mercredi 27 avril 2016

Cours n° 26 radio Mélanie Ferrant et Bertho Lavenir

Matthieu Kolatte interviewé le 18 avril
par Angélique (金 煜婕) Régine (劉書宓) Élisabeth Xiong  (熊心沂)

Calendrier
Le 11 mai rendez-vous avec Tanguy Lepesant 
Le 12 mai rencontre avec Mélanie Ferrant (journaliste à RTI)

I - Retour rapide sur l'entretien avec Matthieu Kolatte :



II - Petite histoire de la radio :
Une brève histoire de la radio

L'histoire de la radio remonte au XIX e siècle. L'invention de la radio est une œuvre collective. Elle est le fruit d’une suite de découvertes et d'inventions qui ont abouti aux télécommunications modernes. Elle part de la découverte des ondes électromagnétiques, de l'invention du télégraphe et aboutit aux premiers matériels utilisables pour communiquer sans fil.

1840 : Samuel Morse invente le télégraphe, son assistant Ernest Vail invente le code dit « Morse ».
            1866 : Mahlon Loomis revendique la première transmission sans fil en Virginie (USA).
            1883 : Thomas Edison invente le tube à vide, un composant électronique actif, généralement utilisé comme amplificateur de signal.
            1886-1888 : Heinrich Rudolf Hertz met en évidence les ondes radio. Elles seront appelées « ondes hertziennes » en son honneur.
            1889 : Tesla réalise un générateur hautes fréquences (15 kHz) ; en 1893, il expérimente la première communication radio.
            1890 : Branly découvre le principe de la radioconduction et met au point le premier détecteur d'ondes sensibles, le radioconducteur, qui prendra le nom de cohéreur.
            1893 : Le professeur Alexandre Popov de Saint-Pétersbourg, découvre le principe de l'antenne qui va permettre des liaisons à grande distance. Plus tard, il découvre sans y prêter attention la jonction et l'effet d'amplification par semi-conducteurs (environ 40 ans avant la découverte du transistor)
            1895 : Marconi expérimente les premières liaisons hertziennes sur une distance de 1 500 m. Il met en application toutes les expériences de ses prédécesseurs pour établir des communications sans fil à grande distance et en fait un véritable commerce. Il réalisa ses premiers essais significatifs de télégraphie sans fil à Salvan dans les Alpes suisses. Salvan a été reconnu par l'association américaine des ingénieurs (IEEE) comme le « berceau des télécommunications ».
            1898 : Eugène Ducretet établit la première liaison téléphonique hertzienne entre la Tour Eiffel et le Panthéon de Paris, distant de quatre kilomètres.
            1901 : Marconi effectue la première liaison transatlantique entre Terre-Neuve (Canada) et la Cornouailles (Angleterre).
            1906 : Réginald Fessenden réussit la première transmission de la voix par radio aux Etats-Unis, la nuit de Noël.
            1910 : Dunwoody et Pickard inventent le poste à galène qui permet de créer les premiers postes récepteurs de radiodiffusion.


Les premières applications
            La sécurité maritime :
- En 1900, le lieutenant de vaisseau Camille Tissot équipe la marine française de la TSF.
Puis la station Ouessant TSF effectue des transmissions sans fil avec la Marine nationale de Brest.
- Dès 1904, les paquebots s'équipent de la radiotélégraphie et des stations côtières sont opérationnelles.
- En 1907, la première liaison commerciale transatlantique fonctionne entre l'Irlande et Terre-Neuve.
- Deux naufrages célèbres ont montré l'efficacité de la radio : en 1909, 920 passagers sont sauvés lors de la collision République-Florida grâce à l'appel en TSF. En 1912, le Titanic utilise pour la première fois le code SOS, 700 passagers sont donc sauvés par le Carpathia.

            2° La TSF familiale :
- En 1920, les premiers programmes quotidiens de radiodiffusion débutent  en Angleterre (Marconi company), aux États-Unis, ainsi qu'en URSS.
- En décembre 1921, Radio Tour Eiffel diffuse un premier concert avec un émetteur de 900 W à la longueur d'onde de 2 650 m.
- En 1922, la Société Française Radio-Électrique obtient l'autorisation d'effectuer, à titre expérimental, des émissions radiophoniques quotidiennes. Les concerts Radiola vont révéler la radiodiffusion au grand public. Ces émissions sont effectuées par le poste radio-électrique de l'usine S.F.R. de Levallois.
- En 1925, la radio est utilisée pour la première fois pour une campagne électorale par Herbert Hoover.
- En 1938, aux Etats-Unis, Orson Welles diffuse un récit de science fiction qui évoque une invasion martienne si réaliste que les auditeurs affolés descendent dans la rue.

3 ° La Seconde Guerre mondiale :
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les laboratoires des belligérants perfectionnent des applications nouvelles :
- Le radar, la radionavigation, le brouillage radio, le cryptage. Des milliers d'émetteurs-récepteurs mobiles équipent chars, avions et commandement.
- Les radios servent de support à la propagande, comme la radio du Reich, la Großdeutscher Rundfunk, tandis que la BBC est écoutée pendant le couvre-feu, et transmet sur Radio Londres des informations codées vers la Résistance (Cf. L’appel à la résistance du Général de Gaulle, le 18 juin 1940 )

4° Les années 1950 :
Tandis que des milliers d'émetteurs et de récepteurs militaires déclassés permettent aux radioamateurs de s'équiper dans les « surplus », avec les « Fug » allemands et les « command set » américains, la radio se développe et le récepteur grand public se standardise.
Le récepteur « toutes ondes » couvrant GO PO et OC est dans toutes les familles.
A la fin des années 50, les premiers « transistors », permettent d'écouter la radio partout, en vacances, dans la rue, sur la plage, en « surboum », la radio n'est plus familiale mais individuelle. L'histoire de la radio devient celle de la radio moderne.
Exercice de recherche : consultez le site de RTI pour préparer la rencontre avec Mélanie Ferrant : http://french.rti.org.tw/


Radio libres

30 ans de radios libres
Une radio libre est le nom donné aux stations de radio FM indépendantes. Elles apparaissent dans les années 70 en Europe (France, Belgique, Italie ...), au Canada ... En France, elles étaient très exactement 1 610 à s’être lancées, en 1981, à l’assaut du territoire vierge de la FM, dans une joyeuse cacophonie. Elles vont bientôt fêter leurs 30 ans d’officialisation. Quelle est l’histoire de ces radios ? Quels événements ont pu pousser un journaliste, dans un tribune du Monde de 1981, à écrire : « Allons, messieurs du gouvernement, rassurez-vous ! Vous n’avez rien à craindre (...) de tous ces jeunes qui frappent à la porte du média. (...) Laissez venir à nous les nouveaux talents. Laissez passer les petits canards ! [1]»

 L’ancêtre de la radio libre : la radio pirate
Jusqu’en 1981, les radios étaient contrôlées par l’Etat. Seules sont alors autorisées les radios de service public et quelques stations dites périphériques (Europe 1, RMC, RTL). L’information est partiellement sous le contrôle du gouvernement. Vers la fin des années 70, de nombreuses personnes commencent à souhaiter une alternative à ces programmes officiels. La bande FM inutilisée en France, et qui permet pourtant une bien meilleure qualité d’écoute que les grandes ondes, donne des idées à de nombreux pionniers qui créent des radios assiociatives ou communautaires. Ils émettent sans autorisation avec du matériel à bas coût installé sur les toits d’immeubles.
Les premières radios pirates naissent tôt : Radio Lille Campus en 1969, ou Radio Active à Lyon qui lutte en 1976 contre la construction de la centrale nucléaire de Creys Malville. Leur puissance d’émission est ridiculement faible et elles occupent des fréquences laissées libres. Cependant elles sont de temps en temps brouillées pour le principe. La plus célèbre est britannique, Radio Caroline[2], et émet dès 1964 depuis un bateau circulant dans les eaux autour de l’Angleterre. Au bout de trois semaines d’émission, les sondages lui attribuent 10 millions d’auditeurs. Pour la toute première fois, on peut entendre 100 % de musique populaire sur les ondes.

Un coup médiatique a contribué à une prise de conscience par l’Etat de l’existence des radios pirates. Le 10 mars 1977, Brice Lalonde, candidat écologiste aux élections législatives, présente une vraie fausse radio pirate au journal d’Antenne 2 : Radio Verte. Il ne s’agit en fait que d’un trucage avec un magnétophone. Mais le 13 mai 1977, Radio Verte émet sa toute première émission clandestine, à partir de l’appartement de l’écrivain Jean-Edern Hallier à Paris. Brice Lalonde et Antoine Lefébure, leader du mouvement des radios libres, sont au micro. La courte vie (à peine quelques jours) de Radio Verte fut consacrée au combat pour la liberté d’expression radiophonique, jusque-là accaparée par l’Etat.
Des radios pirates commencent à apparaître dans toute la France pour exprimer des contestations politiques et sociales. On quitte l’époque de la main-mise des radios étatiques pour une nouvelle ère de la radio de proximité aux multiples contenus. L’Etat dénonce le risque d’anarchie, fait brouiller les émissions clandestines et envoie la police saisir les émetteurs. De nombreuses protestations s’élèvent contre cette forme de censure, qui prive les associations de la possibilité de communiquer par leurs propres moyens (alors que la radio publique autorisée leur laisse une place insuffisante voire inexistante).
Ces protestations reçoivent l’appui du Parti Socialiste, notamment à l’approche des élections présidentielles. François Mitterrand, candidat face à Valéry Giscard d’Estaing, promet sur la radio clandestine Riposte de mettre fin au monopole d’Etat, ce qui lui vaut une mise en examen. Dès le lendemain de son élection, en 1981, les radios pirates se multiplient. C’est la période de l’essor des radios libres, totalement indépendantes de l’Etat, directement issues des radios pirates.

  Des pirates aux commerçants
La loi du 29 juillet 1982, qui autorise les radios libres à émettre, brise définitivement le monopole. Les radios libres changent alors de nom et deviennent des radios locales privées (R.L.P.). L’histoire de la bande FM connaît un autre tournant décisif en 1984 avec la légalisation de la publicité par la loi n°84-742. Les R.L.P peuvent désormais choisir entre deux statuts : garder une structure associative sans avoir recours à la publicité ou devenir commerciales. Celles qui conservent le statut associatif reçoivent une subvention d’Etat prélevée sur les recettes publicitaires. D’autres peuvent devenir des sociétés commerciales et former un maillon de l’économie. La possibilité de transformer les auditeurs en consommateurs attire les financiers de tous bords. Ces radios cherchent à plaire à leur public, mais surtout aux éventuels annonceurs. L’audience devient une marchandise.
Ces R.L.P entrent directement dans une logique commerciale concurrentielle. A la régulation par le gouvernement succède alors la régulation par le marché.
La plupart des stations FM indépendantes historiques disparaissent. Par exemple, Carbone 14, station parisienne des premières heures, refuse de se doter d’un agencement de programmes structuré et se saborde. Le public change, il veut des émissions plus régulières, plus de professionnalisme dans l’animation. A cause de leurs difficultés financières, de nombreuses R.L.P meurent ou se réunissent sous une bannière, devenant ainsi une maille d’un réseau. NRJ adapte le concept de franchise, connu dans la grande distribution, au monde de la FM. En 1986, la loi Léotard autorise la constitution de réseaux commerciaux.
La liberté d’expression a aussi ses inconvénients. Comment empêcher que ne se développent des idées extrémistes ? Une petite station associative, Radio Laser engage ainsi un procès contre Radio Courtoisie, associée au Front National, parti d’extrême droite, pour "corruption active" de la CNCL (Conseil National de la Communication et des Libertés) et les membres de la CNCL sont parallèlement poursuivis pour "forfaiture". Michel Droit, alors membre de la Commission, est particulièrement visé - il obtiendra un non-lieu, après de multiples péripéties judiciaires.
Aujourd’hui, quatre grands groupes privés (RTLgroupe, NRJ groupe, Lagardère groupe, Next Radio TV)se partagent les bénéfices de la FM, avec Radio France. Il reste 25% aux radios associatives.




[1] Un canard désigne au XVIe siècle une « fausse nouvelle » ; aujourd'hui, familièrement, « les journaux ». Peut être affectueux ou péjoratif, selon le contexte.
[2] Un film s’est inspiré de l’histoire de cette radio pirate : Good Morning England! De Richard Curtis en 2009


III - Un extrait de l'Histoire des médias de Diderot à Internet de Frédéric Barbier et Catherine Bertho-Lavenir, p. 223-248

Soyons attentifs dans notre lecture au double modèle proposé par la radio dès ses débuts : modèle commercial et un modèle étatique.


IV - Questionnaire pour Mélanie Ferrant

V - Néo Chengyu pour illustrer l'entretien avec Matthieu Kolatte : « Pas de nation sans cinéma. Pas de cinéma sans nation » !

Plusieurs propositions 
1 - « 影國相依 » (Angélique)

= film
= nation
= l'un l’autre; réciproquement; mutuellement
= dépendre de

(Inspiré cheng-yu : chún chǐ xiāng yī  « 唇齒相依 » qui exprime l’interdépendance figurée par les dents et les lèvres qui vivent ensemble :  http://chengyu.game2.tw/archives/50348#.V8bdiZh96hc)


2 - « 國家裡,有電影;電影裡,有國家 » (Elisabeth)
guo jia li you dian ying dian ying li you guo jia

Ici, les mots 國家 « nation » et 電影 « cinéma » sont plutôt vus comme une grande image, un sens général, ou une notion qui va de pair avec l'autre. En plus, je trouve qu'il correspond bien à ce que ces phrases indiquent : « Pas de nation sans cinéma. Pas de cinéma sans nation. Il existe une affinité de nature entre cinéma et nation, qui repose sur un mécanisme commun, qui les constitue l’un et l’autre : la projection.e

« 電影, 國家, 休戚相關 » (Elisabeth)
dian ying, guo jia, xiu qi xiang guan.

C'est un chengyu qui désigne une relation profonde et intime entre les choses désignées.



VI - écoutons la radio : histoire de la radio

http://www.franceculture.fr/oeuvre-histoire-de-la-radio-des-années-trente-de-cécile-méadel.html