mercredi 23 septembre 2015

Cours n°2 haïku radiophonique


24 septembre. Cours n°2 – Empire des signes. Chapitre haïku « l’effraction du sens ». p. 93-98. Côté pratique : Interviews et 5 w et +. Fiche « un bon interview ». Préparation première entretien. Exercices : haïkus sonores.
Haïku radiophonique n°1 : "basket à minuit" 
https://soundcloud.com/ivan-546966006/haiku-n2-basket-a-minuit


Je vous adresse avant tout une série de questions importantes pour le déroulement du cours.

1 – Quels cours suivez-vous ?
2 – Quel est votre sujet de mémoire et quel professeur le dirige ?
3 – Sur quel sujet de documentaire avez-vous choisi de travailler ?
4 – Quelles sont vos disponibilités dans la semaine et le week-end pour faire du montage et mener à bien vos documentaires ?
5 – Quelle équipe souhaitez vous former ? (équipe de deux ou trois max)

Avant de mettre en perspective nos futurs travaux radiophoniques, commençons par nous intéresser à deux premiers sujets, matière à reportage ou documentaire, que l’actualité nous incite à traiter en priorité.

Le premier est relatif à un texte de Victor Hugo mis en scène prochainement à Taipei : Les Derniers jours d’un condamné. « 死刑犯的最後一天 » Ce texte traite de la question de la peine de mort et adopte un point de vue abolitionniste. Monter une telle pièce à Taipei n’est pas anodin puisque Taiwan applique encore la peine de mort. C’est donc un sujet volontairement polémique et engagé. Nous allons voir comment le traiter.

La pièce sera jouée du 8 au 11 au Thinkers’ theater (cela tombe tout juste au moment de la journée internationale contre la peine de mort le 10/10).

Nous allons contacter l’équipe pour prendre rendez-vous puis nous préparerons l’entretien :
Le réalisateur, Chen Yi-wen yiwenfilm@hotmail.com
La productrice : Janette Lin tkstheatre@gmail.com

Nous contacterons ensuite Sarah Wandy, spécialiste des Droits de l’homme au BFT pour nous aider à comprendre les enjeux culturels et politiques d’une telle pièce.

Ce reportage (qui pourra devenir un documentaire) nous a été suggéré par le BFT (je vais rencontrer demain l’un des responsables (Nicolas Bauquet, conseiller de collaboration et d’action culturelle) pour discuter des modalités de collaboration et d’échange (documentaires-stages).


Le deuxième est relatif à l’association des Urban Sketchers à Taiwan.  Et nous allons d’emblée chercher à rencontrer Carton Chen :

Dans les deux cas de figures, il faudra se déplacer pour mener ces entretiens.


I - Les sons récoltés :

Écoutons maintenant les sons que vous avez prélevés. Tâchons de les identifier. Commentons ensuite la nature de ces sons (Y a-t-il par exemple des sons proprement Taiwanais ?) et la technique de la prise de son (Qualité du son : saturation et parasite).

C’est sons comme je vous le disais, avant  d’être identifiés, ne sont que des bruits, de la matière sonore informe. Ils deviennent ensuite des signes auditifs que vous lisez sans vous en apercevoir. Lire, au sens sémiologique, c’est à dire classer, découper le réel pour lui donner du sens.

« La langue est le domaine des articulations, et le sens est avant tout découpage. Il s’ensuit que la tâche futur de la sémiologie est beaucoup moins d’établir des lexiques d’objets que de retrouver des articulations que les hommes font subir au réel »
Roland Barthes, L’Aventure sémiologique, Paris, Seuil, 1985, p. 53

Le découpage des systèmes ne va pas toujours de soi. Ainsi à propos du fonctionnement de la langue en syntagme (et en paradigme) :

« Le syntagme se présente sous une forme « enchaînée » (par exemple le flux de parole). Or (…) le sens ne peut naître que d’une articulation, c’est-à-dire d’un division simultanée de la nappe signifiante et de la masse signifiée : le langage, c’est en quelque sorte ce qui divise le réel (par exemple se spectre continu des couleurs se réduit verbalement à une série de termes discontinus). Il y a donc, devant tout syntagme, un problème analytique : le syntagme est à la fois (fluent, enchaîné) et cependant on  il ne peut véhiculer du sens que s’il est « articulé ». Comment découper le syntagme ? Ce problème renaît devant chaque système de signes : dans le langage articulé,  il y a eu d’innombrables discussions sur la nature (c’est-à-dire, en fait, sur les limites) du mot, et pour certains systèmes sémiologiques, on peut prévoir ici des difficultés importantes : certes, il existe des systèmes rudimentaires de signes fortement discontinus : signalisations routières par exemple, dont les signes, pour des raisons de sécurité, doivent être radicalement séparés pour être perceptibles immédiatement : mais les syntagmes iconiques, fondés sur une représentation plus  ou moins analogique de la scène réelle, sont infiniment plus difficiles à découper, raison pour laquelle sans doutes des sustèmes sont presque universllement ment, doublés  par une parole articulée (légende d’une photo) qui les dote du discontinu qu’ils n’ont pas. Malgré ces difficultés, le écoupage du syntagme est une opération fondamentale, puisqu’il doit livrer les unités paradigmatiques du système ; c’est en somme la définition même du syntagme que d’être constitué par une substance qui doit être découpée. Le syntagme, sous sa forme de parole, se présente comme un « texte sans fin » : comment repérer dans ce texte sans fin les unités signifiantes, c’est-à-dire les limites des signes qui le constituent ? » Roland Barthes, L’Aventure sémiologique, Paris, Seuil, 1985, p. 58

Nous avons vu que Roland Barthes. Son observation du Monde n’est ni celle de Segalen (Traité sur l’exotisme), ni celle de Nicolas Bouvier (L’Usage du monde)… Son usage du Monde est strictement un usage littéraire… en tout cas c’est ce qu’il prétend. La méthode sémiologique qu’il applique dans L’Empire des signes est décuplée par le sentiment d’étrangeté que provoque en lui le monde japonais. Ce sentiment porte à vif son regard et sa sensibilité. L’exotisme, l’étrangeté absolu, l’expérience maximale de l’étrange déporte son attention sur le langage extralinguistique (la communication ne passe pas exclusivement par la parole : Roland BARTHES, L’Empire des signes,  Paris, Seuil, 2005, p. 21) De ce point de vue, il va être difficile pour vous qui êtes taiwanais d’atteindre un tel degré de sensibilité à l’égard de signes qui vous sont complètement familiers.

Nous allons poursuivre l’exercice de la prise de son en augmentant un peu la difficulté. Vous avez pu constater qu’il n’était pas facile de prendre du son même s’il est donné à tout le monde de le faire. C’est un peu comme les haïkus tels que les définit Roland Barthes dans l’Empire des sens. On a l’illusion qu’il est donné à tout le monde de pouvoir en écrire. Voyons ce qu’il en dit :

II - Le Haïku et la radiophonie intérieure :








Pourquoi Roland Barthes est-il fasciné par cette forme poétique japonaise ? Deux modes de pensée sont absents dans le haïku. Quels sont-ils ?

« Nous avons deux moyens d’éviter au discours l’infamie du non-sens, et nous soumettons systématiquement l’énonciation (dans un colmatage éperdu de toute nullité qui pourrait laisser voir le vide du langage) à l’une ou l’autre de ces significations (ou fabrications actives de signes) : le symbole et le raisonnement, la métaphore et le syllogisme ». ». Roland BARTHES, L’Empire des signes,  Paris, Seuil, 2005, p. 96

« Si l’on renonçait à la métaphore ou au syllogisme, le commentaire deviendrait impossible », ». Roland BARTHES, L’Empire des signes,  Paris, Seuil, 2005, p. 97.

Il ajoute au chapitre suivant l’image suivante pour préciser sa pensée. Je l’ai relevé évidemment pour l’allusion radiophonique. Mais que sous-entend Roland Barthes ?

« Tout le Zen, dont le haïkaï n’est que la branche littéraire, apparaît ainsi comme une immense pratique destinée à arrêter le langage, à casser cette sorte de radiophonie intérieure qui émet continûment en nous, jusque dans notre sommeil ». Roland BARTHES, L’Empire des signes,  Paris, Seuil, 2005, p. 101.

D’où l’idée de substituer un haïku sonore, une expression radiophonique extérieure, pour substituer à ce carcan de la pensée qu’est cette « radiophonie intérieure ».  

III - Le Haïku radiophonique :




https://soundcloud.com/ivan-546966006/haiku-n2-basket-a-minuit


Nous avons désormais une forme qui comprend :
- un moment zen
- un « trait » de la vie quotidienne à Taiwan
- un format un peu plus long que la prise de son précédente (1’30, 2’)
- un haïku (3 vers)
- thématique taiwanaise (penser à l’auditeur RCP, Asialyst)
- bilingue
- une signature.

IV – pratiques du montage :

Exemple. Démonstration.

Entre deux cours.
Embouteillage dans les couloirs.
Les étudiants décompressent.

Réglage :
Pinewave 256 kbps 48000 mghz format 1 h

V – démarches à accomplir :

Préparation :
- Contacter chaque interlocuteur.
- Contacter Hubert Kilian et lui envoyer une invitation. Également à Guillaume Chiang.
- Envoyer le sujet pour l’intervention du 28 : « Barthes par ses détracteurs ou lire Barthes aujourd’hui »…




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