"L'image, au sens le plus élevé du terme, est habité par la liberté. Elle est indécidable, et donc déjà par nature, elle "sauve" celui qu'elle adopte pour exister, et que condamnait toute caractérisation - l'ennemi, le juif, le nègre, le boche, le fou, mais aussi bien l'enfant, la femme battue, le Pauvre ou le riche... Ce fonctionnement inhérent au mécanisme de la représentation dès qu'il y a une véritable image, est particulièrement flagrant lorsque ce sont des visages quid sont représentés"
Jean-Michel Frodon, La Projection nationale, Paris, Odile Jacob, 1998, p. 30
"À chaque type de communauté correspondent un type de légende et un type de conteur, à la nation capitaliste "moderne" aucun type de légende n'a mieux correspondu que la légende filmée, aucun conteur n'a été plus adapté que le cinéma"
Jean-Michel Frodon, La Projection nationale, Paris, Odile Jacob, 1998, p. 32
Jean-Michel Frodon, La Projection nationale, Paris, Odile Jacob, 1998, p. 30
"À chaque type de communauté correspondent un type de légende et un type de conteur, à la nation capitaliste "moderne" aucun type de légende n'a mieux correspondu que la légende filmée, aucun conteur n'a été plus adapté que le cinéma"
Jean-Michel Frodon, La Projection nationale, Paris, Odile Jacob, 1998, p. 32
Valentin Lechat, samedi 9 avril 2016 à 華山,
interviewé par Angélique (金 煜婕) et David (何俊宏)
I - Retour rapide sur l'entretien avec Valentin le Chat :.
C'est pour l'instant l'entretien le plus long qu'on ait mené. Un inconvénient (c'est parfois pénible pour celui qui tient le micro et plus long pour le travail de montage) mais un avantage (ça permet d'obtenir des informations singulières, moins conventionnelles).
Valentin insiste sur les difficultés qui sont à l'origine de son départ pour Taiwan. Le poids de la culture (incarné par celui de l'institution, l'école du cirque notamment), la pression qu'elle exerce sur lui, l'incite à rompre avec le milieu, à chercher d'autres formes d'expression, à suivre les traces de Jérôme Thomas, à rompre à nouveau pour tenter l'aventure en Asie. C'est donc un mouvement de révolte (rejet de l'institution, rejet de l'excès de culture : phénomène à creuser) qui l'amène à renouer avec l'esprit saltimbanque et le conduit à Taiwan.
Pari gagné. A Taiwan, aucun des codes du cirque n'existe vraiment. Il peut donc s'exprimer librement, perfectionner sa technique, apprendre de l'autre (en mixant sa technique avec celle du qi gong) tout en proposant un spectacle iconoclaste en jouant sur les codes et en faisant preuve de pédagogie (casser les stéréotypes : démystification du numéro parfait, débordement de la scène, décontraction de la figure de l'étranger objet de curiosité)
L'aventure saltimbanque, après différentes expériences (malheureuses en ce qui concerne la télévision c'est à dire médium du différé n'est pas adapter à sa technique), parvient finalement à s'apaiser et à se sédentariser à Hua shan.
II - Extrait de l'article de Jean-Michel Frodon, "La Projection Nationale : cinéma et nation", Cahiers de médiologie, n°3, 1997.
1 - "Pas de nation sans cinéma. Pas de cinéma sans nation" : la formule d'accroche est un peu exagérée... mais loin d'être sans intérêt. On peut interroger la limite de cette formule. Il y a bien sûr, des nations sans cinéma. Mais des cinémas sans nation ? Taiwan n'est pas un contre-exemple en tout cas.
2 - "La nation est l'articulation d'une réalité et d'une fiction, d'un complexe factuel et d'une "oeuvre " imaginaire collective, complexe dont la projection est reconnue à la fois sur place, par la population concernée, et au dehors, par ceux qui n'y appartiennent pas. Elle fonctionne simultanément vers l'intérieur et vers l'extérieur. Le cinéma aussi".
3 - "Technique d'enregistrement des quatre dimensions du monde qui ne s'actualise qu'à travers un regard, "création" dont le monde est le matériau, le cinéma est lui aussi l'articulation entre réalité et fiction".
4 - "ensemble complexe indissolublement esthétique, économique et social, constant et prolifique sur une longue durée. Le cinéma en tant que tel ne se met en place que dans les grandes puissances dynamiques qui domineront la première moitié du siècle"
5 - "Les raisons d'un tel phénomène sont multiples, elles tiennent notamment à l'état de l'intersection entre une technique (nouvelle dans tous les cas) et une culture (ancienne en France, en Allemagne, en Italie et au Japon, jeune mais recyclant de manière novatrice d'anciens apports aux USA et en URSS). Elles tiennent au rapport conquérant de ces nations avec elles-mêmes et avec le reste du monde, qu'elles se sentiront peu ou prou vocation à dominer ou du moins à "éclairer". Et elles tiennent dans chaque cas selon des modalités différentes, à une intervention de l'État". p. 412
6 - à propos de la phrase de Lénine sur le cinéma comme "de tous les arts le plus important" : "l'invention d'une forme de représentation en phase avec l'invention d'un monde nouveau qui se veut à l'oeuvre" p. 412
7 - "Hollywood, la métaphore d'une nation tout entière" p. 413
8 - "le cinéma, s'il est par essence nationale n'est pas fondamentalement nationaliste" p. 414
9 - "Resnais annonce déjà ce sursaut moderne qu'on baptisera Nouvelle Vague, et qui a à voir avec le "renouveau" représenté par le retour de De Gaulle en 1958" p. 415
10 - "On a vu récemment deux très anciennes et très riches civilisations soumises à des dictatures, la Chine et l'Iran, projeter à l'extérieur des images riches et complexes, mais interdites à leur propre usage" p. 415
11 - "C'est le développement des réseaux privés de télévision sous l'empire conquérant de berlusconi qui a détruit en quelques années une cinématographie" p. 415
12 - " Les nouveaux médias, circulation mondiale/consommation privée, fabriquent à tout le moins autre chose... avec le risque désormais repéré que ce qu'ils détruisent manque assez pour susciter un retour violent, archaïque vers la nation ou d'autres formes de communautés intermédiaires territoriales, religieuses, idéologiques, ethniques, etc. " p. 415
III - Argumentaire : Préparation de l'entretien avec Matthieu Kolatte : rencontre le lundi 18 à 15 ou 16 h.
IV - commentaire Néo-cheng yu : (+ les 3 autres pour Xiao Ji)
Valentin nous a expliqué que son spectacle s'appelait Face en hommage aux films de Cassavetes et de Tsai Ming Liang...
Il nous a expliqué également comment, il était important d'intégrer à son spectacle, l'improvisation intégrant presque nécessairement la chute des objets et donc l'échec et la contre-performance et qu'il fallait pour cela éduquer son public ("errera humanum est", la vie c'est aussi ce qui se passe en dessous de la ceinture... ). Or la chute d'objet et la contreperformance, c'est aussi un cas de "perte de la face"... ce qui est contraire aux codes de conduite de la culture chinoise... cette distorsion on peut l'exprimer par le néo-cheng yu suivant...
Jongler avec les visages sans perdre la face ! : 換臉不丟臉。
Jongler avec les visages, c'est savoir perdre la face :
戲顏捨面
戲顏持面
V - Écoutons la radio :
1 - Commentaire de l'émission sur la mode...
2 - Émission sur la musique rock ?
3 - Le portrait de Chevassus...
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