Entretien avec Sophie Hong le 28 novembre 2005 dans sa boutique
avec 熊心沂 (Elisabeth), 何俊宏 (David), Ivan Gros
Organisation : quelques rappels
- 10 haïkus sonores ont été envoyé à RCP. Bien reçus et appréciés. Écoutons les Haïkus des uns et des autres qui seront prochainement envoyés.
- Portrait de 陳以文 a été envoyé à BFT avec photos et textes de présentation. Écoutons la sauvegarde du portrait sur Soundcloud : https://soundcloud.com/ivan-
I - Exercices sur les conducteurs d'émission : je vous propose de bâtir ensemble le conducteur de l'émission. Au moins le début et de vous laisser le finir pour la semaine prochaine.
Doc 1 : système carcéral. la peine de mort. répartition du travail.
Doc 2 : système de la mode. Faire l'entretien avec Stéphanie (Tsai Shu-lin)
Doc 3 : système de l'alimentation. Lettre pour Félix Amedam.
Doc 4 : système de la musique.
Coordonnées des personnes à contacter :
Jean-François Danis : jfdanis@urbanaute.com
Arnaud Le Chat : maoanuo
少雞 : 0983 294 204 (pas disponible le WE)
Entretien avec Sophie Hong le 28 novembre 2005 dans sa boutique
avec 熊心沂 (Elisabeth), 何俊宏 (David), Ivan Gros
Sémiologie de la musique
- Rappel : Nous n'avons pas eu le temps en étudiant l'extrait de Sociologie de l'alimentation de commenter le lien avec la sémiologie (de l'alimentation). L'extrait concernant le "triangle culinaire" (cuit, cru, pourri, p. 14-15) théorisé par Lévi-Strauss est un bon exemple de transposition des méthodes linguistiques à l'anthropologie. On retrouve le même effort de systématisation que dans la sémiologie, le même problème de découpage dans le continuum des phénomènes.
- La sémiologie de la musique de Molino et le principe de la tripartition musicale s'inspire également de l'Anthropologie structurale de Lévi-Strauss.
- Lecture d'un extrait du Singe musicien. Plusieurs aspects nous intéressent ici.
1 - la musique comme système symbolique
2 - la distinction historique et erronée du pur et de l'impur (cf. le cuit... le cru... et le pourri pour la nourriture)
3 - la tripartition musicale (production, réception, matière)
- Cette théorie peut-elle éclairer les propositions de Régine et Angélique...
Recherches de l'entretien : La Scène rock à Taïwan (Angélique et moi)
Pour moi, la musique est un sujet qu'on peut faire beaucoup de recherches. (c'est un sujet culturel, social, artistique...) Voici les recherches que nous aimerons faire et nous voulons vous demander quelques propositions.
1) L'Histoire du rock
2) La Musique et la sémiologie
- le symbol du rock (aux État-Unis, en Europe, à Taïwan...)
3) La Relation entre le rock et la société
- le rock et la résistance (ex. Mouvement Tournesol des étudiants à Taïwan)
On a déjà cherché certains livres :
1) Alain Dister, L'Âge du rock, Paris, Gallimard.
2) Jean Molino, Le singe musicien. Sémiologie et anthropologie de la musique, Paris, Actes Sud / INA, 2009. (c'est le livre que vous nous avez proposé.)
3) 搖滾樂的再思考(Rock Music : Culture, Aesthetics and Sociology)
4) 張鐵志,聲音與憤怒:搖滾樂可能改變世界嗎?(Sounds and Fury : Can Rock & Roll Change the World ?),商周出版,2004。
II - questionnaire sur la culture rock à Taiwan
Traduction d’interview de Sophie Hong ( 1ère
partie ) par Elisabeth.
Quand j’étais jeune, je ne pensais pas beaucoup à
l’avenir, je ne savais que j’aimais peindre, fabriquer des choses et beaucoup
de mes amis proches se sont investis dans ce domaine. Donc, je n’ai pas choisi le département des beaux arts, mais d’abord celui de design et de mode quand je me
suis inscrite à l’université, et puis mon ami m’a recommandé l’université Shih Chien qui est très renommé pour son
département de design et de mode. Mais je n’aime pas
beaucoup parler de la « mode », il s’agit, à mon avis, simplement de la vie, comment peut-on augmenter
la qualité de notre vie pour qu’elle soit belle, et comment y créer de la
valeur. Mon expérience professionnelle m’a appris ce que c’est que la mode. Elle n’est pas ce qu’on juge de l’extérieur, elle concerne
également la vie elle-même, son niveau, sa qualité et sa valeur. C’est quelque chose qu’on doit, de surcroit, apprendre à
ressentir. Pour ma part, après avoir travaillé
plusieurs années en tant que designer, mon but est de laisser mes proches, mes
amis, ou les personnes que je vois, que je
connais s’habiller avec goût et délicatesse.
Tout ce qui est autour de
moi dans ma vie nourrit
mon inspiration. Bien sûr ce que j’ai appris à l’école est très
important, sans cette base, je n’aurais pas pu
mettre toutes mes connaissances en oeuvre, ni même les appliquer à les objets réels. Après
une si longue expérience, ceux qui ont travaillé et conçu des
vêtements avec moi m’ont été d'une grande
aide et m’ont permis de découvrir de nouvelles sources d’inspirations. Quand je travaillais avec
d'autres artistes, notamment pour des pièces théatrales
ou musicales, des idées différentes s'agitaient en moi, et cela suscitait de
nouvelles conceptions qui, pourraient probalement
être présentées après sur scène, ou dans la vie
quotidienne. Je me répète souvent, il faut fabriquer au bon moment ce qui convient à une personne idéale. Et
c’est la devise que
j’applique à mon travail.
L’art ou la peinture sont la
base, tout ce que vous voyez sur le mur ou dans mon atelier été créé ou peint par moi, sauf les peintures dont vous
connaissiez peut-être les auteurs, le reste est
ma création. Tous les décors sont conçus et faits à la main par moi-même.
J’espère que les gens qui entrent dans ma boutique savent immédiatement qu’elle
n’est pas ordinaire, et qu’ils peuvent sentir
l'atmosphère spécifique de cet espace. Cela est lié au sentiment esthétique de
chacun et à l'environnement dans lequel nous vivons. C’est qui correspond le
mieux à l'atmosphère spécifique de l’atelier. Je fais
en sorte que les gens qui entrent ici partagent
le même sentiment esthétique que moi et prennent
soin de la qualité de l'environnement et de leur vie quotidienne.
Le vêtement est comme une maison, donc le confort est de
première importance. Cela concerne le processus de découpe
des vêtements. Il faut bien le maîtriser pour que les vêtements ne comportent pas
trop de découpes et qu’ils soient un peu larges,
en outre, je ne veux pas que mes vêtements
ressemblent à ceux qui nous font penser au style
chinois ordinaire, au contraire, mon design est
beaucoup plus vaste et en harmonie avec le cosmos (?) (大中華).
Vous ne trouverez pas de
boutons (attaches) traditionnels chinois
représentatifs, si vous y prêtez attention, vous verrez
de multiples détails très fins et délicats. Les vêtements sont réversibles. Ils sont tous faciles
à manipuler. Par ailleurs, le mode
fabrication provient de la dynastie Ming. D’abord on utilise des végétaux et des minéraux
pour colorer les vêtements, et puis on les expose au soleil, on les trempe dans
la boue, et enfin on les expose à l’air pendant
trois à six mois. Ce processus est entièrement
naturel. Ainsi j’aimerais le promouvoir dans notre vie quotidienne pour qu’on
ait plus l’occasion de discuter des problèmes écologiques. Comment économiser l’énergie… etc. À
côté de cela, qu’est-ce que la mode ?
Deuxième partie de l’entretien avec Sophie Hong (traduction David)
Pourquoi j’ai choisi Sophie Hong comme ma griffe ? J’ai
fait comme la plupart des grands stylistes. Il s’agit d’assumer la responsabilité de
ses œuvres. C’est ainsi que j’ai adopté mon propre
nom comme signature. Mon style, c’est d’être accessible à tout le monde. Ceux
qui portent mes vêtements vont faire preuve de
créativité pour montrer leur personnalité. Pour les vêtements de Sophie Hong,
j’adopte plutôt des matériaux naturels, comme je
viens de le dire, des soies teintées aux couleurs naturelles. En été, j’utiliserai de la laine ou du
chanvre et je ferai de la teinture avec de
l’indigo. Cette série-là est très naturelle,
très écologique. Elle est adaptée aux gens d’aujourd’hui. Par ailleurs, j’ai organisé
des défilés pour mes collections pour assurer la
promotion de la culture. Cela permet de faire
connaître aux gens que les stylistes peuvent produire
des créations de qualité. Il faut favoriser les échanges entre
les cultures et partager les ressources.
De 1994 à 1996, en profitant d’une bource qu’avait offert une institution
qui promouvait l’échange économique et culturel entre Taïwan
et la France, j’ai eu l’occasion d’aller en France, à Besançon;
puis je suis arrivée à paris où j’ai acquis un
savoir-faire spécifique en Haute Couture
Parisienne. J’y ai passé un an. Là, j’ai rencontré un professeur espagnol. Le
plus important de ce séjour, c’était que j’ai pu savoir ce que les gens
faisaient. Je voulais aussi savoir comment je pourrais être plus compétitive.
Pour qu’une marque soit connue, il faut la faire
connaître. C’était à partir de ce moment que j’ai commencé à faire ça.
Bien sûr, avant ce stage, comme je n’étais pas comme les autres étudiants
qui partaient en France dès la fin de leurs études, j’avais déjà eu l’occasion de faire plusieurs shows et j’avais été invitée à l’étranger plusieur
fois. En 1994, avant mon départ en France, j’ai été invité à Singapour en tant que jury d’une compétition pour
les nouveaux stylistes. C’était là que j’ai rencontré un styliste japonais (Jon
coco shino ?). Il m’a demandé si j’avais un attaché de presse à Paris. Je lui ai répondu que non.
Il m’a ainsi présenté le sien. C’était à ce moment-là que j’ai commencé ma
carrière à Paris où j’ai organisé plusieurs
expositions. J’ai adopté les moyens qui me convenaient pour lancer ma carrière.
Je ne faisais pas comme les débutants qui
venaient de commencer leur carrière. J’avais déjà atteint à un certain niveau.
J’avais déjà un objectif et des clients. Mais maintenant, les défilés ne me suffisent
plus .....
Les défilés ne sont pas comme la plupart
des gens les croient. Il doit y avoir des
artistes, un directeur... Une fois, nous avons
passé 3 jours dans
le studio de mon attaché de pressse. Nous avons recruté 30 mannequins. Tout
était bien organisé. Pendant le défilé, un musicien du
nom d’Alain Menier jouait de la contrebasse. Tout était soigneusement arrangé. C’est que je voulais que les spectateurs ressentent
l’ambiance. Organiser un défilé sert à montrer
ce dont je suis capable. Cette fois-là j’avais
apporté un tissu que j’avais peint à la main. Il fait 50 mètres de longeur.
J’ai fait un vêtement avec le tissu. Normalement quand je fais des shows à la galérie, je l’apporte pour le montrer. Je voudrais faire connaître ce qu’est la soie Hong (湘雲紗) aux gens qui ne la connaissent pas et qui diront dès le premier regard que c’est tout foncé et qu’il n’y a que du noir et du brun. Je voudrais
apprendre aux gens qu’un vêtement n’est pas fait seulement pour une
personne. C’est fait pour tout le monde et ils
pourront créer avec leurs propres styles. C’est ainsi que l’on a choisi
des mannequins très différents. L’un a le torse nu avec un
tatouage sur la poitrine, un autre plus âgé, poivré-sel.
Il y a aussi des blancs, des noirs , des jaunes , des jeunes, des
hommes et des femmes...
Nous pouvons penser le vêtement comme quelque chose de local ou universel et y réfléchir pour les hommes du futur. Taïwan est
connue par exemple pour la fabrication de vêtements fonctionnels très serrés, qui sont
utiles en hiver. Mais on doit aussi réfléchir à comment
fabriquer des vêtements avec des matériaux naturels. C ‘est l’enjeu de mon
travail.
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