien sûr ce que j’ai appris à l’école est très important, sans cette base, je n’aurais pas pu mettre toutes mes connaissances en oeuvre, ni même les appliquer à les objets réels. Après une si longue expérience, ceux qui ont travaillé et conçu des vêtements avec moi m’ont été d'une grande aide et m’ont permis de découvrir de nouvelles sources d’inspirations. Quand je travaillais avec d'autres artistes, notamment pour des pièces théatrales ou musicales, des idées différentes s'agitaient en moi, et cela suscitait de nouvelles conceptions qui, pourraient probalement être présentées après sur scène, ou dans la vie quotidienne. Je me répète souvent, il faut fabriquer au bon moment ce qui convient à une personne idéale. Et c’est la devise que j’applique à mon travail.
L’art ou la peinture sont la base, tout ce que vous voyez sur le mur ou dans mon atelier  été créé ou peint par moi, sauf les peintures dont vous connaissiez peut-être les auteurs, le reste est ma création. Tous les décors sont conçus et faits à la main par moi-même. J’espère que les gens qui entrent dans ma boutique savent immédiatement qu’elle n’est pas ordinaire, et qu’ils peuvent sentir l'atmosphère spécifique de cet espace. Cela est lié au sentiment esthétique de chacun et à l'environnement dans lequel nous vivons. C’est qui correspond le mieux à l'atmosphère spécifique de l’atelier. Je fais en sorte que les gens qui entrent ici partagent le même sentiment esthétique que moi et prennent soin de la qualité de l'environnement et de leur vie quotidienne.
Le vêtement est comme une maison, donc le confort est de première importance. Cela concerne le processus de découpe des vêtements. Il faut bien le maîtriser pour que les vêtements ne comportent pas trop de découpes et qu’ils soient un peu larges, en outre, je ne veux pas que mes vêtements ressemblent à ceux qui nous font penser au style chinois ordinaire, au contraire, mon design est beaucoup plus vaste et en harmonie avec le cosmos (?) (大中華).


 Vous ne trouverez pas de boutons (attaches) traditionnels chinois représentatifs, si vous y prêtez attention, vous verrez de multiples détails très fins et délicats. Les vêtements sont réversibles. Ils sont tous faciles à manipuler. Par ailleurs, le mode fabrication provient de la dynastie Ming. D’abord on utilise des végétaux et des minéraux pour colorer les vêtements, et puis on les expose au soleil, on les trempe dans la boue, et enfin on les expose à l’air pendant trois à six mois. Ce processus est entièrement naturel. Ainsi j’aimerais le promouvoir dans notre vie quotidienne pour qu’on ait plus l’occasion de discuter des problèmes écologiques. Comment économiser l’énergie… etc. À côté de cela, qu’est-ce que la mode ?

Deuxième partie de l’entretien avec Sophie Hong (traduction David)
Pourquoi j’ai choisi Sophie Hong comme ma griffe ? J’ai fait comme la plupart des grands stylistes. Il s’agit d’assumer la responsabilité de ses œuvres. C’est ainsi que j’ai adopté mon propre nom comme signature. Mon style, c’est d’être accessible à tout le monde. Ceux qui portent mes vêtements vont faire preuve de créativité pour montrer leur personnalité. Pour les vêtements de Sophie Hong, j’adopte plutôt des matériaux naturels, comme je viens de le dire, des soies teintées aux couleurs naturelles. En été, j’utiliserai de la laine ou du chanvre et je ferai de la teinture avec de l’indigo. Cette série-là est très naturelle, très écologique. Elle est adaptée aux gens d’aujourd’hui. Par ailleurs, j’ai organisé des défilés pour mes collections pour assurer la promotion de la culture. Cela permet de faire connaître aux gens que les stylistes peuvent produire des créations de qualité. Il faut favoriser les échanges entre les cultures et partager les ressources.
De 1994 à 1996, en profitant d’une bource qu’avait offert une institution qui promouvait l’échange économique et culturel entre Taïwan et la France, j’ai eu l’occasion d’aller en France, à Besançon; puis je suis arrivée à paris où j’ai acquis un savoir-faire spécifique en Haute Couture Parisienne. J’y ai passé un an. Là, j’ai rencontré un professeur espagnol. Le plus important de ce séjour, c’était que j’ai pu savoir ce que les gens faisaient. Je voulais aussi savoir comment je pourrais être plus compétitive. Pour qu’une marque soit connue, il faut la faire connaître. C’était à partir de ce moment que j’ai commencé à faire ça.
Bien sûr, avant ce stage, comme je n’étais pas comme les autres étudiants qui partaient en France dès la fin de leurs études, j’avais déjà eu l’occasion de faire plusieurs shows et j’avais été invitée à l’étranger plusieur fois. En 1994, avant mon départ en France, j’ai été invité à Singapour en tant que jury d’une compétition pour les nouveaux stylistes. C’était là que j’ai rencontré un styliste japonais (Jon coco shino ?). Il m’a demandé si j’avais un attaché de presse à Paris. Je lui ai répondu que non. Il m’a ainsi présenté le sien. C’était à ce moment-là que j’ai commencé ma carrière à Paris où j’ai organisé plusieurs expositions. J’ai adopté les moyens qui me convenaient pour lancer ma carrière. Je ne faisais pas comme les débutants qui venaient de commencer leur carrière. J’avais déjà atteint à un certain niveau. J’avais déjà un objectif et des clients. Mais maintenant, les défilés ne me suffisent plus .....
Les défilés ne sont pas comme la plupart des gens les croient. Il doit y avoir des artistes, un directeur... Une fois, nous avons passé 3 jours dans le studio de mon attaché de pressse. Nous avons recruté 30 mannequins. Tout était bien organisé. Pendant le défilé, un musicien du nom d’Alain Menier jouait de la contrebasse. Tout était soigneusement arrangé. C’est que je voulais que les spectateurs ressentent l’ambiance. Organiser un défilé sert à montrer ce dont je suis capable. Cette fois-là j’avais apporté un tissu que j’avais peint à la main. Il fait 50 mètres de longeur. J’ai fait un vêtement avec le tissu. Normalement quand je fais des shows à la galérie, je l’apporte pour le montrer. Je voudrais faire connaître ce qu’est la soie Hong (湘雲紗) aux gens qui ne la connaissent pas et qui diront dès le premier regard que c’est tout foncé et qu’il n’y a que du noir et du brun. Je voudrais apprendre aux gens qu’un vêtement n’est pas fait seulement pour une personne. C’est fait pour tout le monde et ils pourront créer avec leurs propres styles. C’est ainsi que l’on a choisi des mannequins très différents. L’un a le torse nu avec un tatouage sur la poitrine, un autre plus âgé, poivré-sel. Il y a aussi des blancs, des noirs , des jaunes , des jeunes, des hommes et des femmes...

Nous pouvons penser le vêtement comme quelque chose de local ou universel et y réfléchir pour les hommes du futur. Taïwan est connue par exemple pour la fabrication de vêtements fonctionnels très serrés, qui sont utiles en hiver. Mais on doit aussi réfléchir à comment fabriquer des vêtements avec des matériaux naturels. C ‘est l’enjeu de mon travail.


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