mardi 26 décembre 2017

Cours n°55 Bd de reportage 13 préparation de l'entretien avec Pierre Loisel. Séance pratique avec Xavier Mehl. Conférence avec Xiao Zhuang.



Angélique (金 煜婕), Jou (曾柔) et Zoé au cours d'une séance de croquis à NCU à l'ombre de la statue de Ju-ming. 



I - Deux textes théoriques :

Ann Miller "Citizenship and City Spaces" in Bande dessinée as reportage.
in History and Politics in French-Language Comics and Graphic Novels, edited by Mark McKinney

Séverine Bourdieu, « Le reportage en bande dessinée dans la presse actuelle : un autre regard sur le monde », COnTEXTES [Online], 11 | 2012, Online since 16 May 2012, connection on 21 November 2017. URL : http://contextes.revues.org/5362 ; DOI : 10.4000/contextes.5362


II - retour sur le questionnaire de 小莊 et sur le texte sur le festival d'Angoulème

Il faut interroger le rapport à l'institution et à Angoulême...

La reconnaissance institutionnelle est paradoxale en Europe, puisque la BD dessinée s'est développé dans la marginalité (selon un ethos underground). Est-ce le cas à Taiwan ? Le sujet de "mes années 80" semble le confirmer...

Présence à Angoulème : http://www.akata.fr/actus/sean-chuang-en-france-pour-angouleme

L'institution n'est pas seulement Angoulême, c'est aussi les Maisons d'éditions. Ce sont elles qui publient, investissent, decident de mettre en valeur tels dessinateurs, organisent des festivals, classent les dessinateurs, nouent des liens avec le public et avec le réseau de distribution que sont les librairies et les sites de vente en ligne.

Il faut donc interroger ce mécanisme médiologique qui touche évidemment au domaine commercial mais aussi symbolique et en définitive artistique (on a tendance à ne comprendre ces différents pôles séparément) et qui met en relation : artiste, public-lecteur, librairie, maison d'éditions...

Il ne faut pas hésiter non plus à utiliser les textes théoriques que nous avons étudiés pour lui demander ce qu'il en pense. Ou pour faire émerger des questions. Une simple question comme qu'est-ce que vous pensez du nouvel essor de "la Bd-documentaire" en Europe ? Pensez-vous que cette émergence peut toucher Taïwan ?


III - Préparation de l'interview avec Pierre Loisel :

On peut trouver beaucoup d'informations sur lui sur Internet.

Plusieurs aspects de sa biographie, spectaculaires, peuvent nous intéresser du point de vue de notre média : la bd-reportage.

IV - Préparation de la séance pratiques avec Xavier Mehl : Il s'agira de préparer

a ) Une note d'intention pour la rédaction d'une revue susceptible d'être intéressée par notre sujet.
b ) Préparer une ou deux planches d'appel
c ) Un Story board.

V - Finaliser l'entretien avec Cheng Chen-mei

VI - Radio : une autre émission de radio consacrée à la BD reportage...

Prix France Inter de la BD reportage :
http://www.francetvinfo.fr/replay-radio/bd-bande-dessinee/bd-bande-dessinee-prix-bd-franceinfo-2017-la-selection_1986617.html







mardi 19 décembre 2017

Cours n° 54 Sémiologie et BD 12. Une conférence de Constantino Maeder.




I - Autour de la sémiologie et de la Bande-dessinée de reportage :


a -  la sémiologie dans la littérature appliquée au journalisme.

J'en profite de la présence de Costantino Maeder pour rappeler ce qu'est la sémiologie, quel est le lien avec la "littérature appliquée" et la bande-dessinée.

b - la sémiologie et la Bande dessinée de reportage.

Quand nous avons fait cette séance de dessin "d'après nature" (Il existe un grand nombre d'expressions pour designer cet exercice : on dit aussi "dessiner sur le motif", "croquer sur le vif", "croquer d'après modèle vivant", etc.), nous avons vu que nous avons tendance, au début, à dessiner plus ce qu'on a dans l'esprit que ce qu'on voit. 

On a le même réflexe que les enfants quand ils dessinent. On a le souci du détail qu'on a dans l'esprit : une main doit avoir cinq doigts, la chevelure est faite de cheveux, un oeil est ovale avec un point, etc. 
1 - apprendre à dessiner (à la manière classique des ateliers) c'est désapprendre ce qu'on a dans l'esprit. 
2 - mais l'expérience est intéressante parce qu'elle nous montre comme le cerveau appréhende le réel, en le découpant, en catégories, en schèmes, en concepts, ou en unités signifiantes. C'est là que les sciences cognitives et la sémiologie peuvent intervenir. 

La bande dessinée - et c'est peut-être une des raisons in fine qui explique pourquoi elle a été exclue du monde de l'art et que dorénavant elle prétend y être intégrée - ne s'était pas forcément préoccupée de ce qu'elle voyait mais plutôt de ce qu'elle avait dans l'esprit (d'où une certain confusion avec l'univers de l'enfance justement parce qu'elle était perçue comme une activité naïve). Or ce qui est intéressant avec la BD de reportage - on l'a vu avec Davodeau - elle est obligée de s'intéresser au réel. 

Revenons à la sémiologie et la bande-dessinée en général : On peut lire la recension du livre de Thierry Groensteen, Système de la bande dessinée (Paris, Puf, 1999) à cette adresse :  http://www.fabula.org/cr/425.php


"La première étape obligée d'un projet aussi large - soit de définir une sémiotique de la BD - consiste à poser les jalons de sa théorie. Groensteen doit donc, à l'instar de ses prédécesseurs, définir l'unité signifiante qui fonde son Système; on conviendra que cette entreprise est à la fois risquée et fondamentale. Alors que certains sémioticiens de la BD font correspondre l'unité sémique avec le récit (Tilleuil 1991) et que d'autres optent pour la ligne, la figure (Gauthier 1976) ou encore pour la case, Groensteen prend le parti de décrire une véritable poïétique de la BD qui ne reposerait sur aucun signe. Voici donc une façon commode d'esquiver " l'inutile dispute des unités signifiantes " (p. 3)... Plutôt que de focaliser sur les unités signifiantes, Groensteen propose de déployer le langage de la BD en le faisant reposer sur la mobilisation d'un ensemble de codes visuels et discursifs qui constituent des mécanismes producteurs de sens. Bien que ces codes langagiers et picturaux ne lui appartiennent pas en propre, la BD les combine d'une manière particulière, générant ainsi le système que le théoricien nous exposera."

Pour poursuivre le débat, on doit à Harry Morgan (Alias Christian Wahl) dans un essai intitulé Principes des littératures dessinées (Actes sud, 2003) une charge violente contre la sémiologie de la bande dessinée et contre la sémiologie en règle générale dont il dénonce l'imposture.

L'auteur montre (avec une méthode assez brutale mais convaincante - je ne crois pas non plus forcément à la valeur scientifique de la sémiologie) qu'il est absurde d'appliquer la sémiologie à la bande dessinée parce qu'elle n'est pas comparable à un langage, en tant que système de signes.

Voici un lien vers un résumé de la thèse qu'il défend dans son livre : http://theadamantine.free.fr/semiologie.htm

et en voici l'entrée en matière :

"Comme l'écrit Jan Baetens (Formes et politique de la bande dessinée, Peeters/Vrin, 1998), résumant près de 30 ans de recherche théorique sur la BD, il y a deux types d'analyse des rapports entre l'image et le récit : d'une part, une analyse sémiotique basée sur les codes et qui propose comme distinction fondamentale que l'image se donne à voir simultanément en toutes ses parties, alors que l'écriture se prête à une lecture temporelle, distinction souvent résumée par l'opposition entre linéarité et tabularité ; d'autre part une analyse plus empirique, définissant la spécificité de la bande dessinée par les rapports texte-image et cherchant à décrire ces rapports. Il se trouve que ces deux approches sont toutes deux fondamentalement viciées. La façon dont les littératures dessinées racontent leurs histoires n'est pas à chercher dans d'hypothétiques codes (qui n'existent pas), ni dans l'opposition entre récit et tableau (qui est une opposition factice). Elle n'est pas à chercher non plus dans l'interaction entre texte et image (les rapports entre texte et image sont strictement les mêmes dans la BD que dans n'importe quel texte illustré). Toutes ces approches sont erronées parce que la méthode d'analyse qui les étaye est elle-même erronée. Cette méthode est la sémiologie. Elle est inapplicable aux littératures dessinées".

(On pourra également lire prochainement une synthèse de l'approche sémiologique de la bande dessinée dans un article publié prochainement : Jean Cristtus Portela, « Sémiotique de la bande dessinée : regards sur la théorie franco-belge », Signata, 7 | 2016, 391-407 
à cette adresse : http://journals.openedition.org/signata/1247)

c - De la sémiologie à la médiologie :  la Bd et l'institution que constitue Angoulême en vue de la préparation de la rencontre avec Xiao Zhuang. 

Dans une logique médiologique (articulant institution, technique, courant de pensée), améliorons notre questionnaire en intégrant une réflexion sur ce que représente Angoulême, en tant qu'institution, pour la bande-dessinée.

Benoit Mouchart "le festival d'Angoulême, instrument de légitimation" in Le Sacre de la Bande dessinée, Paris, Gallimard, mai-août 2017, p. 10-15.

Nous avons vu par ailleurs qu'en terme d'institution, ce n'est pas le milieu de la bande-dessinée qui plébiscite la Bd de reportage mais plutôt les milieux du journalisme. Cela n'empêche pas de poser des questions sur ce point à 小莊.

II - Conférence de Constantino Maeder : "l'efficacité sensorielle dans les médias audiovisuels".

Voir publication dans la revue crée par Éco, Versus, sous le titre : "The Sensorial Efficiency, Sensoriality and Presence in Audiovisual Media"
http://versus.dfc.unibo.it/CFP_VERSUS_2017.pdf



mardi 12 décembre 2017

Cours n°53 Bd reportage 11 La représentation graphique de la guerre et de la violence extrême. Le cas de la Shoah


Nous avons rencontré à plusieurs reprises dans les textes théoriques que nous avons lus, des références à Maus d'Art Spiegelman, comme un ouvrage fondateur pour l'avénement du roman graphique et le mouvement plus spécifique des "BD du réel" comprenant la BD de reportage.

Profitons-en pour faire le lien avec d'autres auteurs qui se sont confrontés à la représentation de la guerre et de la violence extrême. C'est le cas à des niveaux divers de Jean-Philippe Stassen pour le génocide des Tutsis au Rwanda dans Deogratias ou de Li-Chin Lin pour la terreur blanche dans Formose.

I - Texte théorique : Lucie Servin, "La mémoire de la Shoah et sa représentation en BD", Le sacre de la bande dessinée, in Le Débat, n° 195, Paris, Gallimard, mai-août 2017, p. 188-198.

Il existe un "rôle mémorielle de la bande dessinée" comme en témoigne la l'exposition « Shoah et bande dessinée » (30 octobre 2017).

p. 188 : « Le devoir de mémoire s'oppose à la simplification » : ce pourrait être un reproche fait à la bande dessinée qui « joue avec l'élaboration dans l'inconscient collectif d'archétypes sur l'horreur concentrationnaire et l'industrie exterminatoire de la déportation ».

p. 188-9 : « Langage visuel, matériel de propagande, la bande dessinée a également le pouvoir d'incarner les destinées et d'humaniser des trajectoires individuelles. » : Maus de Spiegelman aurait cette vertu. Prix Pulitzer. révolution dans l'histoire du 9 art, « au-delà de l'exemplarité du témoignage sur le syndrome de la deuxième génération, à savoir la transmission du traumatisme chez les descendants des déportés. »

Le dessin comme témoin

p. 189 : «les images manquent pour visualiser l'horreur concentrationnaire, du fait même de l'acharnement des nazis à supprimer les preuves les plus atroces de l'extermination et de la solution finale. » : La nécessité de la reconstitution s'impose. Quelques clichés clandestins. Le témoignage oculaire est mise en scène dans Maus.

p. 189 : le philosophe Georges Didi-Huberman rappelle qu'il faut « malgré la destruction, l'effacement de toute chose, il faut savoir regarder comme regarde un archéologue. » : le travail du dessinateur est peut-être celui de l'archéologue. N'est-ce pas ce que suggère Davodeau dans Rural quand il met en scène les archéologues préparant leur fouille ?

p. 189 : « Plus que la photographie, les dessins ont servi de premier support aux témoignages des déportés, dont certains à l'intérieur des camps ont risqué leur vie pour représenter clandestinement les persécutions du quotidien. » : un exemple de «l'art concentrationnaire »,  Mieczyslaw Koscielniak, polonais non juif, déporté à Auschwitz en février 1941, parvient à sauver plus de 500 dessins qui décrivent le fonctionnement du camp.

Ces dessins ont inspiré Spiegleman. Cela signifie que la bande-dessinée n'est pas la simple transposition graphique d'un témoignage (puisqu'il est plus que la somme des dessins de Mieczyslaw Koscielniak).

190 : aussi Horst Rosenthal, Alfred Kantor, David Olère....

Tabou et amnésie

p. 190 : « Presque naturellement, la bande dessinée s'imposait comme un médium privilégié pour raconter l'horreur des camps. Le dessin pénètre de sa valeur subjective l'image de l'indicible, désignant l'horreur en suggérant, localisant ou contextualisant, dans la lignée de la vocation des carnets réalisés par les déportés.»

p. 190 : au début, les BD « destinées à exalter le patriotisme et à dénoncer la barbarie nazie dans son ensemble, sans véritablement rendre compte du génocide juif ». « les superhéros, dont les premiers sont nés à la fin des années 30, s'opposent déjà Führer. »

p. 191 : La bête est morte est une exception. «il faudra plusieurs décennies avant que l'on comprenne ce qui s'est produit et que la spécificité du sort des juifs apparaisse clairement. » (Annette Wieviorka)

p. 192 : la déportation reste tabou pendant longtemps. la Bd intègre tardivement l'histoire de la déportation.

Contre le négationnisme
Georges Wolinsky, un des dessinateur satiriste de Charlie Hebdo (2 novembre 1978) est un des premiers à entrer en lutte contre le négationnisme. Viennent ensuite Gébé, Cabu, Vuillemin, poursuivent le travail de satire.

p. 192 "En s'autorisant des thèmes aussi sérieux que la Shoah, les dessinateurs brisent un tabou et heurtent la bien séance qui voudraient que les dessins soient réservés aux enfants et que la Shoah restent hors de portée de la caricature"

Petite objection à cette analyse : la caricature de presse qui a une longue tradition ne s'est jamais adressé aux enfants.

p. 194 : "Au Japon, Osamu Tezuka, sacré dans son pays le "Dieu des manga", écrit L'Histoire des trois Adolf, en être 1983 et 1985, le seul manga à traiter le thème de la Shoah.

Aux États-Unis, Chris Claremont avec les X-men, Will Eisner avec Le Protocole des Sages de Sion ou Joe Kubert avec Yossel (2003) retravaillent la matière mémorielle de la Shoah.

La révolution Mauss

p. 194-5 : "C'est la première fois que la bande dessinée aborde de façon réaliste la tragédie de la Shoah, dans un récit non fiction qui , même s'il montre des souris et des chats, revendique haut et fort sa valeur historique, tout en affirmant la nécessité formelle de la bande dessinée"

p. 195-6 : Vingt ans pour réaliser ce chef d'oeuvre : "à la fois oeuvre de mémoire et oeuvre d'art, cette bande dessinée marque un tournant dans l'histoire de la représentation de la Shoah que dans l'histoire de la bande dessinée".

Le roman graphique est par définition autant dessin qu'écriture au point que Spiegelman définisse une planche comme un "paragraphe visuel"

"Maus n'est pas simplement le récit reconstitué d'un déporté à Auschwitz transposé dans un métaphore animalière. Le témoignage de la relation compliquée entre le père et le fils dédouble la temporalité et engage un dialogue du présent au passé possible uniquement par la mise en abîme des cases. Car le sujet de Maus c'est la récupération de la mémoire et en fin de compte, la création de la mémoire".

La deuxième génération et les suivantes 

D'autres auteurs ont fait ce travail de mémoire : Michel Kichka. Miriam Katin. Martin Lemelman. Jérémie Dres. Rutu Modan. Fanny Mickaëlis.

La bande dessinée du réel

p. 197 : Maus a contribué à l'essor d'un nouveau genre, la bande dessinée de reportage avec une "revendication journalistique très forte".

Le précédent donne "une méthode pour le devoir de mémoire" et contribue à l'émergence de la reconnaissance d''autres minorités persécutées comme celle des Tziganes  dont Kkrist Mirror s'est fait le porte-parole, celui des Arméniens en Turquie, celui des Tutsis au Rwanda.

p. 198 : Deogratias par Stassen "le Maus des Tutsis" qui évite "le voyeurisme de l'horreur par l'alternance de planches documentaires et de séquence métaphorisant les massacres par la représentation symbolique, comme la transformation du jeune bourreau hutu en chien enragé"

"À l'instar de Maus, son oeuvre est une démonstration de ce qui ne peut se dire qu'en bande dessinée".

Entre sentimentalisme, voyeurisme et pédagogie

Holokitsch : le terme est employé par Art Spiegelman dans Métamaus et se définit comme le penchant sentimentaliste à traiter de la tragédie de la Shoah avec une tendance à la simplification, en opposant gentils et méchants"

Maus cherche à éviter l'écueil "la banalisation mélodramatique des souffrances de déportés", tout en mettant l'enfer en cases.

"La bande dessinée possède sans conteste la capacité d'incarner des personnages en ouvrant les cases comme des fenêtres sur les subjectivités."

Commentaires et questions  :
- Quel est le point commun entre Mickey au camp de GursLa Bête est morte et Maus ? Et même Deogratias 

- Quels écueils la représentation de la Shoah en bande-dessinée peut-elle rencontrer ?

- Il serait bon de comparer certains style graphique de BD européennes et celui de 小莊 que vous avez considéré comme assez éloigné du style des mangas... Je pense notamment à certaines planches de la Bêtes est morte et à certaines planches de mes années 80 qui évoque la dictature (la vie sous la loi martiale). Par exemple :





II - Quelques planches à analyser : 







III - Montage de l'interview précédent de Mei.

IV - Préparation de la séance suivante.

V - Stassen à la radio... le génocide en BD ?
http://www.rfi.fr/emission/20150129-i-comb-jesus-jean-philippe-stassen

Jean-Philippe Stassen définit la BD-reportage




mardi 5 décembre 2017

cours n°52 BD de reportage 10 "Mes années 80" de Sean Chuang

Calendrier :


13 décembre 2017 : Sean Chuang, dessinateur. Titre de la conférence : Mes années 80 à Taiwan. Une Bd documentaire à Taiwan". 

20 décembre : Constantino Maeder. Conférence sémiologie et bande dessinée. 

3 janvier 2018 : Xavier Mehl, journaliste en free lance et dessinateur. Titre de la conférence : "Une planche de BD reportage : mise en pratique".

10 janvier : Aho Huang, rédacteur en chef des Editions Dala. Titre de la conférence : "Taiwan à Angoulême. 
La Bd de reportage entre France et Taiwan."




I - Textes sur "mes années 80"  

1 - La préface de Yves-West Laurence (journaliste freelance des Domaines de l'imagianire) p. 6- 9

L'essence des années 80 passe par une chronologie associée à une énumération de figures

1981 : François Mitterand... les clips de Mickael Jackson, Phil Collins...
1978 : les dessins animés de Goldorak, Candy
1984 : Canal +, puis la Cinq et M6. Privatisation de TF1.

Milieu des années 80 : Silverhawks, Cosmocats...
1987 : Passage de Dorothée sur TF1. Olive et Tom, Les chevaliers du Zodiaque, Ken le survivant, Dragon Ball.

C'est l'histoire du PAF : Paysage Audiovisuel Français.

p. 7 "cet intérêt pour l'animation japonaise et plus tard pour le manga n'avaient rien de reconnu ni même de respecté"

1995 :  AB production exploite le phénomène des manga.

Histoire spécifique des vidéocassettes qui viennent du Japon.

"visionner de l'animation japonaise se méritait, demandait des efforts et des moyens".

début 90 : première maison d'édition qui diffuse en France. Akira chez Glénat, Mondes Mutants, Tonkam.

"Le pouvoir de l'image est important. Qu'elle véhicule une idée, une pensée, un sentiment, elles est universelle et s'exprime au-delà du langage et des cultures. Animées ou fixes, interactives ou non, elles transposent des valeurs qui nous semblent étrangement familières. Elles nous rapprochent d'une culture asiatique, japonaise, qui devrait pourtant nous être étrangère. Fédératrice, évocatrices, riches d'enseignements, ces images sont clairement celles qui nous relient, de ces fils invisibles dont est tirées la toile de la vie. "

Remarques :
- Confrontez cette chronologie avec celle à la fin du premier volume.

- Culture dite "geek". Pourquoi ? Qu'est-ce qui distingue la culture geek, de la simple culture populaire ? La réception française de "mes années 80" est tournée vers la culture geek et populaire mais très peu sur la dimension politique et historique propre à Taiwan (fin de la loi martiale) : dommage... mais pourquoi ? Les préfaces des auteurs français sont assez pauvres en commentaires et finalement très peu curieux... de ce qui n'appartient pas à leur propre univers culturel (l'univers geek : patrimoine imaginaire de l'humanité)...  ?

- Que penser de l'universalité de l'image ? Peut-on appliquer cela à toutes les BD de reportage ? Toutes les Bd de reportages pourraient-elles être traduites à Taiwan ? Pourquoi ?

- universalité de l'expérience ?  "La distance géographique et culturelle n’y fait rien, ceux qui ont grandi à cette époque s’identifieront sans peine aux souvenirs évoqués par Sean Chuang. En Asie tout comme en Occident s’est préparée dans les années 80 une Culture commune dont est imprégnée maintenant la jeunesse planétaire. Des films de Bruce Lee, à la Trilogie Star Wars, de l’arrivée du hip-hop et de la break dance à l’essor des dessins animés japonais et des mangas  une même compréhension est maintenant partagée." Pierre-Yves Baubry (https://lettresdetaiwan.com/2015/01/27/mes-annees-80-t-1/)

- confronter

2 - La préface de Sean Zhuang :

Travail de témoignage
"J'ai grandi durant les années 80"

Travail de reconstitution

"J'ai essayé de retrouver par l'écriture et par le dessin les souvenirs de mon adolescence, je ne me suis pas seulement efforcé de saisir l'ambiance de l'époque et les relations entre les gens qui l'ont vécue, j'ai aussi essayé de déterrer les bêtises propres à notre jeunesse insouciantes"



travail de révélation
"secrets"

Commentaires :
- La gravité (le temps qui passe, la disparition des traces du passé, la gravité du régime politique) et l'insouciance (légèreté, paradoxe, familiarité) cohabitent.

- post-face : "c'était plus dur avant"... "avant tout était plus facile"

II - Quelques planches à commenter :













III - Préparation du questionnaire : Utilisons les thèmes abordés précédemment



IV - pratique :

1 ) Montage interview de Chen-mei

2 ) Affiche de la conférence et diffusion


dimanche 26 novembre 2017

cours n° 51 BD de reportage 9 la politique de l'intérieur

Calendrier : 


13 décembre 2017 : Sean Chuang, dessinateur. Titre de la conférence : Mes années 80 à Taiwan. Une Bd documentaire à Taiwan". 

20 décembre : Constantino Maeder. Conférence sémiologie et bande dessinée. 

3 janvier 2018 : Xavier Mehl, journaliste en free lance et dessinateur. Titre de la conférence : "Une planche de BD reportage : mise en pratique".

10 janvier : Aho Huang, rédacteur en chef des Editions Dala. Titre de la conférence : "Taiwan à Angoulême. 
La Bd de reportage entre France et Taiwan."



Quel est le point commun de ces trois Bd-documentaire ? 


Inversons un peu l'ordre du cours...

I - le portrait  d'après nature : 

Ingres : "Le dessin n'est pas en dehors du trait, il est en dedans"

Il y a mille et une manière de dessiner. Les techniques de dessins élaborées dans les grands ateliers parisiens du siècle passé en sont une. 

Faisons quelques exercices de dessins. L'un d'entre nous pose. Les autres dessinent. Chaque pose dure 10 minutes. 

1 - Composition et proportion : déterminer un cadre et un sujet. Tachez de respecter les proportions en positionnant votre sujet de sorte qu'il touche au moins par deux fois le cadre de votre dessin.... 

2 - Blanc sur noir et noir sur blanc : la ligne et le contraste. Le trait appartient-il au champ de l'image ou à l'objet ? Faites ressortir l'objet en dessinant blanc sur noir. 


Pour poursuivreDessiner, c'est aussi apprendre à regarder le monde qui nous entoure. C'est une discipline quotidienne. 

Voici deux exercices quotidiens pour progresser (une demie heure par jour minimum). 

a) pour travailler la composition, dessinez les maîtres de dessins, prenez des scènes de Goya, de Rembrandt, de Ingres... 

b) Pour travailler la lumière, choisissez un sujet pâle (une gousse d'ail; un mouchoir en papier froissé) et tachez d'en dessiner les contours, le relief, le volume.


La technique du portrait d'après nature est la technique utilisée par Étienne Davodeau ou par Emmanuel Lepage. Ils se représentent fréquemment en train de dessiner d'après nature. Comme nous en avons fait l'expérience, il faut se concentrer sur ce que l'on voit (silhouette ou contour d'un objet/jeu d'ombre et de lumière, etc.), et non pas ce que l'on a en tête (un homme a une bouche, un nez deux oreilles, etc). Cela suppose d'apprendre à regarder le monde différemment. 

Les auteurs (Christophe Blain, Mathieu sapin, etc.) que je vais vous présenter aujourd'hui ne dessinent pas d'après nature. Ils dessinent ce qu'ils ont en tête, ce qui leur semble le plus caractéristique de l'identité d'un personnage (le nez, la silhouette imposante pour le double fictif de Dominique de Villepin). On peut néanmoins les classer dans les rubriques "BD documentaire". 


II - Montage : 

1 - Écouter
2 - Nettoyer
3 - Présenter (texte bilingue)

III - La BD entre en politique : 

1 - "Bédéaste à bâbord," entretien avec Pascal Ory, historien et critique de BD.

"Il faut distinguer la caricature, qui est affaire d’esthétique, du dessin d’humour, qui est affaire d’éthique. Certains dessinateurs sont portés à la « charge » sans être à proprement parler des auteurs politiques – Gotlib, par exemple –, mais d’autres, tel Etienne Davodeau, sont de grands bédéastes politiques sans recourir aucunement à la caricature. Rares sont les auteurs qui, comme Cabu ou Pétillon, tous deux collaborateurs du ­Canard enchaîné, ont pratiqué simultanément BD et dessin d’humour."


Le clivage droite-gauche s’exprime-t-il dans la BD politique ?


Le contraire aurait été étonnant. Mais ici, comme dans la société artistique en général, la gauche l’emporte nettement sur la droite. Il s’y ajoute une généalogie qui rat­tache encore la BD moderne à la « contre-culture », produisant une posture anarchiste. Il est possible que le mouvement commence à décliner, ne serait-ce que pour des raisons sociales : le marché de l’art est en train de transformer le bédéaste en ­artiste plasticien libéral libertaire. Le tonus révolutionnaire s’en ressent.


Par quels codes, quels procédés ­narratifs, la BD rend-elle la compréhension du réel plus accessible ?
Je ne suis pas sûr que la BD bénéficie d’un avantage comparatif net par rapport au théâtre ou au cinéma politiques. Mais l’image dispose d’un fort potentiel manipulateur, qu’ont su de tout temps utiliser les propagandes de toutes sortes. La BD ­cumule les charmes (au sens étymologique de sortilèges) de l’image et du récit, en y ajoutant la maniabilité du livre – puisque aujourd’hui le périodique de BD a quasiment disparu et que le genre peine encore à s’imposer sur Internet.
Voilà pourquoi se sont multipliés, depuis une décennie, les seuls livres que tout un lectorat ne lira jamais sur la Révolution française, l’aventure napoléonienne, la guerre d’Espagne ou la guerre froide. On compte déjà une bonne centaine d’albums consacrés à la guerre de 14-18, mais aussi deux BD sur la mort de Staline – sans compter la vogue des uchronies, comme l’astucieuse série Jour J.

Dans de rares cas,l’association d’un grand dessinateur et d’un expert reconnu peut aussi produire des objets graphiques inclassables : ainsi Les Meilleurs Ennemis, de Jean-Pierre Filiu et David B., qui réussit la prouesse de raconter en images fortes et en trois volumes deux siècles et demi de relations entre les Etats-Unis et le monde musulman.


La subjectivité assumée de l’auteur de BD est-elle un mal nécessaire ?

Elle est attendue de la part du lectorat arty, qui prend vraiment la BD comme un 9art, disposant de sa propre « politique des auteurs ». Elle permet aussi de faire passer des choix idéologiques personnels par le biais de l’autobiographie, aussi bien les combats de gauche d’Etienne Davodeau que l’empathie amusée d’un Mathieu Sapin quand il s’immisce dans la vie quotidienne du président Hollande. Le succès de Quai d’Orsay a tenu, là aussi, à la constitution d’un couple talentueux, unissant un grand dessinateur, Christophe Blain, à la démarche autobiographique d’un brillant apprenti diplomate, Antonin Baudry.


2 - "De Matignon à Marine Le Pen, la BD entre en politique"

On passe à nouveau en revue des faits déjà énoncés avec quelques précisions et quelques titres supplémentaires concernant la Bd de reportage propre à "fabriquer du sens et de la tension narrative à partir de faits réels".    

On peut s'amuser à distinguer dans cet article, et à relever les ouvrages qui sont le produit d'un seul auteur (dessinateur + scénariste) et les ouvrages qui sont le fruit d'une collaboration. C'est une spécificité du genre (entre le roman - généralement le produit d'un écrivain - et le théâtre ou le cinéma, produits d'une collaboration multiple). Voici une autre manière de distinguer les albums de notre corpus de BD documentaire... 

Faisons-en la liste : 
....


Que pouvons-nous dire d'une telle distinction ?
...

IV - Quelques planches à analyser Caricature ou portrait réaliste ? Peut-on être réaliste par la caricature ? 

La caricature et l'humour n'empêchent pas le réalisme semble-t-il. Trois Bd présentent la politique "de l'intérieur"

- l'une au Quai d'Orsay (ministère des affaires étrangères) : Quai d'Orsay I & II
- l'autre à l'Élysée (palais présidentiel) : Le Château
- la troisième à l'hôtel de Matignon (résidence du premier ministre, chef du gouvernement) : Désintégration


L'humour est presque un trait de style obligatoire en matière de BD. L'humour est une posture éthique : le caractère underground, le style "anti-puriste" (HMK), le discours de gauche, rendent presque nécessaire le recours à l'humour dans la bande-dessinée. 







IV - Radio  : Christophe Blain, l'auteur de Quai d'Orsay à la radio

https://www.franceinter.fr/emissions/le-5-7-du-week-end/le-5-7-du-week-end-11-mars-2012

Pour la semaine prochaine

1 - Préparation de l'affiche pour accueillir Sean Chuang
2 - Cherchez les auteurs qui travaillent en solitaire et les autres, en collaboration. Réfléchissons à sa signification... Lequel des collaborateurs serait le plus important ? 
3 - Entrainez-vous à la composition à partir de grands maîtres.