"Le paradoxe est qu'il y a plus dans l'aide-mémoire que dans la mémoire, plus dans le pense-bête que dans le penseur" Régis DEBRAY, Introduction à la médiologie, Paris, PUF, 2000, p. 19
Juby Chiu interviewée par Elisabeth et David
I - En guise de transition.
De la sémiologie à la médiologie. Ce cours de présentation va être une transition entre deux approches celle que nous avons découvert en accompagnant Roland Barthes et celle que nous allons découvrir avec Régis Debray.
Pour vous faire comprendre le rapport entre ces deux "disciplines transversales", nous allons partir d'une référence commune à ces deux penseurs, en l'occurrence à Notre Dame de Paris de Victor Hugo.
"Plusieurs écrivains ont parlé de la ville en termes de signification. Un des auteurs qui a le mieux exprimé cette nature essentiellement signifiante de l'espace urbain est selon moi Victor Hugo. Dans Notre-Dame de Paris, Hugo a écrit un très beau chapitre, d'une intelligence très fine, "celui-ci tuera celui-là"; celui-ci c'est-à-dire le livre, celui-là, c'est-à-dire le monument. En s'exprimant ainsi, Hugo fait preuve d'une façon assez moderne de concevoir le monument et la ville, véritablement comme une écriture, comme une inscription de l'homme dans l'espace. Ce chapitre de Victor Hugo est consacré à la rivalité entre deux modes d'écritures, l'écriture par la pierre et l'écriture sur le papier."
Roland BARTHES, "Sémiologie et urbanisme" in L'Aventure sémiologique, Paris, Seuil, 1985, p. 262-3.
Décidément ce cours, cette année sera sous le signe de V. Hugo.
Régis Debray a commenté ce chapitre "Ceci tuera cela" en des termes assez différents.
Pour Victor Hugo, "Ceci tuera cela" désigne la disparition du monument au profit de l'imprimerie. Le roman écrit au XIX raconte une histoire qui est contemporaine de l'invention de l'imprimerie par Gutenberg (1453). Le monument de pierre (comme l'église de Notre-Dame) était un moyen de communiquer et de transmettre aux hommes l'autorité de la parole biblique. Frollo l'archidiacre de Notre-Dame de Paris regarde avec angoisse, cette invention qui va lui ravir l'autorité qu'il exerce à travers l'église dont il est le responsable.
Pour Roland Barthes, "Ceci tuera cela" désigne la même chose. Mais il est surtout un moyen pour montrer que les signes ne sont pas uniquement alphabétiques. Un monument est aussi signifiant qu'un livre. On peut interpréter l'urbanisme comme un système de signes.
Pour Debray, "ceci tuera cela" symbolise le passage entre deux médiasphères distinctes qui se caractérisent par les supports de transmission (ou médium) : on passe de la logosphère (écriture) à la graphoshère (imprimerie).
Voyons de quoi il s'agit en lisant cet extrait du chapitre III de son Introduction à la médiologie p. 69 à 72.
1 - "ceci remplacera cela" : passage de la logosphère à la graphosphère.
2 - La médiologie n'est pas l'étude des médias mais celle des médiums
3 - méthode I "traque des préjugés" méthode II (idée, technique, institution)
Commençons la lecture du chapitre 1
- retour sur le bilan de la fin de semestre et vos commentaires sur vos productions.
- Pour s'améliorer rien de tel que d'écouter une émission de radio : les "Pieds sur terre".
La semaine prochaine je vous présenterai un autre aspect de la médiologie et vous présenterez une série de sujets que l'on pourra traiter.
III - Pour la semaine prochaine
1 - Samedi : salon du livre à Taipei. Êtes-vous intéressés ? Deux places.
2 - Finir les documentaires
3 - Écoutez un documentaire de votre choix dans l'émission Les Pieds sur terre puis présentez-le en cours : http://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre?p=2
4 - Finir la lecture du premier chapitre de Introduction à la médiologie
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire