« les journalistes littéraires reconnaissent le besoin d’une conscience dans le texte à travers laquelle les objets vus peuvent être filtrés »,
Sims (Norman) (dir.), True Stories : A Century of Literary Journalism, Evanston, IL, Northwestern University Press, 2007, pp. 6-7.
I - Préparation de
l'entretien avec Kan Chia-ping :
Nous allons élaborer une
quinzaine de questions concernant Balzac et le journalisme à partir des
publications de Marie-Éve Thérenthy. En plus des extraits photographiés,
vous trouverez également une recension de son livre ici :
https://questionsdecommunication.revues.org/1570
Il faudra réserver des
questions générales qui concernent l'interlocuteur et d'autres le cadre général
de notre entretien.
Puis autant que possible
des questions en nous inspirant des documents.
1 -Sur la parenté entre littérature et journalisme au XIX
2 - Sur le rapport particulier que Balzac entretenait avec la littérature.
Un peu citer les documents à la condition que ces citations soient courtes. Le mieux est de retenir une expression ou une idée facile à appréhender à l'oral.
1 -Sur la parenté entre littérature et journalisme au XIX
2 - Sur le rapport particulier que Balzac entretenait avec la littérature.
Un peu citer les documents à la condition que ces citations soient courtes. Le mieux est de retenir une expression ou une idée facile à appréhender à l'oral.
1.
Pourriez-vous vous présenter?
2.
Les écrivains au
XIX ème sont fort nombreux et talentueux, pourquoi vous êtes-vous intéressée
à Balzac ?
3.
Pourquoi la célébrité de Balzac n’est-elle pas parvenue jusqu’à Taïwan?
4.
Considérez-vous que Balzac mérite le surnom de
“Napoléon de lettres”?
5.
Est-ce que l’œuvre de Balzac la
Comédie humaine a pour
vocation de ne décrire que l’humanité ?
6.
Pourquoi Balzac écrit-il dans la presse ?
7.
Est-ce que l’argent est la seule motivation de
Balzac ? (A t-il d’autres motivations pour écrire?)
10. Balzac insiste sur la nécessité d’interdire l’anachronisme et l’invraisemblance dans le roman. Est-ce que le réalisme aurait pu exister si Balzac (et les autres écrivains du XIX) n’avait pas écrit pour/dans les journaux ? (Autrement dit : Quel est le lien entre journalisme et réalisme selon vous ?)
10. Balzac insiste sur la nécessité d’interdire l’anachronisme et l’invraisemblance dans le roman. Est-ce que le réalisme aurait pu exister si Balzac (et les autres écrivains du XIX) n’avait pas écrit pour/dans les journaux ? (Autrement dit : Quel est le lien entre journalisme et réalisme selon vous ?)
11. Est-ce
qu’on peut dire de Balzac que c’est un « mercenaire des
périodiques » ?
12. Balzac
dit : « Si la presse n’existait pas, il faudrait ne pas l’inventer ».
Pourtant Balzac écrit pour la presse quotidienne. Comment expliquer ce
paradoxe ?
13. Les
journaux au XIX ème ont constitué un laboratoire littéraire pour les écrivains
selon Marie-Ève Thérenty. Quelles découvertes littéraires Balzac a-t-il
faites dans ce laboratoire ?
14. Quel
était le genre journalistique de prédilection quand Balzac écrivait pour la presse.
15. Pourquoi le journalisme a-t-il si mauvaise réputation au XIX ème siècle tandis que les romanciers jouissent d'une excellente réputation ?
16. Pensez-vous que les classiques sont influencés par la vague des caricaturistes ?
17. Pourriez-vous nous présenter les grands personnages journalistes chez Balzac ?
16. Pensez-vous que les classiques sont influencés par la vague des caricaturistes ?
17. Pourriez-vous nous présenter les grands personnages journalistes chez Balzac ?
18. Par
quelles œuvres de Balzac commencer, si on n’en a jamais lu ?
II - La littérature dans
la presse (3ème volet) : le "new journalisme"
Nous avions vu les
semaines précédentes comment les États-Unis avait pu influencer la scène
médiatique française. Marie-Anne Thérenthy insiste sur l'influence du Times
dèjà au XIX ème siècle.
Nous avions vu également
que les journaux américains avaient imposé un style qui mettaient l'accent
sur l'info et l'exigence d'objectivité au détriment de l'opinion et de la
subjectivité au point de représenter une source de frustration pour les
écrivains soumis à cette ligne éditoriale (cf Lincoln Stevens à l'Evening post).
Nous
allons approfondir cette première approche en commentant un article
d'Isabelle Meuret qui se présente
comme un regard croisé des pratiques en France et aux États-Unis :
http://contextes.revues.org/5376
Voici l'introduction de l'article pour commencer :
L’intérêt grandissant pour
les interactions entre journalisme et littérature se mesure au nombre de
journées d’études, colloques, et autres rencontres qui leur sont consacrés, et
ce tant dans le monde anglophone que francophone. À l’ère de Twitter et des
messages n’excédant pas les cent-quarante signes, le journalisme littéraire
peut sembler désuet, voire obsolète, le lecteur actuel étant plutôt habitué à
un régime de fast news grignotées sur la toile, en quelques
clic frénétiques. Le succès du journalisme littéraire est pourtant une réalité
à l’aube de ce xxie siècle, comme en témoigne l’apparition remarquée
et plébiscitée de nouveaux magazines en France, tels que XXI (http://www.revue21.fr/ ), Le
Tigre (http://www.le-tigre.net/ ), Usbek
& Rica (http://usbek-et-rica.fr/ ), Feuilleton (http://www.revuefeuilleton.com/ )2,
ou encore le dernier-né, Crimes et Châtiments (2012), consacré
aux affaires judiciaires. L’information y est déclinée en milliers de mots, et
n’a rien à envier au laconisme des tweets.
Cependant, les écoles de
journalisme sont le plus souvent bien obligées, puisqu’elles offrent une
formation préparant à une profession relativement pratique, de répondre aux
exigences du marché en termes de formatage et de rapidité d’exécution.
L’enseignement du journalisme en ligne s’impose donc, là où la formation à
l’écriture narrative et au reportage fait souvent défaut, même si certaines
initiatives pallient aujourd’hui à ces lacunes. La seule collation des deux
termes « journalisme » et « littéraire » pose déjà
question, vu que le premier rime avec instantanéité, tandis que le second
invite à prendre le temps. Pourtant, il est essentiel que l’enseignement de
l’écriture journalistique en école ou université intègre ce genre, afin de
faire découvrir l’héritage considérable des grands reporters et journalistes
littéraires. Leur production, que ce soit en France, au Royaume-Uni, ou aux
États-Unis, a marqué l’histoire culturelle de ces différents pays.
En effet, pour prendre
l’exemple étatsunien, comment comprendre l’histoire de l’esclavage et de la
discrimination raciale si ce n’est en lisant The Souls of Black Folk (1903)
de W.E.B. Dubois ? Comment saisir le désespoir des Américains durant la
Grande Dépression si ce n’est à travers les écrits de James Agee et les photos
de Walker Evans rassemblés dans Let Us Now Praise Famous Men (1941) ?
Comment mesurer la révolte d’une génération contre la guerre du Vietnam sans
lire The Armies of the Night (1968) de Norman Mailer ? Comment partager les délires psychédéliques de
la contreculture, et les remettre en question, sans connaître Tom Wolfe, Joan Didion, ou Hunter S. Thompson ?
L’engouement
actuel pour le journalisme littéraire, genre hybride, n’est pas sans rapport
avec une époque où l’information file à la vitesse de l’éclair, mais ne laisse
pas toujours le temps de réfléchir ou de vérifier la véracité des faits.
Pourtant, il existe chez les lecteurs une volonté de savourer un journalisme de
qualité, fondé sur des informations précises et fouillées, sans rapport avec la
reproduction systématique et peu scrupuleuse des dépêches d’agence de presse ou
la manipulation parfois perverse des spin doctors et autres
services de relations publiques, ce que Nick Davies a appelé le churnalism.
Il est rassurant de constater que les lecteurs ne se contentent pas de ce
journalisme de masse insipide, purement factuel, sans analyse nuancée et argumentée,
et sans qualité stylistique. Ils souhaitent des informations qui se distinguent
tant sur le plan de la forme que du fond, tant sur le plan éthique
qu’esthétique.
Ce
journalisme-là, que Greenberg qualifie de slow journalism, à
l’instar du mouvement slow food, s’apparente à du journalisme au
long cours, qui prend le temps de voyager, rencontrer, raconter. Si les
Américains bénéficient d’une longue tradition de journalisme littéraire,
celui-ci s’inspire néanmoins des œuvres d’écrivains anglais tels que Dickens,
Orwell, ou Defoe. De
nombreux journalistes littéraires se revendiquent aussi de Mark Twain, ce dont
témoigne John Hartsock dans A History of American Literary Journalism (2000).
Les origines du genre font l’objet de plusieurs anthologies, parmi lesquelles A
Sourcebook of American Literary Journalism (1992) de Thomas B.
Connery, True Stories : A Collection of the Best American
Non-Fiction (2007) de Norman Sims, The Art of Fact : A
Historical Anthology of Literary Journalism (1998) de Kerrane et Yagoda,
et enfin The Art of Fact: Contemporary Artists of Nonfictionde
Barbara Lounsberry (1990). Ces ouvrages font prendre la mesure de la richesse
de la tradition, qui trouve son inspiration dans les événements politiques et
sociaux.
L’International Association for
Literary Journalism (http://www.ialjs.org),
fondée à Nancy le 14 juillet 2006 sous l’égide du Professeur John Bak, se
propose d’explorer ce journalisme qui se
lit comme de la littérature. Autrement dit, un journalisme qui se
caractérise par une qualité d’écriture et un engagement de l’auteur qui se
livre à une investigation minutieuse des faits rapportés. C’était pour fêter
dignement le centenaire de la publication de The Jungle (1906),
bel exemple de muckraking, que John Bak eut la belle idée de
convier une poignée d’experts. L’enthousiasme généré par la rencontre mena à la
création de cette association qui compte aujourd’hui des spécialistes issus de
tous les continents. L’IALJS organise une conférence annuelle rassemblant des
chercheurs du monde entier, la dernière en date s’étant déroulée à l’Université
Libre de Bruxelles. Pas moins de soixante participants en provenance de vingt
pays contribuèrent à l’événement. La richesse des débats émane de la
confrontation d’univers très différents. Malgré des divergences terminologiques
et méthodologiques, de nombreux points de convergence apparaissent dans les
diverses pratiques et traditions. À cette occasion, nous avons entendu des
exposés témoignant de l’apartheid en Afrique du Sud, ou traitant des risques du
reportage en Chine, du journalisme gonzo musulman, et des
bagnes en Australie. L’IALJS se distingue de par le fait qu’elle rassemble à
proportion égale des académiques de formation journalistique et littéraire. La
revue scientifique Literary Journalism Studies est une autre
initiative prometteuse de l’association, qui encourage la publication
d’articles à portée internationale.
Sans doute faut-il d’abord
définir ce que l’on entend par journalisme
littéraire, avant de tenter une analyse comparatiste. Ce genre est très
anglo-saxon à bien des égards, mais il ne se limite certainement pas au monde
anglophone. De toute évidence, d’aucuns voient le journalisme littéraire
comme étant la littérature contenue dans les journaux, c’est-à-dire toute
information littéraire (critique, essai, commentaire, entretien) publiée dans
la presse. D’autres s’intéressent davantage à l’étude de la creative nonfiction ou
« journalisme en tant que littérature », qui se rapproche alors du
grand reportage. C’est pourquoi le terme « journalisme
narratif » semble préférable dans le monde francophone, sans doute
pour le distinguer de la littérature, laquelle évoque fiction, ou artifice,
alors que ce qui distingue avant tout le genre, c’est que sa matière première
est le réel.
Dans la première catégorie, à
savoir l’étude des liens entre presse et littérature, figurent les travaux de Marie-Ève Thérenty, devenus
incontournables, particulièrement sur la période du XIXe siècle en
France. En Angleterre, deux ouvrages proposent une approche historique de ce
type de journalisme : Grub Street and the Ivory Tower :
Literary Journalism and Literary Scholarship from Fielding to the Internet (1999),
sous la direction de Treglow et Bennet, et Journalism, Literature and
Modernity : From Hazlitt to Modernism (2000), édité par Kate
Campbell. Il s’agit ici le plus souvent d’étudier un matériel littéraire publié
dans les journaux. Les études sur la presse et la littérature en France ont
mené à une catégorisation en sous-genres, tels que le fait divers, la
chronique, le feuilleton, le reportage, etc., comme l’a montré Thérenty. Dans
le monde francophone, journalisme et littérature sont souvent considérés en
parallèle, alors que le terme literary journalism laisse
d’embler apparaître une osmose entre les deux univers. D’où l’étude du
journalisme comme objet littéraire dans le premier cas, et comme genre à part
entière, dans le second cas.
Dans la sphère anglo-saxonne,
le journalisme littéraire a muté au fil du temps. Il aurait même dépassé les
frontières du genre pour devenir une
« discipline », suggère John Bak. À ce titre, il comporte
diverses sous-catégories, telles que le New Journalism dans les années 1960, avec Tom Wolfe,
le gonzo journalism de
Hunter S. Thompson, et même le New New Journalism, pour autant
que l’on reconnaisse cette catégorie comme distincte de ce qui l’a précédée, à
l’aube de ce XXIe siècle. Le but n’est point ici d’établir que le
journalisme littéraire n’est pas étudié de la même façon sous les diverses
aires géographiques, mais bien que plusieurs objets, méthodes, approches,
peuvent être liés à cette appellation. Dans l’espace francophone, les termes
« journalisme narratif » ou « grand reportage » sont
utilisés pour qualifier les œuvres de Londres et de Kessel, par exemple, alors
qu’en anglais, on utilise à quelques nuances près narrative journalism, literary
journalism, literary reportage, literary nonfiction, aesthetic
journalism, nonfiction reportage, creative nonfiction,
et j’en passe. Toutes ces appellations désignent toujours plus ou moins la même
chose, c’est à dire une écriture à partir de faits réels, mais où l’accent est
mis tantôt sur la fidélité à la réalité (récit non-fictionnel), tantôt sur le
protocole journalistique (information, précision), tantôt sur la volonté
esthétisante (qualités littéraires). L’enquête minutieuse menée par Hartsock
pour retracer l’existence du terme de literary journalism et
isoler son utilisation première nous renvoie au titre d’un article intitulé
« Confessions of “a Literary Journalist” » publié en 1907 par un
auteur anonyme dans la revue littéraire Bookman. Le terme fut
ensuite repris en 1937 par Edwin H. Ford dans sa Bibliography of
Literary Journalism in America, et par Hutchings Hapgood dans son
autobiographie publiée en 1939.
Mais si Bak insiste pour que
nous envisagions le journalisme littéraire comme une discipline, plutôt qu’un
genre, c’est aussi pour que nous arrêtions de définir et redéfinir le terme, ce
qui ne mène finalement qu’à des débats stériles et empêche le développement
même des études en journalisme littéraire. Que l’on use de l’un ou l’autre des
termes précités, peu importe : il ne sert à rien de pinailler sur ce qui
qualifie cette écriture du réel, leur commun dénominateur. C’est en stimulant
la recherche, en donnant une assise historique au journalisme littéraire, et en
observant les traditions et les pratiques dans d’autres aires culturelles que
l’on donnera à la discipline sa légitimité. Bak partage cette curiosité avec
Sims, qui perçoit dans l’approche transnationale une opportunité de saisir les
variations génériques et formelles du journalisme littéraire. Je poursuis donc
la réflexion dans ce sens en rapprochant les univers anglophone et francophone,
en espérant promouvoir les études en journalisme littéraire et modestement
contribuer à ce que la discipline acquière ses lettres de noblesse.
Questions :
A quels types d'écriture le "newjournalism" s'oppose-t-il ? Pourquoi ?
Quelles sont les caractéristiques principales de ce "genre hybride" ?
Quels autres noms peuvent désigner ce mouvement ?
Quelles sont les grandes figures du "new journalism" ?
Quelles figures en France revendiquent cette paternité ?
Quelle chronologie peut-on établir à partir des grands moments représentatif du "journalisme littéraire" ?
Exercice d'écoute :
Écoutez l'entretien de Sarah Vandy et retrouvez les questions qui ont été posées.
IV - manipulez l'enregistreur : jeu de la devinette pour la semaine prochaine.
Pour vous sensibiliser à l'importance du son et des bruitages et vous entrainer à la manipulation de l'enregistreur, enregistrez des sons insolites en intérieur et en extérieur.
- 5 sons différents d'au moins 1 minute chacun.
Nous devrons ensuite deviner quels genres de sons il s'agit.
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