I - Autour de la sémiologie et de la Bande-dessinée de reportage :
a - la sémiologie dans la littérature appliquée au journalisme.
J'en profite de la présence de Costantino Maeder pour rappeler ce qu'est la sémiologie, quel est le lien avec la "littérature appliquée" et la bande-dessinée.
b - la sémiologie et la Bande dessinée de reportage.
Quand nous avons fait cette séance de dessin "d'après nature" (Il existe un grand nombre d'expressions pour designer cet exercice : on dit aussi "dessiner sur le motif", "croquer sur le vif", "croquer d'après modèle vivant", etc.), nous avons vu que nous avons tendance, au début, à dessiner plus ce qu'on a dans l'esprit que ce qu'on voit.
On a le même réflexe que les enfants quand ils dessinent. On a le souci du détail qu'on a dans l'esprit : une main doit avoir cinq doigts, la chevelure est faite de cheveux, un oeil est ovale avec un point, etc.
1 - apprendre à dessiner (à la manière classique des ateliers) c'est désapprendre ce qu'on a dans l'esprit.
2 - mais l'expérience est intéressante parce qu'elle nous montre comme le cerveau appréhende le réel, en le découpant, en catégories, en schèmes, en concepts, ou en unités signifiantes. C'est là que les sciences cognitives et la sémiologie peuvent intervenir.
La bande dessinée - et c'est peut-être une des raisons in fine qui explique pourquoi elle a été exclue du monde de l'art et que dorénavant elle prétend y être intégrée - ne s'était pas forcément préoccupée de ce qu'elle voyait mais plutôt de ce qu'elle avait dans l'esprit (d'où une certain confusion avec l'univers de l'enfance justement parce qu'elle était perçue comme une activité naïve). Or ce qui est intéressant avec la BD de reportage - on l'a vu avec Davodeau - elle est obligée de s'intéresser au réel.
Revenons à la sémiologie et la bande-dessinée en général : On peut lire la recension du livre de Thierry Groensteen, Système de la bande dessinée (Paris, Puf, 1999) à cette adresse : http://www.fabula.org/cr/425.php
"La première étape obligée d'un projet aussi large
- soit de définir une sémiotique de la BD - consiste à poser les jalons de sa
théorie. Groensteen doit donc, à l'instar de ses prédécesseurs, définir l'unité
signifiante qui fonde son Système; on
conviendra que cette entreprise est à la fois risquée et fondamentale. Alors
que certains sémioticiens de la BD font correspondre l'unité sémique avec le
récit (Tilleuil 1991) et que d'autres optent pour la ligne, la figure (Gauthier
1976) ou encore pour la case, Groensteen prend le parti de décrire une véritable poïétique de la BD qui ne reposerait sur aucun
signe. Voici donc une façon commode d'esquiver " l'inutile dispute
des unités signifiantes " (p. 3)... Plutôt que de focaliser sur les
unités signifiantes, Groensteen propose de déployer le langage de la BD en le
faisant reposer sur la mobilisation d'un ensemble de codes visuels et
discursifs qui constituent des mécanismes producteurs de sens. Bien que ces
codes langagiers et picturaux ne lui appartiennent pas en propre, la BD les
combine d'une manière particulière, générant ainsi le système que le théoricien
nous exposera."
Pour poursuivre le débat, on doit à Harry Morgan (Alias Christian Wahl) dans un essai intitulé Principes des littératures dessinées (Actes sud, 2003) une charge violente contre la sémiologie de la bande dessinée et contre la sémiologie en règle générale dont il dénonce l'imposture.
L'auteur montre (avec une méthode assez brutale mais convaincante - je ne crois pas non plus forcément à la valeur scientifique de la sémiologie) qu'il est absurde d'appliquer la sémiologie à la bande dessinée parce qu'elle n'est pas comparable à un langage, en tant que système de signes.
Voici un lien vers un résumé de la thèse qu'il défend dans son livre : http://theadamantine.free.fr/semiologie.htm
et en voici l'entrée en matière :
"Comme l'écrit Jan Baetens (Formes et politique de la bande dessinée, Peeters/Vrin, 1998), résumant près de 30 ans de recherche théorique sur la BD, il y a deux types d'analyse des rapports entre l'image et le récit : d'une part, une analyse sémiotique basée sur les codes et qui propose comme distinction fondamentale que l'image se donne à voir simultanément en toutes ses parties, alors que l'écriture se prête à une lecture temporelle, distinction souvent résumée par l'opposition entre linéarité et tabularité ; d'autre part une analyse plus empirique, définissant la spécificité de la bande dessinée par les rapports texte-image et cherchant à décrire ces rapports. Il se trouve que ces deux approches sont toutes deux fondamentalement viciées. La façon dont les littératures dessinées racontent leurs histoires n'est pas à chercher dans d'hypothétiques codes (qui n'existent pas), ni dans l'opposition entre récit et tableau (qui est une opposition factice). Elle n'est pas à chercher non plus dans l'interaction entre texte et image (les rapports entre texte et image sont strictement les mêmes dans la BD que dans n'importe quel texte illustré). Toutes ces approches sont erronées parce que la méthode d'analyse qui les étaye est elle-même erronée. Cette méthode est la sémiologie. Elle est inapplicable aux littératures dessinées".
(On pourra également lire prochainement une synthèse de l'approche sémiologique de la bande dessinée dans un article publié prochainement : Jean Cristtus Portela, « Sémiotique de la bande dessinée : regards sur la théorie franco-belge », Signata, 7 | 2016, 391-407
à cette adresse : http://journals.openedition.org/signata/1247)
c - De la sémiologie à la médiologie : la Bd et l'institution que constitue Angoulême en vue de la préparation de la rencontre avec Xiao Zhuang.
Dans une logique médiologique (articulant institution, technique, courant de pensée), améliorons notre questionnaire en intégrant une réflexion sur ce que représente Angoulême, en tant qu'institution, pour la bande-dessinée.
Benoit Mouchart "le festival d'Angoulême, instrument de légitimation" in Le Sacre de la Bande dessinée, Paris, Gallimard, mai-août 2017, p. 10-15.
Nous avons vu par ailleurs qu'en terme d'institution, ce n'est pas le milieu de la bande-dessinée qui plébiscite la Bd de reportage mais plutôt les milieux du journalisme. Cela n'empêche pas de poser des questions sur ce point à 小莊.
II - Conférence de Constantino Maeder : "l'efficacité sensorielle dans les médias audiovisuels".
Voir publication dans la revue crée par Éco, Versus, sous le titre : "The Sensorial Efficiency, Sensoriality and Presence in Audiovisual Media"
http://versus.dfc.unibo.it/CFP_VERSUS_2017.pdf
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