Matthieu Kolatte interviewé le 18 avril
par Angélique (金 煜婕) Régine (劉書宓) Élisabeth Xiong (熊心沂)
Calendrier :
Le 11 mai rendez-vous avec Tanguy Lepesant
Le 12 mai rencontre avec Mélanie Ferrant (journaliste à RTI)
II - Petite histoire de la radio :
Une brève histoire de
la radio
L'histoire de
la radio remonte au XIX e siècle.
L'invention de la radio
est une œuvre collective. Elle est le fruit d’une suite de découvertes et
d'inventions qui ont abouti aux télécommunications modernes. Elle part de la
découverte des ondes
électromagnétiques, de l'invention du télégraphe
et aboutit aux premiers matériels utilisables pour communiquer sans fil.
1840 : Samuel Morse
invente le télégraphe, son assistant Ernest Vail
invente le code dit
« Morse ».
1866 : Mahlon Loomis revendique la première transmission
sans fil en Virginie
(USA).
1883 : Thomas Edison invente le tube
à vide, un composant électronique
actif, généralement utilisé comme amplificateur de signal.
1886-1888 : Heinrich
Rudolf Hertz met en
évidence les ondes radio.
Elles seront appelées « ondes hertziennes » en son honneur.
1889 : Tesla réalise un
générateur hautes fréquences (15 kHz) ; en 1893, il expérimente la première
communication radio.
1890 : Branly
découvre le principe de la radioconduction et met au point le premier détecteur
d'ondes sensibles, le radioconducteur,
qui prendra le nom de cohéreur.
1893 : Le professeur Alexandre Popov de Saint-Pétersbourg,
découvre le principe de l'antenne qui va permettre des liaisons à grande
distance. Plus tard, il découvre sans y prêter attention la jonction et l'effet
d'amplification par semi-conducteurs (environ 40 ans avant la découverte du
transistor)
1895 : Marconi expérimente
les premières liaisons hertziennes sur une distance de 1 500 m. Il
met en application toutes les expériences de ses prédécesseurs pour établir des
communications sans fil à grande distance et en fait un véritable commerce. Il
réalisa ses premiers essais significatifs de télégraphie sans fil à Salvan dans les Alpes suisses. Salvan a
été reconnu par l'association américaine des ingénieurs (IEEE)
comme le « berceau des télécommunications ».
1898 : Eugène
Ducretet établit la première liaison téléphonique hertzienne
entre la Tour Eiffel
et le Panthéon
de Paris, distant de quatre
kilomètres.
1901 : Marconi
effectue la première liaison transatlantique entre Terre-Neuve (Canada) et la
Cornouailles (Angleterre).
1906 : Réginald Fessenden
réussit la première transmission de la voix par radio aux Etats-Unis, la
nuit de Noël.
1910 : Dunwoody
et Pickard
inventent le poste à galène qui permet de créer les
premiers postes récepteurs de radiodiffusion.
Les premières applications
- En 1900,
le lieutenant de
vaisseau Camille Tissot équipe
la marine française de la TSF.
Puis la station
Ouessant TSF
effectue des transmissions
sans fil avec la Marine
nationale de Brest.
- Dès 1904, les paquebots s'équipent de la
radiotélégraphie
et des stations côtières sont opérationnelles.
- En 1907, la première liaison commerciale
transatlantique fonctionne entre l'Irlande et Terre-Neuve.
- Deux naufrages célèbres ont montré l'efficacité de
la radio : en 1909, 920 passagers sont
sauvés lors de la collision République-Florida
grâce à l'appel en TSF. En 1912, le Titanic utilise pour
la première fois le code SOS,
700 passagers sont donc sauvés par le Carpathia.
- En 1920, les premiers
programmes quotidiens de radiodiffusion débutent en Angleterre (Marconi
company), aux États-Unis,
ainsi qu'en URSS.
- En décembre 1921, Radio Tour Eiffel diffuse
un premier concert avec un émetteur de 900 W à la longueur d'onde de 2 650 m.
- En 1922, la Société
Française Radio-Électrique obtient l'autorisation d'effectuer, à titre
expérimental, des émissions radiophoniques quotidiennes. Les concerts Radiola
vont révéler la radiodiffusion au grand public. Ces émissions sont effectuées
par le poste radio-électrique de l'usine S.F.R. de Levallois.
- En 1925, la radio est
utilisée pour la première fois pour une campagne électorale par Herbert Hoover.
- En 1938, aux Etats-Unis, Orson Welles diffuse un
récit de science fiction qui évoque une invasion martienne si réaliste que
les auditeurs affolés descendent dans la rue.
3 ° La Seconde Guerre mondiale :
Pendant la Seconde
Guerre mondiale, les laboratoires des belligérants perfectionnent
des applications nouvelles :
- Le radar,
la radionavigation, le brouillage radio, le cryptage. Des milliers d'émetteurs-récepteurs
mobiles équipent chars, avions et commandement.
- Les radios servent de support à la propagande, comme
la radio du Reich, la Großdeutscher
Rundfunk, tandis que la BBC
est écoutée pendant le couvre-feu, et transmet sur Radio Londres des
informations codées vers la Résistance
(Cf. L’appel à la résistance du Général de Gaulle, le 18 juin 1940 )
4° Les années 1950 :
Tandis que des milliers
d'émetteurs et de récepteurs militaires déclassés permettent aux radioamateurs de
s'équiper dans les « surplus », avec les « Fug »
allemands et les « command set » américains, la radio se
développe et le récepteur grand public se standardise.
Le récepteur « toutes
ondes » couvrant GO PO et OC est dans toutes les familles.
A la fin des
années 50, les premiers « transistors », permettent d'écouter la
radio partout, en vacances, dans la rue, sur la plage, en
« surboum », la radio n'est plus familiale mais individuelle.
L'histoire de la radio devient celle de la radio moderne.
Exercice de recherche : consultez le site de RTI pour préparer la rencontre avec Mélanie Ferrant : http://french.rti.org.tw/
Radio
libres
30 ans de radios libres
Une radio libre est le nom donné aux stations de radio FM
indépendantes. Elles apparaissent dans les années 70 en Europe (France,
Belgique, Italie ...), au Canada ... En France, elles étaient très exactement 1
610 à s’être lancées, en 1981, à l’assaut du territoire vierge de la FM, dans
une joyeuse cacophonie. Elles vont bientôt fêter leurs 30 ans
d’officialisation. Quelle est l’histoire de ces radios ? Quels événements
ont pu pousser un journaliste, dans un tribune du Monde de 1981, à
écrire : « Allons, messieurs du gouvernement, rassurez-vous !
Vous n’avez rien à craindre (...) de tous ces jeunes qui frappent à la porte du
média. (...) Laissez venir à nous les nouveaux talents. Laissez passer les
petits canards ! [1]»
L’ancêtre de
la radio libre : la radio pirate
Jusqu’en 1981, les radios étaient contrôlées par l’Etat.
Seules sont alors autorisées les radios de service public et quelques stations
dites périphériques (Europe 1, RMC, RTL). L’information est partiellement sous le contrôle du
gouvernement. Vers la fin des années 70, de nombreuses personnes commencent à
souhaiter une alternative à ces programmes officiels. La bande FM inutilisée en France, et qui permet pourtant une bien
meilleure qualité d’écoute que les grandes ondes, donne des idées à de nombreux pionniers qui créent des
radios assiociatives ou communautaires. Ils émettent sans autorisation avec du
matériel à bas coût installé sur les toits d’immeubles.
Les premières radios pirates naissent tôt : Radio Lille Campus en 1969, ou Radio Active à Lyon qui lutte en 1976 contre
la construction de la centrale nucléaire de Creys Malville. Leur puissance
d’émission est ridiculement faible et elles occupent des fréquences laissées
libres. Cependant elles sont de temps en temps brouillées pour le principe. La
plus célèbre est britannique, Radio
Caroline[2],
et émet dès 1964 depuis un bateau circulant dans les eaux autour de
l’Angleterre. Au bout de trois semaines d’émission, les sondages lui attribuent
10 millions d’auditeurs. Pour la toute première fois, on peut entendre 100 % de
musique populaire sur les ondes.
Un coup médiatique a contribué à une prise de conscience
par l’Etat de l’existence des radios pirates. Le 10 mars 1977, Brice Lalonde,
candidat écologiste aux élections législatives, présente une vraie fausse radio
pirate au journal d’Antenne 2 : Radio Verte. Il ne s’agit en fait que d’un
trucage avec un magnétophone. Mais le 13 mai 1977, Radio Verte émet sa toute
première émission clandestine, à partir de l’appartement de l’écrivain
Jean-Edern Hallier à Paris. Brice Lalonde et Antoine Lefébure, leader du
mouvement des radios libres, sont au
micro. La courte vie (à peine quelques jours) de Radio Verte fut consacrée au
combat pour la liberté d’expression radiophonique, jusque-là accaparée par
l’Etat.
Des radios pirates commencent à apparaître dans toute la
France pour exprimer des contestations politiques et sociales. On quitte
l’époque de la main-mise des radios étatiques pour une nouvelle ère de la radio
de proximité aux multiples contenus. L’Etat dénonce le risque d’anarchie, fait
brouiller les émissions clandestines et envoie la police saisir les émetteurs.
De nombreuses protestations s’élèvent contre cette forme de censure, qui prive
les associations de la possibilité de communiquer par leurs propres moyens
(alors que la radio publique autorisée leur laisse une place insuffisante voire
inexistante).
Ces protestations reçoivent l’appui du Parti Socialiste,
notamment à l’approche des élections présidentielles. François Mitterrand, candidat
face à Valéry Giscard d’Estaing, promet sur la radio clandestine Riposte de
mettre fin au monopole d’Etat, ce qui lui vaut une mise en examen. Dès le
lendemain de son élection, en 1981, les radios pirates se multiplient. C’est la
période de l’essor des radios libres, totalement indépendantes de l’Etat,
directement issues des radios pirates.
Des pirates
aux commerçants
La loi du 29 juillet
1982, qui autorise les radios libres à émettre, brise
définitivement le monopole. Les radios libres changent alors de nom et
deviennent des radios locales privées (R.L.P.). L’histoire de la bande FM
connaît un autre tournant décisif en 1984 avec la légalisation de la publicité
par la loi n°84-742. Les R.L.P peuvent désormais choisir entre deux
statuts : garder une structure associative
sans avoir recours à la publicité ou devenir commerciales. Celles qui conservent le statut associatif reçoivent
une subvention d’Etat prélevée sur les recettes publicitaires. D’autres peuvent
devenir des sociétés commerciales et former un maillon de l’économie. La
possibilité de transformer les auditeurs en consommateurs attire les financiers
de tous bords. Ces radios cherchent à plaire à leur public, mais surtout aux
éventuels annonceurs. L’audience devient une marchandise.
Ces R.L.P entrent directement dans une logique
commerciale concurrentielle. A la régulation par le gouvernement succède alors
la régulation par le marché.
La plupart des stations FM indépendantes historiques
disparaissent. Par exemple, Carbone 14, station parisienne des premières heures, refuse de se
doter d’un agencement de programmes structuré et se saborde. Le public change,
il veut des émissions plus régulières, plus de professionnalisme dans
l’animation. A cause de leurs difficultés financières, de nombreuses R.L.P
meurent ou se réunissent sous une bannière, devenant ainsi une maille d’un
réseau. NRJ adapte le
concept de franchise, connu dans la grande distribution, au monde de la FM. En
1986, la loi Léotard autorise la constitution de réseaux commerciaux.
La liberté d’expression a aussi ses inconvénients.
Comment empêcher que ne se développent des idées extrémistes ? Une petite station associative, Radio Laser engage ainsi
un procès contre Radio Courtoisie, associée au Front National, parti d’extrême
droite, pour "corruption active" de la CNCL (Conseil National de la Communication et des
Libertés) et les membres de la CNCL sont parallèlement poursuivis pour "forfaiture". Michel Droit, alors membre de la Commission, est
particulièrement visé - il obtiendra un non-lieu, après de multiples péripéties
judiciaires.
Aujourd’hui, quatre grands groupes privés (RTLgroupe, NRJ
groupe, Lagardère groupe, Next Radio TV)se partagent les bénéfices de la FM,
avec Radio France. Il reste 25% aux
radios associatives.
[1] Un canard désigne au XVIe siècle une « fausse
nouvelle » ; aujourd'hui, familièrement, « les journaux ».
Peut être affectueux ou péjoratif, selon le contexte.
[2] Un film s’est
inspiré de l’histoire de cette radio pirate : Good Morning England! De Richard Curtis en 2009
III - Un extrait de l'Histoire des médias de Diderot à Internet de Frédéric Barbier et Catherine Bertho-Lavenir, p. 223-248
Soyons attentifs dans notre lecture au double modèle proposé par la radio dès ses débuts : modèle commercial et un modèle étatique.
IV - Questionnaire pour Mélanie Ferrant
V - Néo Chengyu pour illustrer l'entretien avec Matthieu Kolatte : « Pas de nation sans cinéma. Pas de cinéma sans nation » !
Plusieurs propositions
1 - « 影國相依 » (Angélique)
影
= film
國
= nation
相
= l'un l’autre; réciproquement; mutuellement
依
= dépendre de
(Inspiré
cheng-yu : chún chǐ xiāng yī « 唇齒相依 » qui exprime l’interdépendance figurée
par les dents et les
lèvres qui vivent ensemble : http://chengyu.game2.tw/archives/50348#.V8bdiZh96hc)
guo jia li, you dian ying; dian ying li, you guo jia
Ici, les mots 國家 « nation » et 電影 « cinéma » sont
plutôt vus comme une grande image, un sens général, ou une notion qui va de
pair avec l'autre. En plus, je trouve qu'il correspond bien à ce que ces
phrases indiquent : « Pas de nation sans cinéma. Pas de cinéma sans
nation. Il existe une affinité de nature entre cinéma et nation, qui repose sur
un mécanisme commun, qui les constitue l’un et l’autre : la projection.e
« 電影,
國家,
休戚相關 » (Elisabeth)
dian ying, guo jia, xiu qi xiang
guan.
C'est
un chengyu qui désigne une relation profonde et intime entre les
choses désignées.
VI - écoutons la radio : histoire de la radio
http://www.franceculture.fr/oeuvre-histoire-de-la-radio-des-années-trente-de-cécile-méadel.html