lundi 23 octobre 2017

Cours n°48 Bd de reportage 6 Des échos de Davodeau à Taipei + présentation de l'entretien avec Mei



Calendrier :
- Le 8 novembre Cheng Mei-chen, traductrice des Ignorants, viendra suivre le cours. Nous en profiterons pour faire une interview.

- Elle nous a transmis également le contact de Sean Chuang, 小莊 (nom complet : 莊永新 CHUANg Yong-Hsin) 

Il faut donc le contacter pour organiser une rencontre. Deux possibilités : on se déplace ou il se déplace ? S'il se déplace, ce peut-être sous forme d'une conférence. Ou bien nous nous déplaçons et dans ce cas il s'agit d'une simple interview.


Des échos de Davodeau à Taipei.
Il est venu au moins une fois à l'occasion d'une exposition à Taipei sur la BD au Louvre et sur la publication de son livre le Chien qui louche, traduit par Chen Chen Mei.


I - l'Avant-propos de Rural par Davodeau  :

Lecteur, je te vois. Tu hésites. Qu’est-ce que c’est ? Un documentaire ? Un reportage ? Peut-être un peu les deux.
Une chose est sûre : c’est de la bande dessinée.
Le champ de la bande dessinée est vaste. Je ne connais pas de raison pour le limiter à la fiction.

L’idée de ce livre tient en quelques mots : regarder, écouter. Raconter, dessiner.

C’est donc bien le récit d’un morceau de cette bonne vieille réalité que tu trouveras dans les pages qui suivent. C’est aussi, et surtout, une vraie histoire. Elles pullulent autour de nous. Il suffit d’avoir l’œil, de se pencher et de ramasser.

Pour éviter de raconter trop de bêtises sur les activités des gens qui figurent dans ce livre et surtout pour ne pas trahir leur propos, je leur en faisais systématiquement relire les textes. Et je corrigeais jusqu’à obtention de leur accord. C’est pour dessiner les scènes que j’ai racontées sans y assister que ce principe s’est avéré le plus utile. Sous un bombardement de questions, mon interlocuteur essayait de me donner une idée la plus précise possible des lieux et des faits. A ma table à dessin, je m’efforçais ensuite de retrouver l’essence de l’événement jusqu’à ce que ma retranscription soit agréée par son narrateur.
Là où la vidéo supporterait mal la cohabitation entre du vrai reportage et de pesantes reconstitutions avec comédiens, sa légèreté technique, la distance qu’elle impose à son sujet permettent sans effort à la bande dessinée d’unir ces scènes intégralement recomposées à celles dessinées de visu.
Mais justement, objecteront quelques sceptiques, qui peut nous garantir la véracité des faits  qui nous sont racontés puisqu’ils sont intégralement (re)créés par l’auteur ? Belle et saine méfiance. Approuvons la. Et parce qu’il serait illusoire d’imaginer qu’une caméra est naturellement plus objectif qu’un crayon, ne nous privons pas de l’appliquer aux images de tous les reportages et documentaires dont nous abreuve la télévision.

L’objectivité est une belle idée. Et bien sûr on peut sincèrement y prétendre. Mais on peut aussi considérer comme très difficile de s’affranchir de soi-même. Quel auteur peut affirmer avec certitude en livrant un récit que ni ses goûts, ni ses opinions personnelles ne sont intervenus dans son travail ?
Pas moi. On raconte d’un point de vue. Raconter, c’est cadrer. Cadrer, c’est éluder. Éluder, c’est mentir.
Alors non, l’objectivité n’est pas de ce livre.

Dans cette course à la probité, on peut essayer une tactique inverse : affichons comme un signal permanent que tout ce qu’on raconte n’est que ce qu’on en a perçu – nécessaire lapalissade – et pour ça, entrons dans le champ. L’idée est de se représenter pour que le lecteur ne puisse plus oublier qu'entre lui et ce qu’il lit sévit un individu qui a tout organisé.
Ce n’est pas moins honnête.
C’est en tout cas plus clair
… à mon avis, bien sûr.

Alors lis. Et dis-moi.

Questions : 

1 - Pourquoi Davodeau éprouve-t-il le besoin de s'adresser au lecteur ?
2 - Il fait référence à la réalité. S'agit-il pour autant du "réalisme" tel que l'entendait Balzac par exemple ?
3 - En quoi consiste "l'effort de probité" de Davodeau ?
4 - Que reproche-t-il à la vidéo ?
5 - Que répond-il aux "sceptiques imaginaires" qui l'accuse de manquer d'objectivité ?
6 - Que pourrait-on reprocher a cet effort de probite ? q cette recherche systematique de l'assentiment de ses interlocuteur ?



II - Quelques planches à commenter 

1 Rural : l'engagement politique sur le terrain... du journalisme de terroir...
Etienne Davodeau se rend dans une exploitation agricole qui s'est converti au bio et étudie leur cycle de production.

Étudions quelques planches :
- p. 7-13 : in medias res
- p. 90-97 : l'engagement sur le terrain, l'engagement politique

2 les Ignorants : le méta-discours critique...
Etienne Davodeau propose à un viticulteur un échange de bons procédés : il étudie auprès de lui sa technique pour faire du vin et en échange il l'initie au monde de la bande-dessinée.

Étudions quelques planches :
- p. 3-4. Le principe
- p. 53 - 57. L'interaction avec Lewis Trondheim

Incroyable "effet de réel" pour un réalisme qui place la narration au plus près d'un réel ("subjectivé"),  un réalisme sans prétention à l'objectivité, ce réalisme singulier qui caractérise la BD documentaire.

3 Le Chien qui louche : la défense du 9 ème art
Il s'agit d'une fiction avec beaucoup d'éléments empruntés aux réels. Etienne Davodeau imagine l'histoire d'un gardien du Louvre dont la belle famille veut introduire la "croûte" de leur bisaïeul. Un hold-up à l'envers.

Étudions quelques planches :
- p. 16 à 19 : la découverte du "chien qui louche"
- p. 49 à 53 : la victoire de Samothrace

III - préparation d'un questionnaire pour Chen Chen Mei, traductrice de Davodeau.

Nous avons élaboré les 5 questions suivantes qu'il faudrait approfondir :

1 - Avez-vous eu des contacts avec Etienne Davodeau pour faire la traduction ? Quand vous avez rencontré des difficultés, vous a-t-il aidé, ou fait part de ses opinions ?
cherchez des exemples précis.  (Comment traduire par exemple le jeu de mots de Trondheim sur le mot "bec" dans Les Ignorants)
2 - Comment les bandes dessinées qui portent sur des sujets très français, peuvent-ils toucher les Taïwanais ?
3 - Est-ce vous qui choisissez ce que vous traduisez ou votre maison d'édition ?
4 - Pourquoi Davodeau plutôt qu'un autre ?
5 - Combien de temps vous a-t-il fallu pour traduire un volume comme les Ignorants ?


IV - Davodeau à la radio : La fabrique de l'histoire sur France culture

Davodeau présente Le Chien qui louche
https://www.franceculture.fr/emissions/un-autre-jour-est-possible/bd-davodeau

Davodeau présente une BD sur l'Histoire de France
https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/la-bd-entre-dans-lhistoire-44-lhistoire-dessinee-de-la-france

V - Pratique :

La planche deuxième jet
Exercice de croquis reportage



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